L'incroyable programme biologique soviétique

Commission de la Défense nationale et des Forces a
Extrait de: Pierre Lelloche, Guy-Michel Chauveau et Aloyse Warhouver, La prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Assemblée nationale française, Commission de la Défense nationale et des Forces armées, rapport d'information no 2788, 7 décembre 2000
Dès avant la Deuxième Guerre mondiale, la plupart des grands pays industrialisés avaient des programmes de recherche biologique: c'est le cas de la France, du Japon, de l'URSS et du Royaume-Uni. L'ampleur du programme japonais fut révélée en 1945 par la saisie des documents sur ses recherches par l'URSS, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Après la guerre, le Royaume-Uni et les Etats-Unis menèrent des recherches sur des agents anti-personnels et produisirent des quantités importantes d'agents bactériens, viraux et des toxines. Dans les années 1960 cependant, certains pays mirent fin à leur programme, estimant qu'ils n'offraient aucun avantage militaire offensif. Le Royaume-Uni, parmi les premiers, abandonna son effort, suivi par les Etats-Unis en 1969. La France, quant à elle, arrêta son programme en 1972.

Dans ce paysage, l'URSS apparaît comme une exception: après avoir été le premier pays à mettre en place un programme de recherche, relancé par la saisie des plans japonais, elle met en sommeil ses recherches dans les années 1950 et 1960, pour se lancer dans les années 1970, alors qu'elle vient de signer la convention internationale d'interdiction des armes biologiques, dans un programme de recherche et de production pharaonique. À son apogée à la fin des années 1980, celui-ci permettait à l'URSS de développer une nouvelle arme biologique par an. Si, par son ampleur et cette forme de fuite en avant qui le caractérisait, le programme soviétique n'est pas représentatif de ce que peut être, aujourd'hui, la prolifération biologique, la mission estime néanmoins nécessaire de s'y arrêter. D'abord parce qu'il s'agit d'un sujet peu connu, hormis dans les pays anglo-saxons: de ce point de vue, témoignage sur un passé parfois très récent, l'ouvrage de Ken Alibek (1) Biohazard est également un outil pédagogique. L'auteur veut en effet combler ce qu'il juge être une méconnaissance préoccupante des risques biologiques dans les sociétés occidentales et attirer l'attention sur leur préparation insuffisante contre ces dangers. Dans cette perspective, «le premier pas» que nos sociétés doivent faire pour se «protéger est de comprendre la nature et le fonctionnement des armes biologiques». Ensuite, parce qu'il paraît à vos rapporteurs nécessaire de rappeler que, si le danger représenté autrefois par les armes biologiques soviétiques a très fortement diminué, la menace d'une attaque biologique est plus forte que par le passé.

Les grandes étapes du programme biologique militaire soviétique

Lors de la guerre civile du début des années 1920, l'armée rouge fut profondément impressionnée par les ravages causés par l'épidémie de typhus de 1918 à 1921. En 1928, le conseil révolutionnaire militaire prend un décret secret ordonnant la transformation du typhus en arme de champ de bataille. Le programme est alors placé sous l'égide du Guépéou, l'ancêtre du KGB. Cette mainmise de la police secrète sur le programme biologique militaire durera jusqu'au début des années 1950. La première installation utilisée pour la recherche biologique militaire fut l'académie militaire de Leningrad. Rapidement, les chercheurs se tournent vers d'autres maladies : sur l'île de Solovetsky, dans l'Arctique, utilisée comme prison pour les détenus politiques, des scientifiques travaillent dès le milieu des années 1930 sur le typhus ou la mononucléose infectieuse, c'est-à-dire sur des agents susceptibles d'entraver les capacités de troupes ennemies. Il est très probable que les prisonniers furent utilisés comme cobayes (après les années 1930 cependant, le docteur Alibek déclare n'avoir lu aucun rapport tendant à prouver que des expérimentations humaines aient eu lieu). L'invasion nazie de 1941 conduisit le haut commandement à transférer ces installations à Kirov, à l'Ouest de l'Oural.

