Jour de la Terre, le pape François, Pâques, les abeilles

Jacques Dufresne

Je ne connais rien d’aussi joyeux, texte et musique confondus, que l’hymne marquant la cérémonie du cierge éternel pendant la Veillée pascale. Ce qui a retenu mon attention cette année, c’est le rôle des abeilles dans cette symbolique si inspirante. On les évoque dans le texte. C’est le fruit de leur travail qui nourrit la lumière. Donnant déjà le sucre et la lumière naturelle aux autres vivants, elles leur donnent désormais aussi la lumière surnaturelle. Leur cire est le bûcher de l’Agneau Mystique.

Difficile de mieux célébrer les liens unissant dans la nature les éléments (carbone, oxygène…) puis  la vie végétale, animale et humaine. L’homme ici, comme l’ours, court le risque d’une piqûre pour mériter le fruit des abeilles. Il n’est pas le prédateur protégé. L’univers lui fait une juste place  sans faire graviter tout autour de lui. L’univers n’est pas anthropocentrique,

Cette interdépendance des composantes de l’univers, du naturel au surnaturel, est la grande caractéristique de ce que, dans son encyclique Laudato si, publiée il y a dix ans déjà, le pape François appelle la Maison commune.

À l’Agora, nous avons attaché la plus grande importance à cette encyclique. Nous avons tenu un colloque sur le sujet, animé principalement par notre amie la regrettée Andrée Mathieu, laquelle avait obtenu du physicien Fritjof Capra l’autorisation de traduire en français son article sur l’approche systémique dans Laudato si.

Exsultet

Exultez dans le ciel, multitude des anges !
Exultez, célébrez les mystères divins !
Résonne, trompette du salut,
pour la victoire d’un si grand Roi !

 

Que la terre, elle aussi, soit heureuse,
irradiée de tant de feux :
illuminée de la splendeur du Roi éternel,
qu’elle voie s’en aller l’obscurité Exsultet 
qui recouvrait le monde entier !

 

***

Dans la grâce de cette nuit,
accueille, Père saint, en sacrifice du soir
(la flamme montant de) cette colonne de cire (œuvre des abeilles)
que la sainte Église t’offre par nos mains.


Mort du pape François

Le monde entier s'est réveillé ce matin, 21 avril 2025, en apprenant la triste nouvelle du décès du pape François. Les hommages et analyses de son pontificat n'ont pas tardé à paraître. Voici quelques extraits d'articles qui ont retenu notre attention :

The Bulwark : un pape qui prêchait la décence en des temps d'indécence

Joe Perticone, l'auteur de ce texte publié dans The Bulwark, une publication conservatrice, anti-trump, était à Rome au moment où la nouvelle de la mort du pape a commencé à circuler.

[Extraits]
François a violemment critiqué les conservateurs qui, au sein de l'Église et au-delà, cherchaient à ignorer ou à rejeter les pauvres, les criminels et les migrants. Même lors de l'une de ses dernières apparitions publiques, au cours de laquelle il a dirigé les stations de la croix le vendredi saint, François a clairement exprimé son mépris pour les dirigeants et les cultures qui refusent de tendre une main secourable aux plus vulnérables de la société.

« Les bâtisseurs de Babel d'aujourd'hui nous disent qu'il n'y a pas de place pour les perdants, et que ceux qui tombent en chemin sont des perdants », a-t-il déclaré. "Leur chantier est celui de l'enfer.

C'était un homme décent en des temps indécents. Sa voix, en ce moment délicat, sera difficile à remplacer.
The Bulwark: Requiescat in Pace, un texte de Joe Perticone

