L'hypothèse de la surproduction des élites ou le paradoxe de Tocqueville
C'est l'historien Peter Turchin qui a popularisé le concept de la surproduction des élites. Le concept, qui n'est pas exempt de détracteurs, est assez simple : d'un point de vue historique, les sociétés atteignent éventuellement à un stade où elles produisent plus d'experts ou de diplômés que d'emplois ou de positions qu'elle peut offrir. Plusieurs observateurs croient que l'Occident a atteint un tel stade et que le ressentiment d'une jeunesse sans emploi pourrait expliquer le wokisme ou la droitisation du discours politique. Certains voient également à l'oeuvre ce qu'on appelle l'effet Tocqueville ou le paradoxe de l'insatisfaction croissante qui sous-tend que les attentes des nouvelles générations s'ajoutent aux acquis des générations précédentes. De sorte que la nouvelle génération ne peut se contenter de ce qui était accessible à la génération précédente. Dès lors que cessent de croître les salaires ou les opportunités professionnelles, la frustration gagne les jeunes qui ont été élevés avec des attentes démesurées par rapport à la réalité du marché du travail.
Mais les choses changent aussi avec les générations qui suivent. C'est du moins ce que croit l'économiste Noah Smith: "La génération du millénaire, trop optimiste et en colère, pourrait bientôt être supplantée par la génération Z, dont les attentes modestes font écho à celles de leurs parents de la génération X à la fin des années 70 et au début des années 80." Il y a là cependant un problème réel auquel les gouvernements et les universités devront s'attaquer pour ramener les attentes à des niveaux moins stratosphériques, estime l'auteur de la populaire chronique Noahpinion sur Substack.