La saisie des plans des installations de recherche biologiques japonaises, en septembre 1945, en Mandchourie, marque un tournant dans le programme soviétique. Dès 1946, un nouveau complexe biologique militaire est établi à Sverdlovsk, d'après les plans japonais. A la fin des années 1950, des sites de recherche, tournés vers tous les aspects de la guerre biologique (militaires, agricoles...) parsemaient l'ensemble du territoire de l'URSS.

Avec la prééminence des thèses de Lyssenko, qui niait l'importance de la génétique, science «bourgeoise», au profit de théories environnementalistes, la recherche biologique connaît, jusqu'au début des années 1970, une longue période de stagnation.

Il faut attendre 1972 pour que Youri Ovchinnikov, vice-président de l'académie des sciences morales de l'URSS, convainque le ministère de la Défense, puis Léonid Brejnev, de relancer le programme. Un décret secret de 1973 prévoit la modernisation des armes existantes et le développement d'agents pathogènes génétiquement modifiés, résistants aux vaccins et aux antibiotiques et destinés à l'utilisation militaire. Baptisé «Enzyme», ce programme est axé sur la tularémie, la peste, l'anthrax et la morve, autant de maladies déjà visées par le précédent programme, mais pour lesquels des antibiotiques avaient été élaborés. D'autres voies sont explorées, telles que la variole, les fièvres hémorragiques de type Marburg, Ebola ou Machupo (2). C'est donc paradoxalement à partir de 1972, année de signature de la convention sur les armes biologiques par Moscou (3), que «l'Union soviétique a bâti le plus important et le plus avancé programme biologique militaire du monde».

C'est par ce même décret qu'est créée l'agence Biopreparat, qui est officiellement une institution civile autonome et sera rattachée en 1980 au ministère des industries médicales et microbiologiques. Le quartier général de Biopreparat était situé à Moscou, rue Samokatnaya, dans un bâtiment qui abritait officiellement le directoire principal du conseil des ministres soviétique (Main Directorate of the Council of Soviet Ministers). Biopreparat avait deux fonctions : le développement de nouvelles armes ainsi que la supervision du processus complexe qui va de la recherche à la production industrielle. Une fois le développement achevé (ce qui suppose déjà de multiples étapes), l'arme était testée sous l'autorité de la direction du ministère de la Défense compétente (15ème «directorat»).

Les essais des armes biologiques soviétiques
Les nouvelles armes biologiques étaient testées à 3 700 km au sud de Moscou, en mer d'Aral, sur une île appelée l'île de la Renaissance (Rebirth Island). Le complexe d'essai était une installation dirigée par le 15ème directorat de l'armée. Quatre ou cinq mois durant, les équipes de Biopreparat y testaient les armes de l'année. Les scientifiques qui menaient ces expériences avaient interdiction de dire, même à leurs familles, où et pourquoi ils partaient. Il y eut quelques «fuites»: en 1972, deux pêcheurs moururent de la peste suite à un brusque mouvement du vent. Dans les années 1970 et 1980, un nombre anormalement élevé de cas de peste fut observé chez les rongeurs qui vivaient dans les zones inhabitées au nord de la zone d'essai. Après la chute de l'URSS en 1991, des médecins firent état de cas de peste dans plusieurs zones d'Asie centrale. Il est impossible de prouver que ces cas étaient liées aux activités de Biopreparat, mais, d'après le docteur Alibek, cela semble plus que probable. Les essais à l'air libre sur l'île de la Renaissance cessèrent en 1992. Il n'en reste aucune trace.

Les accidents survenus aux chercheurs qui travaillaient sur les armes biologiques furent par ailleurs utilisés à des fins scientifiques. Ken Alibek décrit ainsi en détail le calvaire du Colonel Ustinov, chef d'équipe à Vector - site de fabrication des armes utilisant le virus de Marburg sur lequel les scientifiques soviétiques travaillaient depuis 1977 - qui s'injecta par erreur ce virus en 1989. Loin de chercher à mettre fin aux souffrances terribles d'Ustinov, sa hiérarchie profita de cet accident pour poursuivre avec attention l'évolution de la maladie. Après sa mort, des prélèvements réalisés sur son cadavre permirent d'isoler une souche du virus qu'il avait développé sous une forme particulièrement violente. Baptisée «variante U» en référence à ce chercheur, elle fut approuvée pour utilisation par l'autorité militaire au début de 1990.