L'Express : François et Trump

[Extraits]
« John Carr, fondateur du programme Pensée sociale catholique et vie publique à l’université Georgetown, une institution jésuite, commente auprès de l’AFP : "Il est impossible d’imaginer deux dirigeants mondiaux plus différents l’un de l’autre que Trump et François, dans tous les domaines - l’égocentrisme contre l’humilité, l’intérêt pour les pauvres contre l’intérêt pour le pouvoir […] Et cela se voit dans la réponse tiède de la Maison-Blanche à sa mort."»
François, qui avait reçu Donald Trump au Vatican lors de son premier mandat en 2017 pour une entrevue d’une demi-heure, l’avait déjà critiqué pour ses positions anti-migrants. »
«[...] le ton adopté par le pape envers Donald Trump était sensiblement différent de celui qu’il avait à l’égard de l’ancien président Barack Obama. "La relation entre Obama et François symbolisait ce que de nombreux progressistes considéraient comme l’avènement d’une ère progressiste sur la scène mondiale", souligne le New York TimesL'Express

The Atlantic : l'héritage du pape François

[Extraits]
Au début de son pontificat, François a fait une déclaration qui semble aujourd'hui prophétique : « Je veux semer le désordre ».

François n'est pas venu apporter la paix, mais une épée. Au nom de qui a-t-elle été brandie ?

[...] Ceux qui attendaient de François un pape « libéral » ont été déçus. L'un après l'autre, leurs espoirs - l'ordination de femmes à la prêtrise ou même au diaconat, l'approbation de la contraception, la fin de l'enseignement selon lequel les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont des « actes de grave dépravation » - ont été anéantis. De leur côté, les conservateurs n'étaient pas davantage rassurés. Même à la fin de son pontificat, leurs pires craintes n'ont pas été apaisées.

[...] François a toujours été une énigme, déconcertant pour les observateurs catholiques et laïques. Cela était vrai même au niveau de sa personnalité. Les deux papes, un mauvais film sur une rencontre hypothétique entre François et son prédécesseur, le pape Benoît XVI, repose sur le contraste entre l'intellectuel allemand austère dont la principale détente était de jouer du Schumann au piano et l'homme du peuple hispanique à l'esprit libre qui s'extasiait devant les Beatles.
C'était un pur non-sens. En littérature, en musique et en art, les goûts de François étaient tout sauf populistes ; son imagination était plus profondément imprégnée de l'esprit du romantisme allemand que celle de Benoît. Il appréciait la difficulté et l'idiosyncrasie pour elles-mêmes, et admirait des artistes et des philosophes réputés inaccessibles. L'un de ses chefs d'orchestre préférés était Wilhelm Furtwängler [...] Son poète préféré était réputé être Hölderlin, ce mystique impénétrable pour qui les dieux païens étaient des personnages réels plutôt que des symboles. Dans ses réflexions sur la technologie, la principale influence de François semble avoir été Heidegger.
The Atlantic: The Real Legacy of Pope Francis, par Matthew Walter


Le Devoir : qui succèdera au "pape du nouveau monde"

[Extraits]
Le pape François a nommé 83 cardinaux qui voteront pour élire son successeur, sur un total de 132. Il a de ce fait donné sa bénédiction à près des deux tiers de ces électeurs, la proportion nécessaire pour élire un nouveau pape. La révolution progressiste de ce pape hors norme se poursuivra donc peut-être après sa mort.

C’est du moins ce qu’anticipe Catherine E. Clifford, professeure de théologie à l’Université Saint-Paul. « Il serait difficile, pour un successeur, de reprendre les habitudes d’une autre ère », explique-t-elle au Devoir. Une majorité des cardinaux ayant le droit de vote partagerait d’ailleurs les valeur du pape sortant, selon elle. « François avait compris [...] qu’il faut un visage beaucoup plus humble pour l’Église toute entière. Le leadership de l’Église, dans l’avenir, devrait être beaucoup plus proche du peuple et des gens “simples”. »

L’identité du prochaine pape sera connus à l’issue du conclave, qui débutera dans les deux ou trois prochaines semaine. « C’est très important d’avoir un pape qui vient du sud de l’équateur, parce que c’est là que réside la majorité des catholiques aujourd’hui », observe Mme Clifford.
Le Devoir, par Jean-Louis Bordeleau et Alex Fontaine

L'actualité vue par Jacques Dufresne

«This is ours» : un Texan à propos de l’eau du Canada

C’était il y a 30 ans, 40 peut-être. Dans un vol Montréal-Vancouver, j’étais assis à côté d’un Texan. Voyant les lacs et les rivières défiler sous nos yeux, il décréta le plus spontanément du monde : «this is ours.» Il était question à ce moment d’un grand canal qui transporterait l’eau du Canada dans le sud des États-Unis.

