Antonine Maillet compose le Journal de la vieille et vénérée supérieure Jeanne en empruntant à celle-ci une attitude optimiste à l'égard de la mort. C'est la mort qui donne aux êtres et aux choses leur beauté fragile. Le va-et-vient des saisons est une image de la richesse réelle, mais éphémère de la vie.
Je n'ai pas peur de la mort, mais je n'irai pas jusqu'à prétendre que je lui dis merde. Et pourtant c'est sur elle que se fonde mon optimisme... son seul spectre donne une valeur tangible et inépuisable à tout ce qui est. Même plus: la mort donne aux choses leur précarité, et je ne connais rien d'aussi beau que le fragile et le précaire. Le rythme des saisons en est la preuve la plus éloquente. Il faut avoir vécu tout un siècle dans un pays aux quatre saisons bien définies pour saisir jusque dans sa chair la beauté de l'éphémère.