Quelques pensées de Rivarol

Antoine de Rivarol
On peut dire que toute passion est une vraie conjuration, dont le sentiment est à la fois le chef, le dénonciateur et l’objet.

Les vices sont souvent des habitudes plutôt que des passions.

Celui qui n’a qu’un désir ou qu’une opinion, est un homme à caractère.

Les passions sont les orateurs des grandes assemblées.

L’orgueil est toujours plus près du suicide que du repentir.

L’avare est le pauvre par excellence, c’est l’homme le plus sûr de n’être pas aimé pour lui-même.

On ne pleure jamais tant que dans l’âge des espérances; mais quand on n’a plus d’espoir, on voit tout d’un œil sec, et le calme naît de l’impuissance…

L’amour qui vit dans les orages et croît souvent au sein des perfidies, ne résiste pas toujours au calme de la fidélité.

En général l’indulgence pour ceux que l’on connaît, est bien plus rare que la pitié pour ceux qu’on ne connaît pas.

Dans les grandes villes, l’innocence est le dernier repas du vice.

On sait par quelle fatalité les grands talents sont, pour l’ordinaire, plus rivaux qu’amis; ils croissent et brillent séparés, de peur de se faire ombrage : les moutons s’attroupent, et les lions s’isolent.

Pourquoi l’amour est-il toujours si mécontent de lui, et pourquoi l’amour-propre en est-il toujours si content? C’est que tout est recette pour l’un, et que tout est dépense pour l’autre.

L’or, semblable au soleil qui fond la cire et durcit la boue, développe les grandes âmes, et rétrécit les mauvaises.

Les pavots de la vieillesse s’interposent entre la vie et la mort, pour nous faire oublier l’une et nous assoupir sur l’autre.

L’homme passe sa vie à raisonner sur le passé, à se plaindre du présent, à trembler pour l’avenir.

Quelques jouissances, quelques idées, voilà ce qui fait le grand homme ou l’heureux; et c’est dans une page d’écriture, ou dans les bornes d’un jour qu’on peut resserrer la gloire et le bonheur de la plus longue vie.

Le mépris doit être le plus mystérieux de nos sentiments.

Si la tristesse est si près de la fortune, pourquoi l’envie est-elle si loin de la pitié?

Il n’est rien de si absent que la présence d’esprit.

Autres articles associés à ce dossier

Rivarol selon Barbey d'Aurevilly

Jules Barbey d'Aurevilly


Rivarol

Charles-Augustin Sainte-Beuve


Rivarol

Remy de Gourmont


Vers au chevalier de Rivarol

Voltaire

Court poème écrit en 1777, soit un an avant la mort de son auteur.

La vie paresseuse de Rivarol

Marc de Préaudeau

Compte rendu critique de l'ouvrage de Louis Latzarus, La vie paresseuse de Rivarol, paru en 1926.

La mort de Rivarol

Les derniers moments de Rivarol, évoqués par un de ses compagnons d'infortune sur les routes de l'exil.

À lire également du même auteur

Robespierre
Robespierre, le grand homme le plus petit, & le plus fougueux du Sénat françois. La fragilité de son individu n’a fait qu’irriter son éloquence & qu’augmenter sa gloire. Ses ennemis ont eu beau dire qu’il ne s’emportoit que pour avoir l’air de parler;

Le comte de Mirabeau
Mirabeau (le comte de). Ce grand homme a senti de bonne heure que la moindre vertu pouvoit l’arrêter sur le chemin de la gloire, & jusqu’à ce jour, il ne s’en est permis aucune. Il n’a regardé l’honneur & la probité, que comme deux tyrans qui pouvoient mettr

La critique littéraire
L’esprit de critique est un esprit d’ordre; il connaît des délits contre le goût et les porte au tribunal du ridicule, car le rire est souvent l’expression de la colère, et ceux qui le blâment ne songent pas assez que l’homme de goût a reçu vingt blessure

Condorcet
Condorcet, philosophe qui de tout tems s’est voué à l’intrigue pour le profit de la philosophie; après avoir mis son nom à toutes les académies de France, le malheur a voulu que l’assemblée nationale lui échappât; mais il a retourné ses talens de tant de




L'Agora - Textes récents