C’est aujourd’hui seulement que, grâce aux projets annexionnistes de Trump, je mesure la portée de cette confidence impérialiste. Non seulement Trump me paraît-il sérieux dans ses projets, mais encore je me demande pourquoi les Américains ne les ont pas réalisés plus tôt. Jamais peut-être un pays prédateur n’aura eu à sa merci une proie si proche, si vulnérable et si riche.

Je me pose cette question au moment où j’apprends que Trump vient d’accrocher dans le Bureau ovale de la Maison Rouge le portrait du onzième président(1846-1849), James K. Polk, celui qui, grâce à une guerre victorieuse contre le Mexique, a agrandi son pays du Texas, de la Californie et de l’Orégon.

Journée des femmes : Hypatie

Hypatie d'Alexandrie (vers 360-415) est la seule femme philosophe, mathématicienne et astronome de l'Antiquité. Le roman historique de Jean Marcel Hypatie ou la fin des dieux est, à mon avis, le meilleur livre québécois, mais si je le tire des oubliettes en cette Journée de la femme, 8 mars 2025, c'est d'abord parce qu'il nous plonge dans une époque charnière, fin de la Grèce, triomphe du christianisme, qui rappelle celle que nous traversons aujourd'hui, marquée par ce qui semble être la fin du christianisme et l'entrée dans je ne sais quelle civilisation dominée par les technologies numériques. (Voir ci-après l'entretien de Michel Onfray et du père Michel.)

«Comment te convaincre que ce qui meurt autour de moi m'afflige plus encore que ma propre perte ? Nos dieux sont en péril de mort, Synésios, mais à qui en appeler quand il n'y a plus personne ? Nos dieux sont en détresse, et je suis seule avec eux?»

Tarifs etc : économistes, éclairez-moi !

Chaque fois que je clique sur Google ou Facebook, je donne à ces géants des parts de mon attention qu'ils vendront à des agences de publicité souvent de ma région. J'enrichis ainsi des Américains déjà démesurément riches. Dans le calcul de la balance commerciale entre le Canada et les États-Unis, est-ce qu'on tient compte de ces dépenses invisibles mais bien réelles?

Musk : danger d'être plus riche que le roi

Bien des précédents rendent ce danger manifeste, mais quand j'ai vu l'ascension d'Elon Musk dans l'espace américain, c'est d'abord à Nicolas Fouquet que j'ai pensé. Ce richissime français avait fait construire le Château de Vaux-le-Vicomte, le plus somptueux de France. Il avait invité le jeune Louis XIV à l'inauguration. Commentaire de Voltaire : « Le 17 août 1661, à 6 heures du soir, Fouquet était le roi de France ; à 2 heures du matin, il n'était plus rien. »

Zelensky ou l'humiliation-spectacle

Quel est le contraire de la noblesse ? La vulgarité. On l'a vue dans sa plus sombre splendeur le 28 février 2025 quand le président et le vice-président américains se sont acharnés, telle une meute sur son propre terrain et devant les télévisions du monde entier, contre Volodimir Zelensky, le président d'une petite nation, l'Ukraine, en position de faiblesse. «De la bonne télévision», a déclaré Donald Trump.

Voyons par comparaison comment Velasquez a évoqué la mansuétude avec laquelle le général espagnol a reçu les clefs de la ville de Breda après la reddition des Hollandais

Le chrisitianisme a-t-il un avenir?

Michel Onfray dialogue avec un moine de l'Abbaye de Lagrasse

 

Les synthèses de L'Agora

L'Encyclopédie de l'Agora : une vision organique du monde

Sous forme de synthèses, une trentaine, autant de rivières issues du même fleuve, autant de balises pour un retour à la vie dans toutes les sphères d'être et d'activité.