Puis l'état-major décidait, en cas de succès, des cibles visées et du nombre d'armes nécessaires. En fonction de cela, les installations de production adaptées étaient mises en place sous la direction de Biopreparat.

Il faut souligner que le programme Enzyme n'était qu'une partie du programme de guerre biologique, dont les composantes institutionnelles étaient nombreuses, Biopreparat n'en représentant qu'une partie. Le principal acteur en est effet le 15ème «directorat», branche du ministère de la Défense qui supervise le programme biologique militaire depuis la deuxième guerre mondiale. Ont aussi des installations le ministère de l'agriculture, le ministère de la santé, le KGB (qui développe notamment des armes miniatures destinées aux assassinats) et l'académie des sciences.

L'ensemble forme un tout dont très peu d'acteurs du système ont une vision globale, le fonctionnement de ce complexe biologique étant totalement compartimenté. Ken Alibek lui-même n'a que des rapports très rares avec le 15ème «directorat» ou avec un agent du KGB impliqué dans cette matière.

Jusqu'en 1979, les activités de Biopreparat sont restreintes. Il faut voir dans ce démarrage très lent de l'agence la marque des rivalités institutionnelles au sein de l'appareil soviétique : les militaires, qui fournissent d'ailleurs la plus grande partie du personnel de Biopreparat, voient dans cette agence une simple extension de leur propre programme, alors que l'objectif est de créer une couverture civile, qui intervient ostensiblement dans le domaine pharmaceutique civil en participant à des conférences internationales et en recevant des souches de banques de microbes du monde entier. Dans ce contexte conflictuel, aucun des objectifs qui sont assignés à Biopreparat par le plan quinquennal de 1975 n'est atteint quand arrive à sa tête, en 1979, le Général Kalinine, qui va lui donner l'impulsion décisive.

Biopreparat connaît alors son apogée, à l'instar d'ailleurs du programme biologique soviétique. Près de 300 projets sont énumérés, de manière plus ou moins développée, dans le plan quinquennal de 1985 élaboré par la commission militaro-industriel (VPK) et approuvé par M. Gorbatchev. Au milieu des années 80, chaque laboratoire de Biopreparat, chaque institut de recherche, chaque site de reproduction fonctionne à plein régime : de nouveaux agents, de nouvelles souches de virus et de bactéries et de nouvelles méthodes de dispersion sont testés chaque mois. Même le SIDA fut étudié, mais abandonné en raison de sa trop longue durée d'incubation... Chacune des composantes du programme soviétique se développe, conduisant à la création de villes clandestines et de centres de recherche sur tout le territoire de l'URSS. Aux installations militaires de Sverdlovsk, Kirov et Zagorsk, il faut ajouter par exemple:
    - à Leningrad, l'institut de Biopréparation Ultra-Pure, créé pour développer de nouvelles techniques de cultures d'agents pathogènes;
    - à Omutninsk, près de Kirov, une entreprise de recherche bactériologique et de production d'armements;
    - à Obolensk, au sud de Moscou, une ville entière destinée à l'ingénierie génétique ;
    - un institut d'immunologie à Chekhov, chargé de faire des recherches sur des souches de maladies résistantes aux antibiotiques;
    - enfin, pour travailler sur les virus, le complexe de recherche et d'essais de Vector en Sibérie, près de Novosibirsk.
Au plus haut de son activité, à la fin des années 80, le programme de guerre biologique soviétique occupait plus de 70 000 personnes, dont 40 000 employés dépendant de Biopreparat, 15 000 au ministère de la Défense et 10 000 au ministère de l'Agriculture. Le KGB lui-même avait sa propre division biologique. Comme sous le nom de code «Flayta» (flûte), celle-ci était destinée aux «opérations spéciales» et autres assassinats. À aucun moment, des barrières financières ne furent opposées à ce programme qui, en 1990, représentaient un milliard de dollars par an.

Selon Ken Alibek, il s'agit du programme le plus secret de l'histoire de l'URSS, plus encore que le programme nucléaire: «Les Américains avaient revêtu du même voile de secret le projet Manhattan: pour nous, Biopreparat était notre projet Manhattan».

