Poète anglais (Upham, Winchester, 1683 – Welwyn, Hertfordshire, 1765), Edward Young, fils de pasteur, fit ses études à Oxford. Jeune homme ambitieux , il cherchait en vain à faire carrière. Ayant mené une vie trépidante dans la suite de Philip, duc de Wharton (1698 –1731), homme politique, jacobite et libertin, il se trouvait déçu de la vie politique. Homme d'âge mûr, il entrait dans les ordres (1927) et préférait la solitude de son presbytère à Welwyn pour y donner libre cours à sa puissance créatrice. Durant sa première période, il écrit des élégies comme Poem on the Last Day, (1713), dédié à la reine Anne, et des tragédies comme Love of Fame, the Universal Passion (L'amour de la renommée, universelle passion), en deux parties (1725-1728). De sa deuxième période, nous retenons Conjectures on Original Composition, Réflexions sur la composition originale (1759), mais surtout son oeuvre célèbre, The Complaint, or Night Thoughts on Life, Death and Immortality (La Plainte ou Pensées nocturnes sur la vie, la mort et l'immortalité), traduite en plusieurs langues en Europe et très populaires en France et en Allemagne, connue en français sous le titre les Nuits de Young (1742-1745). Les Nuits ont été écrites suite à la présence de la mort et du deuil dans la vie de l'auteur qui perd la fille de sa femme dans un accident à Lyon (1736). L'Église catholique refuse la sépulture, mais celle-ci lui fut autorisée dans le cimetière de la colonie suisse à laquelle appartiennent son gendre et dl'épouse de celui-ci (1740).
Cet ouvrage, réparti en plusieurs Nuits, est l'oeuvre d'un moraliste satyrique qui a su allier la mélancolie*, issue du romantisme, à des perceptions chrétiennes de l'existence. Isidore Ducasse (Lautréamont) dans Poésies s'exlame: « Ô Nuits de Young! Vous m'avez causé beaucoup de migraines! ». À la prison du Luxembourg, la veille de son exécution, Camille Desmoulins se prépara à la mort en lisant les Nuits de Young (M. Ragon, L'espace de la mort, Paris, Albin Michel, 1981, p. 225, note 3).
Le peintre Pierre-Auguste Vafflard modifie l'événement de la mort de la belle-fille en transformant la morte en propre fille de Young. En effet, dans le livret du Salon de 1804 où sa toile «Young et sa fille» fut exposée, on pouvait lire : «Young tenant sa fille morte sur ses bras s'écrit dans sa douleur amère : O zèle barbare et haï d'un dieu bienfaisant ; ces hommes impitoyables ont refusé de répandre de la poussière sur une poussière ».
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