Toutes les formes de vie sont liées entre elles comme les éléments d'un écosystème. De sorte que lorsque la vie est attaquée dans une culture, elle se retire de toutes ses manifestations, des communautés et des écosystèmes aussi bien que des personnes et de leurs créations: maisons, villes, œuvres d'art, à l'instar de la mer qui, à marée descendante, se retire uniformément de toutes les baies. Le retour de la vie ne peut s'opérer que de la même manière, simultanément dans toutes les manifestions de la vie.

Voici un premier groupe de synthèses ayant des affinités particulières entre elles en rapport avec les thèmes de cette lettre : beauté, christianisme, appartenance, éducation, caractère et personne, désengagement. Suite sur le site et dans les prochaines lettres.

À lire ou relire :

Pâques et le renouveau chrétien

Dans le cadre d'un entretien avec Jean de Saint-Cheron, directeur du cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris et écrivain, Le Figaro rapporte que «[...] plus de 10 000 adultes, plus de 7 000 adolescents ont été baptisés dans la nuit de Pâques, les chiffres s’envolent depuis trois ans. [...] Tout cela semble correspondre à une dynamique de fond, qu’il semble difficile de séparer d’une authentique quête de sens. »

«Malgré leur addiction aux réseaux sociaux, les adolescents et vingtenaires d’aujourd’hui sont peut-être moins matérialistes que leurs parents, et davantage ouverts à la transcendance. »

«Chaque conversion est l’histoire d’une rencontre. Un peu comme dans ce récit étonnant de la philosophe Simone Weil : " Dans mes raisonnements sur l’insolubilité du problème de Dieu, je n’avais pas prévu la possibilité de cela, d’un contact réel, de personne à personne, ici-bas, entre un être humain et Dieu. J’avais vaguement entendu parler de choses de ce genre, mais je n’y avais jamais cru. Dans les Fioretti les histoires d’apparition me rebutaient plutôt qu’autre chose, comme les miracles dans l’Évangile. D’ailleurs dans cette soudaine emprise du Christ sur moi, ni les sens ni l’imagination n’ont eu aucune part ; j’ai seulement senti à travers la souffrance la présence d’un amour analogue à celui qu’on lit dans le sourire d’un visage aimé."»

Mario Vargas Llosa, une des dernières incarnations du grand écrivain international

«À 89 ans, Mario Vargas Llosa était l’une des dernières incarnations du grand écrivain international. Prix Nobel de littérature en 2010, troisième auteur latino-américain après Borges et Octavio Paz à entrer dans la prestigieuse collection de la Pléiade, mais de son vivant, légende de plusieurs continents, écrivain prolifique autant que figure politique, cosmopolite de vocation et francophile de coeur, élu à l’Académie française en 2021.» Le Point lui rend hommage dans ce portrait de l'un des derniers géants de la littérature et ressort des archives des extraits des nombreuses entrevues accordées au magazine au fil des années.

Dans Le Devoir, un commentateur évoque la figure d'un géant à deux têtes, un être bicéphale qui « ne cesse de se contredire sur les questions fondamentales et dont l’œuvre est un spectaculaire démenti de ce qu’il affirmait publiquement ». Tout en reconnaissant à Vargas Llosa le droit de se défendre: « L’une des fonctions qui m’avait semblé la plus importante de ma vocation, la littérature, c’est précisément d’être une forme de résistance au pouvoir, une activité depuis laquelle tous les pouvoirs pouvaient être en permanence remis en question, la bonne littérature montrant toujours les insuffisances de la vie, les limites de tout pouvoir à combler les aspirations humaines. »

Le Wall Street Journal souligne sa disparition en s'intéressant en particulier aux contours politiques de cet écrivain, marxiste pendant la révolution cubaine, puis défenseur du libre marché, qui s'est présenté à l'élection présidentielle dans son pays natal, le Pérou, et qui a écrit «des romans saisissants explorant les thèmes du despotisme, de la corruption et du fanatisme en Amérique latine.»