La mise au jour du programme soviétique

La première faille dans l'édifice clandestin que représentait le programme de guerre biologique soviétique eut lieu en 1979, lors de l'accident à l'usine de Sverdlovsk, qui était au coeur du programme de développement d'armes à anthrax.

Suite à une erreur humaine, des spores d'anthrax se répandirent dans l'atmosphère et contaminèrent plusieurs douzaines de personnes, notamment des hommes qui travaillaient dans l'entreprise. L'importance de l'épidémie, jointe au fait qu'elle touchait une population masculine, attira l'attention des Occidentaux, qui ne parvinrent cependant pas à obtenir une preuve claire de cet incident.

Sverdlovsk 1979

Le dernier vendredi de mars 1979, le lieutenant-colonel Nicolaï Chernysov, chef d'équipe du bloc 19 du complexe militaire secret de Sverdlovsk, est pressé de rentrer chez lui pour le week-end. Comme le filtre d'évacuation d'air vers l'extérieur est bouché, il l'enlève, mais ne le remplace pas. Il laisse simplement une note manuscrite pour l'équipe suivante, qui ne la lira pas. Plusieurs heures s'écouleront avant que la brigade de nuit se rende compte qu'une fine poussière contenant des spores d'anthrax se répand librement à l'extérieur des bâtiments. Le bloc 19, dirigé par le 15ème directorat du ministère de la Défense, est à l'époque le principal centre de fabrication du virus de l'anthrax, le «charbon pulmonaire». Il y aura plus d'une centaine de morts dans la capitale de l'Oural. Essentiellement des ouvriers de l'usine céramique toute proche. Les autorités prétendront que les victimes avaient mangé de la viande avariée achetée au marché libre de la ville. Les responsables du P.C. local, dont un certain Boris Eltsine est le secrétaire général, ordonneront l'arrestation de quelques bouchers «non officiels», puis feront piquer une centaine de chiens errants!

Dans un rapport établi en 1980, le microbiologiste américain Raymond Zilinskas écrivait «Aucune nation ne serait assez stupide pour installer une usine de guerre biologique à proximité d'un centre de population important».

Cependant, au regard de la pression internationale, et afin de ne pas nourrir les soupçons occidentaux, Léonid Brejnev signa un décret secret en 1980 ordonnant le déplacement des installations de Sverdlovsk vers Stepnogorsk, aux confins du nord Kazakhstan. La vérité sur l'accident de Sverdlovsk ne fut admise par le pouvoir russe qu'en 1993, lors d'une interview de Boris Eltsine par un journaliste de la Pravda. Le président russe reconnut que «nos recherches militaires furent la cause de cet accident.»

Mais c'est la défection du colonel Vladimir Pasechnik, directeur de l'Institut de Biopréparation Ultra-Pure de Leningrad, qui porte le premier véritable coup au programme soviétique, puisqu'est mis fin au caractère secret des activités de Biopreparat. Cet institut fut l'un des chaînons clés du programme soviétique dès les années 1970, ayant pour rôle la militarisation des agents biologiques. C'est notamment sous l'autorité du colonel Pasechnik que fut conduit le projet d'adaptation des missiles de croisière aux armes biologiques. Suite à la défection de Pasechnik, il fut décidé que tous les travaux qu'il avait menés dans un but militaire seraient détruits et que l'Institut de Leningrad deviendrait civil. En dépit de ces mesures, cette défection mit à mal la stratégie de l'URSS destinée à contrer la suspicion croissante des Occidentaux à l'égard de son programme. C'est à cette occasion que Ken Alibek apprit par exemple que les Américains avaient demandé à inspecter les laboratoires soviétiques dès 1986. La défection de Pasechnik est en effet intéressante en ce qu'elle souligna, même chez ses propres acteurs, l'extrême compartimentation de l'organisation du programme biologique soviétique: il paraît ainsi avéré aujourd'hui que même le Ministre des Affaires étrangères, à l'époque Edouard Shevardnadze, ignorait tout du programme biologique.

