Le 20·avril 2009, Barack Obama s'est rendu au siège de la CIA, à Langley (Virginie). Il a justifié par des «circonstances exceptionnelles» sa décision, le 16·avril, de publier des notes confidentielles sur la façon dont les suspects terroristes étaient interrogés sous l'administration Bush. Il a de nouveau assuré qu'aucun personnel de l'agence ne serait poursuivi. Le quotidien doute qu'il puisse tenir parole·: les pressions montent pour que soit ouverte une enquête sur des actes présumés de torture commis par la CIA.
Barack Obama veut que les méthodes des militaires et des services de renseignement des Etats-Unis deviennent plus propres. Après Guantanamo, le nouveau président s’attaque aux pratiques de la CIA qui a pris des libertés sous le gouvernement Bush en ce qui concerne la pratique de violences sur des prisonniers.
Publier quatre mémorandums impliquant directement des responsables de la CIA dans des affaires de torture n’a pas été une décision évidente pour le président Obama. Après concertation avec le reste de son équipe, les documents décrivant les méthodes d’interrogatoire du contre espionnage américain ont cependant été rendues publiques.
Les techniques utilisées frôlent les limites de la légalité. Les services de la CIA n’ont pas infligé de blessures physiques aux prisonniers et se sont principalement servis des peurs et des limites psychologiques humaines. Les individus soupçonnés d’activités terroristes ont ainsi subit des confinements, des privations de sommeil et de nourriture, des gifles ou un enfermement avec des insectes pour ceux dont c’était une phobie. La technique la plus sujette à polémique est celle du waterboarding qui consiste en des simulacres de noyade particulièrement éprouvants. Certains prisonniers comme Khaled cheikh Mohammed et Abou Zoubeida l’ont subi plusieurs dizaines de fois.
Barack Obama souhaite que les agents ne soient pas inquiétés pour ces actions. Ce sont les responsables qui devront assumer ces actes. Après avoir initialement proposé qu’il n’y ait pas de poursuites, simplement un aveu de la vérité, le président américain a laissé entendre mardi que la justice serait libre d’entamer une procédure.
Présent lundi à Langley, Virginie, au siège de la CIA, Barack Obama a été applaudi par les agents. Le Bureau dans son ensemble accueille cette nouvelle avec sérénité même si plusieurs cadres ont manifesté leur inquiétude quant aux conséquences de cette décision. Léon Panetta, nouveau directeur du service, a manifesté ses réserves au président.
C’est Dick Cheney qui a pris la tête des contestataires. Si la tradition veut que l’équipe gouvernementale sortante évite d’entrer dans les débats avec la nouvelle administration, l’ancien vice-président a cependant décidé d’assumer pleinement ses décisions et continue d’assurer sa confiance en ces méthodes. Selon lui, les techniques utilisées par la CIA ont permis d’obtenir de bons résultats.
La torture n'est jamais légitime selon l'Action des chrétiens pour l'Abolition de la torture.
Dans ses interrogatoires de suspects de terrorisme, sous l’administration Bush, la CIA a eu recours à des méthodes telles que le simulacre de noyade ou la privation de sommeil. Autrement dit à la torture. Condoleeza Rice, alors conseillère à la sécurité nationale, avait donné son feu vert à ces techniques musclées. On s’en doutait. Un rapport du sénat américain le confirme. Barak Obama a interdit le recours à ces méthodes deux jours après son investiture. Mais la question des poursuites judiciaires soulève une vive polémique aux Etats-Unis. Ecoutez l'analyse de Marc Zarrouati, président d’honneur de l’Acat, Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, au micro de Marie Duhamel.
http://www.oecumene.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=282301
Hakki Onen, spécialiste du sommeil et médecin à l'hôpital gériatrique Antoine Charial de Lyon, a découvert avec surprise que son travail avait été utilisé par le ministère de la Justice américain pour relativiser les effets de la torture. C'est en effet lorsqu'il a été contacté par l'hebdomadaire Time qu'il a appris que l'un de ses articles était cité par les notes de bas de page dans deux des quatre mémos sur la torture rendus publics le 16 avril par l'administration Obama. Il servait à légitimer la privation de sommeil prolongée, l'une des formes de torture autorisée sous George Bush. Pour S. Hakki Onen, il s'agit d'un détournement de ses travaux de recherche, dont l'objectif était de traiter l'insomnie et non de faire souffrir.
Les présumés terroristes interrogés par la CIA pouvaient être privés de sommeil jusqu'à sept jours de suite. Les mémos s'appuyaient entre autres sur les travaux de S. Hakki Onen pour affirmer que de telles méthodes seraient sans effet néfaste à long terme sur la santé des personnes soumises à pareil traitement. "Je suis déçu, fâché, consterné et même blessé de voir cela", écrit le médecin sur le site Internet de Time. Il insiste en outre sur le fait que les personnes qui se sont prêtées aux tests cliniques menées en préparation à son article étaient volontaires, loin de vivre retenues dans l'une des prisons secrètes où la CIA pratiquait la tort. (Courrier international)
http://www.courrierinternational.com/breve/2009/04/24/justifier-la-torture-par-tous-les-moyens