Nous sommes à la Belle Époque vers 1910. Depuis la mort de sa femme, M. Ladmiral, un peintre vit seul avec Mercédès, sa domestique, dans sa maison de campagne.La routine de ses vieux jours est ponctuée par les visites dominicales de Gonzague (Edouard), son fils, un garçon rangé, épris d'ordre et de bienséance, qu'accompagnent invariablement son épouse, Marie-Thérèse et leurs trois enfants.. Mais un beau dimanche, Irène, la fille du vieux peintre, une jeune femme joviale et pleine de vie, vient bousculer ce rituel conformiste.
En s'abandonnant durant 90 minutes à la nostalgie et à l'émotion, Bertrand Tavernier signe, avec beaucoup de justesse, un film très sensible qui lui valut le prix de la mise en scène à Cannes en 1984, tandis que Sabine Azéma emporta le César de la meilleure actrice dans le rôle d'Irène. Adapté d'un roman de Pierre Bost, Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, «Un dimanche à la campagne» est une poignante histoire de famille qui rassemble un père au soir de sa vie saisi par des regrets, son fils timoré et sa fille prodigue, personnages à la fois si proches, mais si loin les uns des autres. Dans le rôle de M. Ladmiral, dans l'une de ses premières apparitions à l'écran, Louis Ducreux (73 ans) est une véritable révélation.
Le vieux peintre essaie d'observer et d'écouter son fils et sa fille, d'ajouter dans la conversation son grain de sel avec humour et ironie. Mais il ne parvient pas à les comprendre, même pas sa fille avec qui il manifeste plus de connivences qu'avec son fils. Il semble parfois les oublier, il ne prend même pas le temps de regarder le dessin que sa petite-fille lui fait voir. Plus la journée avance, plus il se sent vieux, plus il se sent seul. Il tient pourtant à les garder tous pour le souper, mais Irène, mal en point après un coup de fil, quitte soudainement les lieux. Gonzague et sa petite famille restent et le père les reconduit à la gare. Après des adieux bien formels, iI se retrouve seul dans son atelier devant une toile blanche.
M. Ladmiral a fréquenté Monet, Van Gogh, et les Impressionnistes . Il a admiré leurs oeuvres pour leur originalité dont, à l'automne de sa vie, il se sent privé lui-même. Il se console pourtant à l'idée que, à travers, toutes les possibilités qui lui ont été offertes, il a su entrevoir une terre promise. Ce pays, rêvé et inaccessible, demeure pour lui une grâce qu'il accueille avec reconnaissance, car «on meurt souvent à moindres frais», se dit-il.