Capitalisme naturel
Première version de cet article en 2001. La notion de capitalisme naturel a été développée par Paul Hawken, Amory Lovins et son épouse L. Hunter Lovins dans un livre intitulé Natural Capitalism, publié en 1999. Ce terme désigne un modèle économique qui tente de diminuer notre impact sur l'environnement, de restaurer les écosystèmes et d'augmenter la productivité des ressources naturelles que nous utilisons.
Selon la théorie économique actuelle, héritée d’Adam Smith, l’homo economicus doit tendre vers la plus grande productivité de trois facteurs: le travail, le capital et les matières premières. Mais une brève analyse de l’enseignement dans les départements d’économie et des pratiques dans les entreprises suffit pour constater que les sociétés industrielles ne mettent présentement l’accent que sur les deux premiers facteurs et négligent le troisième. En effet, elles recherchent avidement une plus grande productivité de la main d’oeuvre (produire plus avec une force de travail réduite) et une plus grande productivité du capital (obtenir un plus grand retour sur investissement à moindre risque), mais font très peu d’efforts pour améliorer la productivité des matières premières. Peut-être est-ce dû au fait que les notions de productivité, de travail et de capital sont surtout l’objet d’étude des facultés d’économie, alors que l’utilisation (et non la productivité) des matières premières relève plutôt des facultés de génie? En somme, le modèle économique présentement en vigueur ne semble pas savoir comment répondre aux besoins de la population mondiale croissante avec les ressources disponibles, parce qu’il n’applique même pas les principes de sa propre théorie.
Alors que toutes les sciences ont évolué vers une approche systémique, les économistes demeurent étonnamment attachés à leur vision linéaire, surtout au niveau micro-économique des sciences de la gestion. Leur influence est même étonnante dans notre monde économique occidental qu’on se plaît à nommer «économie du savoir». Si nous voulons relever les défis de taille auxquels nous devons faire face, il est urgent de comprendre les systèmes complexes et d’adopter une approche éco-systémique, i.e. en harmonie avec les cycles naturels dont nous dépendons. En d’autres termes, il est temps de nous concentrer sur la productivité de notre capital naturel tout en cherchant à le faire fructifier.
Présentement, nous exploitons les ressources de la planète comme si elles étaient gratuites, infinies et en perpétuel renouvellement. Mais les taux actuels d’érosion des ressources et de production des déchets épuisent la nature plus vite qu’elle ne peut se régénérer. Que pensez-vous des gens qui dilapident leur capital sans se préoccuper d’assurer leur retraite et sans avoir la moindre intention d’en faire profiter leurs descendants? C’est exactement ce que nous faisons avec notre capital naturel...