Pendant que toute l'attention est tournée vers la situation au Moyen-Orient, le comité américain sur l'énergie et les ressources naturelles vient discrètement de rendre public un « projet de loi qui prévoit que le ministère de l'intérieur et le ministère de l'agriculture pourront vendre au moins deux millions d'acres de terres des service forestier et de gestion du territoire dans les 30 jours suivant son adoption. Par la suite, tous les 60 jours, de nouvelles terres doivent être identifiées et vendues jusqu'à ce que des objectifs arbitraires soient atteints. Cela se fera sans appel d'offres, sans transparence et sans consultation du public. Il ne s'agit pas de législation. Il s'agit d'une liquidation.
Les partisans du projet de loi colportent déjà le mythe selon lequel il s'agit de rendre plus de terres disponibles pour le développement résidentiel et résoudre la crise de l'habitation. « Mais le texte de la loi ne contient aucune garantie significative que les terrains seront utilisés pour la construction de logements. Des études confirment que la plupart de ces terrains ne sont même pas adaptés au développement résidentiel. De quoi s'agit-il en réalité ? Il s'agit simplement une question d'argent. »
Un texte de Janessa Goldbeck, directrice de Vet Voice Foundation. On peut voir une carte des terres mises en vente sur le site de la Wilderness Society.
Dans un hommage à Victor-Lévy Beaulieu, récemment disparu, le journaliste Jean-François Nadeau reprenait ce jugement incisif de l’écrivain de Trois-Pistoles : « Le problème au Québec, c’est qu’on a confondu instruction et culture. On a créé en série des gens instruits mais incultes. »
Pour Mathieu Bélisle, essayiste et membre de la rédaction de la revue L’Inconvénient, ce diagnostic demeure tristement pertinent, notamment à la lumière du scandale SAAQclic. Un scandale dont l’ampleur a dépassé nos frontières, comme en témoigne cet article de Bloomberg. « Tous ces gens instruits se sont comportés en idiots. L’idiot, au sens étymologique (du grec ancien « idiốtês », un peu de culture…), est ainsi désigné parce qu’on le juge incapable de participer à la vie de la cité : il ne parvient pas à sortir de lui-même, n’entre en relation avec personne, vit seul sur son île.
Or, c’est exactement ce que le scandale SAAQclic a révélé : tous ces gens n’ont pas eu le moindre égard pour l’argent des contribuables ni pour le mandat confié par le gouvernement, comme si rien de tout cela ne les engageait, qu’ils avaient oublié qu’ils étaient eux-mêmes des citoyens... »
Un texte de Mathieu Bélisle à lire dans La Presse. À lire également, ce commentaire de Marc Chevrier sur la perte du sens civique.
Sam Van Aken, artiste contemporain, combine des techniques artistiques traditionnelles et innovantes pour explorer des thèmes comme l’agriculture, la botanique, la climatologie et la communication. Ses interventions dans les milieux naturels et publics ont même donné lieu à des recherches scientifiques. L’un de ses objectifs est de réintroduire des variétés anciennes de fruits, aujourd’hui absentes des circuits commerciaux, et de les rendre accessibles dans des espaces publics, comme c’est le cas avec le projet Open Orchard près de New York.
Dans une vidéo de cinq minutes disponible sur la chaîne YouTube de TEDx, Van Aken explique comment il a conçu et développé cet arbre aux 40 fruits.
Enfin, dans L’art de la greffe sur un milieu vivant, Jacques Dufresne souligne que les principes de la greffe s’appliquent aussi à l’humain : ils nous éclairent sur la manière de nous réenraciner dans un nouvel environnement.
Il n'y a pas que les États-Unis qui envoient leurs prisonniers à l'étranger. La Croix révèle dans son édition du 18 juin que la Suède s'apprête, pour soulager son système carcéral qui déborde, à délocaliser ses prisonniers vers une prison estonienne. « L’Estonie est l’un des rares pays d’Europe où le nombre de détenus est en baisse. Alors qu’elle dispose d’une capacité de 3 000 places dans ses trois prisons, seules 2 000 sont actuellement occupées. Plutôt que de les démolir, l’Estonie a donc décidé de les louer à la Suède. Le royaume scandinave paiera ainsi 8 500 € par mois et par détenu, soit 3 000 € de moins que le coût de la détention en Suède. »
Si l'initiative fait le bonheur des partis politique qui y voient une source de revenus intéressante, les médias estoniens s'alarment: « Ce n’est pas bon pour l’image de l’Estonie de devenir le Guantanamo des pays nordiques, c’est ce qu’on peut lire actuellement dans la presse, observe Maris Hellrand, une journaliste estonienne.