Trump pratique sa propre forme de maoïsme : une révolution culturelle contre l'intelligentsia

Pour les conservateurs radicaux, le programme de Trump n'est qu'une juste riposte à la tentative de main-mise sur le gouvernement par l'élite formée dans les universités au cours des dernières décennies. Musk ne veut rien moins que remplacer tous les fonctionnaires d'état par l'IA. Scott Bessent ironise en disant que les fonctionnaires au chômage pourront trouver du travail dans les nouvelles usines que la guerre tarifaire va ramener au pays. À l'instar de la révolution culturelle chinoise, les partisans du MAGA glorifient le travail physique en tant que purification morale.

«Il ne s'agit pas de créer des emplois. Il s'agit de créer des vibrations : des hommes forts qui font des choses difficiles, partagées à nouveau jusqu'à ce qu'elles deviennent une idéologie. Comme l'a dit un influenceur de MAGA, "les hommes en Amérique n'ont pas besoin de thérapie. Les hommes en Amérique ont besoin de tarifs et de DOGE. Les faux emplois par courriel disparaîtront."» ( Washington Post). Lire également le texte de Franklin Foer dans The Atlantic.

Wendell Berry: 9 règles pour les nouvelles technologies

Le fermier-poète américain Wendell Berry écrivait en 1987 que toute nouvelle technologie doit répondre à 9 règles pour s'intégrer harmonieusement dans nos communautés. Le critique de la technique Ted Gioia croit que ces règles sont plus pertinentes que jamais.

Le plan de Trump pour élever le niveau d'ignorance des Américains

Pour Alain Bentolila, chercheur, écrivain, spécialiste de l'apprentissage de la lecture chez les enfants, il ne fait aucun doute que l'abolition du département de l'Éducation par la nouvelle administration américain fait partie d'un plan conçu pour maintenir la population dans un état d'abêtissement, qui l'empêche de saisir les grands enjeux actuels et de questionner les politiques du gouvernement : « Dans ce pays, après l’élection triomphale de Trump, sonne chaque jour le glas annonçant la mort du verbe et de la pensée et célébrant l’asservissement des esprits ; dans ce pays, on a enterré profondément l’idée même de résistance. »

Crise exarcerbée par l'avènement de ChatGPT et l'impact dévastateur des téléphones sur la capacité d'attention des jeunes, comme en témoigne ce texte d'un professeur d'une institution de la Ivy League.

Les amis du DOGE

Le magazine américain Wired vient de publier un article qui détaille la liste des compagnies qui ont leurs entrées auprès du DOGE, ce groupe opaque dont on ne sait que trop peu de choses, hormis qu'il taille en pièces la machine étatique américaine pour les redistribuer à ces entreprises en vue de créer la nouvelle république technologique américaine.

Rod Dreher: le déisme thérapeutique à la mode ne répond pas aux besoins spirituels

Dans un entretien avec la rédaction de Valeurs actuelles, l'essayiste conservateur Rob Dreher, récemment converti au catholicisme, puis à l'orthodoxie, croit que les pratiques spirituelles en vogue, le «déisme moraliste thérapeutique», «une doctrine qui réduit Dieu à une entité que l’on sollicite uniquement pour régler nos problèmes personnels", ne répondent pas à la soif spirituelle d'un monde qui a rejeté toute forme de transcendance. Celui qui se félicite d'avoir aidé JD Vance «à trouver le Christ» (sans se prononcer cependant sur la diplomatie belliciste du nouveau converti) affirme qu'il faut «renouer avec la sagesse et la foi de nos ancêtres».

Dans Le Figaro

Sondage Harris: Les jeunes français seraient à l'aise avec la ségrégation hommes-femmes islamique

«[...] il faut évoquer la frustration que peut créer le mode de vie d’une société individualiste et matérialiste. auprès de jeunes Français en quête d’idéal, la timidité du christianisme fait souvent pâle figure face à l’esprit conquérant de l'islam.»

Mazan, le procès de la banalité du mâle

Le procès des viols de Mazan, qui a sidéré le monde par l’horreur des faits qui y ont été exposés, a été instrumentalisé pour devenir non plus le procès d’hommes particuliers, mais le procès de la masculinité tout entière.

