L'Encyclopédie sur la mort


Vlaminck Maurice de

Maurice de Vlaminck, peintre né à Paris le 4 avril 1876 et décédé le 11 octobre 1958. Aîné des cinq enfants d’une famille flamande, le jeune garçon s’intéresse d’abord à la musique mais commence, dès l’âge de douze ans, à peindre des paysages de bords de Seine. Il quitte sa famille à l'âge de 16 ans et s'installe à Chatou à proximité de Versailles. Exerçant son métier de mécanicien et de coureur cycliste, il fait de la peinture à ses moments perdus. À 18 ans, il rencontre Suzanne Berly, qui deviendra son épouse.

En 1900, se liant d'amitié avec André Derain, il reprend la peinture et fait la découverte de Vincent Van Gogh* chez qui il reconnaît d’emblée l’instinct de la couleur pure et une violence chromatique aux antipodes de toute démarche intellectuelle qui correspond parfaitement à sa propre formation d’autodidacte et à son tempérament de rebelle. Il rencontre aussi Henri Matisse et décide alors de se consacrer d'une manière définitive à la peinture.

En 1904, il rencontre Apollinaire* et expose pour la première fois. La primauté qu'il accorde à la couleur et la vigueur de son pinceau le font naturellement ranger parmi les «Fauves». En1905. Il expose huit tableaux aux côtés de Matisse, Dufy, Rousseau, et Rouault. Vollard l'aide financièrement en achetant quelques-unes de ses toiles. il s'entretient avec Van Dongen, Braque, Picasso, Jacob, Modigliani, Marinetti et admire Cézanne.

Profondément marqué par la première guerre* mondiale à laquelle il participe activement de 1914 à 1918, il se retire en Eure et Loir après sa démobilisation. Il s'engage alors dans une peinture de paysages tourmentés, aux tons sombres.

Il s'installe en 1919 à Valmondois et épouse sa seconde femme, Berthe Combes, tandis que son exposition à la Galerie Druet est un véritable succès. Vlaminck a horreur de l'art pour l'art, il pense que toute avant-garde ne peut s'exprimer que dans le cynisme à l'égard de son époque et il ressent alors l'immense solitude de l'artiste qui s'engage dans la défense de ses valeurs profondes : «je suis heureux tout seul, dans le vent, dans la pluie, dans les éléments, avec ma pipe.» et «Si tu es peintre, ne regarde que dans toi-même.»

En 1925, il s'établit au manoir de «La Tourillière» à Rueil-la-Gadelière en Eure - et- Loir où il demeurera jusqu'à la fin de sa vie. Il publie en 1929 Tournant Dangereux , ouvrage dans lequel il révèle toutes ses révoltes ainsi que sa passion pour l'art nègre et son admiration de la nature. Il expose en 1933 à Paris au Palais des Beaux Arts et à New York en 1937.

À Paris, au 16 de la Rue des Quatre Vents, Vlaminck réunit, en 1939, des amis au restaurant des «Compagnons du Tour de France» où ils brûlent, dans une revendication commune contre les menaces allemandes, un portrait d'Adolf Hitler*. En 1944, cependant, il participe au voyage organisé en Allemagne, par les autorités de la France occupée, ce qui lui vaudra des accusations et une arrestation après la guerre. Aigri et plein d'amertume, il s'isole davantage, mais continue à peindre et publie en 1953 Paysages et personnages, où il manifeste sa révolte.

En 1956, la Galerie Charpentier organise une grande exposition des oeuvres de Vlaminck qui provoque un débat sévère entre des critiques qui le considèrent comme le traître de la peinture moderne, tandis que d'autres le traîtent comme le maître du «vrai» modernisme dans la composition de ses paysages.

Il décède dans son manoir de «La Tourillière» le 11 octobre 1958.

Texte intégral
auquel les données ci-dessus ont été empruntées:
«Le Monde des Arts»
http://www.lemondedesarts.com/DossierVlaminck.htm


Maurice de Vlaminck, «Ceci est mon testament »

J’ai aujourd’hui quatre-vingts ans. Je suis surpris d’avoir pu résister, jusqu’à présent à la barbarie scientifique de l’espèce humaine civilisée et de ne pas être depuis longtemps à six pieds sous la terre. La vie se présente palpable aux doigts. Elle apparaît aux yeux, elle s’offre aux sens. Je donne gratuitement à tous et à toutes, les émotions profondes, dont le souvenir est encore frais et vivace en mon vieux coeur, que m’ont procuré les Ruysdael, les Brueghel, les Courbet, les Cézanne, et Van Gogh… et je fais don, sans regret, sans envie, de ce que je n’aime pas et de ce que je refuse : le lait pasteurisé, les produits pharmaceutiques, les ersatz, les rébus décoratifs de l’Art abstrait. Car, malgré mon grand âge, je continue à goûter la cuisine française et à déguster le poulet aux champignons, le bifteck aux pommes et le perdreau aux choux, sans confondre cuisine et pharmacie, campagne et sanatorium, travail et productivité, vice et amour [...] Je lègue aux jeunes peintres toutes les fleurs des champs, le bord des ruisseaux, les nuages blancs et noirs qui passent au-dessus des plaines, les rivières, les bois et les grands arbres, les coteaux, la route, les petits villages que l’hiver couvre de neige, toutes les prairies avec leur magnifique floraison et aussi les oiseaux et les papillons.

Je n’ai jamais rien demandé, la vie m’a tout donné. J’ai fait ce que j’ai pu, j’ai peint ce que j’ai vu.

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-13