Face aux accusations américaines, une cellule de crise fut chargée de mettre en place une couverture pour les recherches biologiques (création d'installations mobiles imitées ensuite par les Irakiens) et de faire la preuve du caractère civil des installations existant dans ce secteur. Elle fut dotée pour cela de 400 000 dollars. Il faut souligner en outre qu'un manuel avait été élaboré dès 1988 pour les employés de Biopreparat, destiné à leur permettre de donner des réponses toutes faites à d'éventuels inspecteurs.

À la fin de l'année 1989, face à la pression diplomatique britannique et américaine, un programme de visites réciproques fut décidé, tout ceci dans le plus grand secret. Les gouvernements américain et britannique voulaient en effet éviter une querelle publique qui puisse mettre en danger d'autres négociations de contrôle des armements ou même Gorbatchev lui-même. En mai 1990, Gorbatchev mit fin au programme Enzyme par un décret-secret. En octobre 1990, un accord trilatéral fut conclu entre l'Union soviétique, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour organiser une série de visites réciproques dans les installations suspectes. À cette époque, Biopreparat contrôlait environ 40 installations dans 15 villes différentes sur l'ensemble du territoire de l'Union soviétique. Une douzaine de ces installations était destinée à des recherches offensives et beaucoup d'autres mêlaient activités civiles et militaires. Il fut décidé que quatre sites seraient ouverts à l'inspection: Obolensk, Vector, l'Institut de Leningrad, ainsi qu'un Institut de recherche proche de Moscou. Les inspections qui eurent lieu au mois de janvier 1991 montrèrent que les Occidentaux en savaient beaucoup sur les installations suspectes, vraisemblablement grâce à des photos de reconnaissance par satellite. L'inspection russe aux Etats-Unis eut lieu en décembre 1991 et avait reçu pour ordre de revenir avec les preuves d'un programme biologique militaire américain. Ken Alibek en revint avec la conviction que les Américains avaient cessé toute fabrication d'arme biologique (4) et se démit alors petit à petit de toutes ses fonctions scientifiques et militaires jusqu'à sa défection finale.

La tentative de Gorbatchev de mettre fin à une partie du programme soviétique - les installations militaires n'étaient pas concernées par son décret - se solda par un échec. Le 11 avril 1992, Boris Eltsine signa une nouvelle fois un décret interdisant toute recherche biologique militaire offensive et coupa dans les crédits les programmes défensifs à hauteur de 50 %. Le 15ème directoire du ministère de la Défense fut dissout et remplacé par un département militaire pour la défense contre les armes nucléaires, biologiques et chimiques. Rien n'était dit concernant l'avenir de Biopreparat. En septembre 1992, la Russie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne aboutirent à un accord selon lequel la Russie mettait fin à son programme d'armes biologiques. Les trois parties acceptaient de travailler ensemble à la conversion des anciennes installations dans des centres de recherche scientifique pacifique, de favoriser les échanges scientifiques et d'établir des visites réciproques.

Notes
(1) Après 17 années passées au service de Biopreparat, agence soviétique officiellement spécialisée dans la recherche pharmaceutique, Ken Alibek, de son vrai nom Kanatyan Alibekov, a fui vers les Etats-Unis en 1992. «Débriefé» tous les jours pendant une année - ponctuellement par la suite - par les experts américains, il a contribué à révéler l'ampleur du programme biologique militaire soviétique, Biopreparat étant en réalité chargée de «développer et de produire des armes à partir des virus, les toxines et les bactéries les plus dangereux connus de l'homme».
(2) Les nombreuses variétés d'armes non conventionnelles étaient appelées par des noms de code : la lettre F était utilisée pour les agents biologiques et chimiques provoquant des troubles du comportement, la lettre L concernait les armes bactériologiques : la peste était L 1, la tularémie L 2, la brucellose, L 3 et l'anthrax L 4. Les armes à base de virus étaient regroupées sous la lettre N : la variole était identifiée sous le code N 1, Ebola N 2, Marburg N 3, etc.
(3) On ajoutera que l'URSS, puis la Russie, est dépositaire du traité.
(4) Les Etats-Unis ont annoncé la fin de leur programme biologique en 1969. Il avait été initié en 1943, à l'Institut de recherche médicale des maladies infectieuses, à Fort Detrick, dans le Maryland.

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Extrait de: Pierre Lelloche, Guy-Michel Chauveau et Aloyse Warhouver, La prolifération des armes de




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