Trump et l'Allemagne ou psychanalyser Donald

« À parcourir la vie du grand-père de Trump, on se demande comment Donald, issu d’une immigration relativement récente, a pu développer tant de suspicion, tant de haine contre certains immigrants, contre tout immigrant ? Son « roman familial » risque de donner une réponse non seulement à cette question mais à bien d’autres que le monde entier se pose concernant le comportement atypique du Président des États-Unis. »

Un texte de Heinz Weinmann publié en 2017 et conserve toute sa pertinence.

Les universités catholiques françaises célèbrent 150 ans d'histoire

À l'occasion des 150 ans de l'Université Catholique de Lille, le journal La Croix revient sur l’histoire et la spécificité des universités catholiques, au nombre de cinq, qui sont des établissements d’enseignement supérieurs privés reconnus par l’État français, tout laïque qu’il soit. Il n'existe pas d'équivalent au Québec.

En librairie

L'Insurrection des particularités, face au déclin de l'universel de Chantal Delsol

« L'Occident a toujours visé «le commun universel", projet inséparablement intellectuel, politique et moral, doublement enraciné dans la nature : la science vise la vérité des lois naturelles, tandis que l’émancipation satisfait l’aspiration morale des hommes à la liberté, constituant un «universel de promesse". Mais cet universalisme est aujourd’hui remis en cause [...]. La cause profonde de cet abandon est le triomphe de la volonté sur la nature : l’individu postmoderne, qui ne légitime que les produits de sa volonté, ne peut produire que du particulier. L’universel est dévoilement d’une vérité qui me précède, tandis que le particulier ne renvoie qu’à celui qui le construit.Dès l’instant où nous ne voulons rien trouver, mais tout créer, nous sommes voués à demeurer dans le particulier. [Recension d'Emmanuelle Hénin

La soumission des républicains à l'agenda de Trump rappelle l'effondrement du Reichstag

Le 23 mars 1933, le parlement allemand adoptait à une écrasante majorité la « loi allemande des pleins pouvoirs », un amendement majeur à la constitution de la République de Weimar qui donnait à Hitler le pouvoir sans devoir passer par le parlement. Pour Jeffrey Herf, professeur d'histoire moderne et contributeur à la revue American Purpose, dirigée par Francis Fukumaya, la comparaison n'a rien d'alarmiste. Les méthodes employées par Trump, la vassalisation des républicains au pouvoir à Washington, le DOGE et la célébration de la technologie moderne combinée au rejet du libéralisme, tracent des parallèles trop nombreux pour être écartés. S'il faut éviter «d'assimiler le passé et le présent [..] les différences entre les États-Unis de 2025 et l'Allemagne de 1933 [étant] profondes, l'analyse historique comparative exige cependant la capacité d'imaginer que les menaces qui pèsent sur la démocratie ne se présentent pas sous la forme de répliques exactes de leurs prédécesseurs. Elle nous invite à réfléchir aux formes que prendrait une forme d'autoritarisme typiquement américaine.» (en anglais)

Ottawa veut retirer le statut d'organisme de bienfaisance aux organisations religieuses du Canada

Dans le Figaro

«Dans son discours de Munich, JD Vance a bien vu la paille qui est dans nos yeux d’Européens, mais il n’a pas évoqué la poutre qui nous tombe dessus depuis l’Amérique, où la liberté d’expression est bien plus menacée qu’en Europe». Un commentaire de Luc Ferry.

«Inonder la zone»: chez Donald Trump, une hyperactivité antiwoke pour déboussoler l’opposition. Par Pierre-Yves Dugua, correspondant à Washington pour le Figaro

L'effacement de la démocratie

Un texte percutant de Mike Brock, un «insider» de la Silicon Valley, converti en Cassandre: Elon Musk et le DOGE, écrit-il, sont en train «d'effacer la démocratie, une ligne de code à la fois.» Trump ne serait que l'idiot utile à la broligarchie qui a enfin trouvé son cheval de Troie pour envahir la capitale américaine et établir son emprise sur l'état américain. Pour l'élite de la tech californienne, la démocratie est un échec et la population n'est pas assez intelligente pour faire des choix éclairés. Il leur revient de faire ces choix. Après la Silicon Valley, voici le temps de la Silicon Hill.