Les entrepreneurs Marc Andreeseen, Peter Thiels, Elon Musk, Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia, ont tous reconnu avoir été marqués par la figure et la vision du monde de John Galt, le héros d'Atlas Shrugged. Dans ce roman-fleuve d'Ayn Rand, une auteure russe émigrée aux États-Unis, John Galt convainc ses pairs de faire la grève [d'où le titre de la version française] et de se retirer du monde pour fonder une société autonome, à l'abri des regards du monde. Galt estime que la population en général est incapable de reconnaître la contribution essentielle et la supériorité des génies industriels comme lui et ses amis. « Rejetant toute forme de redistribution sociale ou de collectivisme qui évoque à ses yeux le destin funeste de sa patrie d’origine rongée par le cancer bolchévique », Rand oppose « les entrepreneurs et créateurs individuels représentent le Bien, à l’étatisme prédateur, spoliateur et redistributeur, qui constitue à l’inverse l’archétype du Mal, sous les figures du bureaucrate, du politicien ou de l’intellectuel organique stipendié par l’État. » Les magnats de Silicon Valley ont rapidement été séduits par ce « roman qui peut être vu comme une sorte d’Évangile libertarien où l’exaltation du moi créateur et de la volonté individuelle de puissance dessine un monde héroïque où les entrepreneurs ont remplacé les saints et les héros de jadis comme modèles du génie humain. »
« Si cette vision de la société ne peut que paraître caricaturale à un esprit hexagonal, l’extraordinaire succès du livre aux États-Unis [Atlas Shrugged a été tiré à plus de onze millions d’exemplaires], bien au-delà des cercles libertariens, est la démonstration imparable que la romancière a su faire écho à une conception de l’individu, de la société et de l’État profondément ancrée dans la culture américaine.»
Lire l'excellent exposé de Jérôme Perrier sur Les racines intellectuelles lointaines de l’anarcho-capitalisme et du populisme libertarien (Fondation pour l'innovation politique).
Le diagnostic d'un ex-professeur de l'Université York (Toronto) sur ce qui ne fonctionne plus dans les universités canadiennes. Un texte qui date de 2002 mais résonne encore aujourd'hui avec la même intensité :
« En réalité, mon mécontentement avait des racines plus profondes que les conflits sociaux, certes extrêmes, de York. Depuis des années, je me sentais de plus en plus étranger à l'industrie universitaire. Certains aspects routiniers de la vie universitaire, comme l'embauche de nouveaux professeurs, peuvent faire ressortir ce qu'il y a de pire en chacun. Des causes parfaitement légitimes, telles que l'égalité des sexes et des races, peuvent devenir vindicatives et déclencher des chaînes de récriminations apparemment sans fin. La vie étudiante semble, de l'extérieur du moins, de plus en plus difficile et sans joie. Et la recherche, ultime autojustification de l'entreprise universitaire, récompense les arcanes, le trivial et les formes de connaissance hermétiquement fermées à la société dans son ensemble.
Lire des revues universitaires ou assister à des conférences universitaires, c'est tomber dans des mondes qui sont de plus en plus autoréférentiels, avec peu d'échos dans le monde réel. »
Un texte de Reg Whitaker à lire sur le site de la Literary Review of Canada.
« Une des grandes forces de l’entreprise trumpienne est d’avoir su faire cohabiter des hommes et des idées souvent fort différents, pour ne pas dire opposés. Reste que l’art de gouverner ne peut éternellement se jouer des lois de la physique politique et que la réalité finit toujours par s’imposer.
Il suffit en effet de prendre quelques exemples concrets pour comprendre que la vision libertarienne du monde et la vision populiste ne peuvent durablement coexister. Ainsi, la politique protectionniste néomercantiliste (et électoraliste) de Donald Trump est parfaitement incompatible avec le logiciel libertarien, pour lequel l’interventionnisme de l’État est à combattre sous toutes ses formes, et d’abord lorsqu’il remet en cause la liberté des échanges. »
Un texte de Jérôme Perrier dans La Croix. On lira également du même auteur, Le détournement populiste du courant libertarien, sur le site de Fondapol, un « Think Tank libéral, progressiste et européen ».
«Au Canada, en Grande-Bretagne et en France, la proportion de personnes déclarant aux sondeurs qu'elles sont irreligieuses a cessé de croître. Ce ralentissement coïncide avec une pause dans le déclin à long terme de la part chrétienne de la population dans les mêmes endroits. Cela suggère que le ralentissement de la sécularisation est dû au fait que moins de personnes quittent le christianisme - plutôt qu'à la croissance d'autres religions, comme l'islam - ainsi qu'à une augmentation surprenante de la foi chrétienne chez les plus jeunes, en particulier ceux de la génération Z (nés entre 1997 et 2012).
" J'ai essayé l'alcool, j'ai essayé les fêtes, j'ai essayé le sexe... rien de tout cela ne marche ", déclare Eric Curry, de l'université Pace, en racontant ce que disent ses pairs pour tenter de surmonter la dépression, l'ennui et la solitude. »
Des textes à lire dans The Economist, the Vox et La Croix.
Notre collaborateur, Marc Chevrier, professeur de science politique à l'UQÀM, a donné une entrevue au Journal de Montréal sur la question de la rémunération de nos dirigeants dans le secteur public.
«Les salaires toujours plus énormes des hauts dirigeants des sociétés d’État sont un signe que nous avons perdu le sens du service public, déplore un politologue. "Au Québec, on aime se péter les bretelles en disant qu’on est une petite Suède d’Amérique du Nord, une social-démocratie. Bien je m’excuse, mais une social-démocratie ne fabrique pas des millionnaires avec de l’argent public", tonne Marc Chevrier»
Le Journal a rajouté une enquête sur les millionnaires de la Caisse de dépôt, qui ne connaît pas la « finitude » pour ses dirigeants.