Mort volontaire accomplie par un groupe de personnes rassemblées autour d’un chef et unies par un fort sentiment d’identité et d’appartenance à la communauté. Si l’on adopte la typologie* de Durkheim*, on pourrait affirmer que ces personnes socialement très intégrées agissent ensemble pour résister à une contrainte excessive imposée de l’extérieur (ennemi, oppresseur) et pour obéir à un appel lancé de l’intérieur (chefs politiques ou spirituels). Devant le malheur inéluctable qui les frappe, leur suicide devient la seule porte de sortie et pourrait être appelé «fataliste». Selon la typologie de Baechler*, le suicide de masse est un deuil collectif ou un rite de passage. Dans le premier cas, une population pleure sa défaite ou se soustrait à la répression. Dans le second cas, les membres d’une secte, guidés par un imaginaire apocalyptique, choisissent de mourir ensemble afin d’éviter les cataclysmes des derniers jours et d’atteindre un lieu paradisiaque où leurs attentes d’éternel bonheur seront comblées. La symbolique du feu, en tant que purification et transformation, joue généralement dans ce type de suicide collectif un rôle important. Dans les deux types de suicide collectif, on observe la présence de deux éléments simultanés: l’avènement ou la proximité d’un grand malheur et la détermination d’une élite politique ou religieuse. Cette seconde composante pose tout le problème de la liberté* et de l’autonomie* des suicidants.
Suicides de deuil collectif. Un peuple vaincu ou exposé à l’être, sous l’impulsion d’un ou de chefs charismatiques, exprime par la mort volontaire sa résistance à l’ennemi envahisseur ou persécuteur. L’histoire de l’humanité en a conservé la mémoire à travers les siècles dans de nombreux récits. Ainsi, Plutarque relate dans la Vie de Marius la disparition des Cimbres, vaincus par le proconsul Marius près de Verceil au Piémont en 101 avant notre ère, qui ont préféré la mort volontaire à l’humiliation de la défaite. Dans son Histoire générale des civilisations (Paris, puf, 1956, tome IV, p. 532), R. Mousnier raconte la mort délibérée de milliers de lettrés chinois après l’arrivée des Mandchous à Nankin en 1644. L’Attila noir (Paris, Plon, 1969, p. 229-230) de P. Becker rapporte les actes troublants d’un mambo influent de la tribu des Barozwis, pourchassés par les Matabélés en Rhodésie du Sud, vers 1840. Ce chef de clan, «plutôt que de tomber entre les mains de l’ennemi, décapita ses femmes et, entouré de leurs cadavres, s’immola dans les flammes d’un bûcher». L’histoire de la nation juive est, en suicides collectifs, très riche et exemplaire. En 63 avant notre ère, lors de l’assaut du temple par Pompée, douze mille Juifs périrent. Les uns, «préférant le culte de Dieu à leur vie, se laissèrent tuer en continuant de lui offrir de l’encens et les adorations qui lui sont dues». D’autres échappèrent à la fureur des Romains et des Juifs du parti de Pompée et «se précipitèrent du haut des rochers, ou mirent le feu à tout ce qui était autour d’eux et se lancèrent dans ces flammes allumées par leur désespoir» (Flavius Josèphe, La guerre des Juifs, Paris, Auguste Desrez, 1836, p. 554). D’après un autre témoignage de Flavius Josèphe, au printemps 73, un millier de Juifs, hommes, femmes et enfants, repliés dans la forteresse imprenable, construite par Hérode le Grand sur l’éperon rocheux de Massada, suivirent le conseil de leur chef Éléazar et se tuèrent plutôt que de se rendre. Après l’assaut, les Romains ne trouvèrent que sept survivants, deux femmes et cinq enfants. Dans le discours d’exhortation à la mort, Josèphe met dans la bouche d’Éléazar les arguments suivants: «La mort est comme le sommeil, elle nous délivre d’une existence brève et malheureuse; il est déraisonnable de continuer à vivre lorsqu’on ne peut plus entrevoir que des malheurs; puisque nous devons partir un jour, pourquoi ne pas décider nous-mêmes du meilleur moment pour cela? Notre âme aspire à quitter la prison du corps pour aller jouir d’une immortalité bienheureuse après cette vie terrestre méprisable. Le suicide est la marque suprême de notre liberté, et nous permet de triompher de tous les maux. De toute façon, Dieu désire notre châtiment» (G. Minois, Histoire du suicide, p. 30). Les symboles de l’identité nationale étant détruits, le peuple est en deuil de sa liberté. La mort s’impose donc comme un acte d’honneur: «Qui peut être si ennemi de sa patrie et si lâche que de ne pas réfuter un grand malheur d’être encore en vie, et ne pas envier le bonheur de ceux qui sont morts avant d’avoir vu cette sainte cité renversée de fond en comble, et notre Temple sacré entièrement détruit par un embrasement sacrilège? […] Nous ne sommes nés que pour mourir; c’est une loi indispensable de la nature à laquelle tous les hommes, quelque robustes et quelque heureux qu’ils puissent être, sont assujettis. Mais la nature ne nous oblige point à souffrir les outrages et la servitude, et à voir par notre lâcheté ravir l’honneur à nos femmes et la liberté à nos enfants, quand il est en notre puissance de les en garantir par la mort» (Flavius Josèphe, op. cit., vii, p. 34). En 1065 à Mayence, raconte le chroniqueur Albert d’Aix, «les juifs, voyant les chrétiens s’armer en enn emis contre eux et leurs enfants, sans aucun respect pour la faiblesse de l’ âge, s’armèrent de leur côté contre eux-mêmes, contre leurs coreligionnaires, contre leurs femmes, leurs enfants, leurs mères et leurs sœurs, et se massacrèrent entre eux. Chose horrible à dire! Les mères saisissaient le fer, coupaient la gorge aux enfants qu’elles allaitaient, et transperçaient également leurs autres enfants, aimant mieux se détruire de leurs propres mains que de succomber sous les coups des incirconcis» (Histoire des faits et gestes dans les régions d’Outremer, t. xx, Paris, F. Guizot, 1824, p. 39). G. Minois signale également des suicides collectifs lors de la persécution des juifs en Angleterre aux douzième et quatorzième siècles (op. cit., p. 27). Comme on peut le constater, dans ce genre de massacres, les morts non consenties et les morts plus ou moins consenties précèdent ou accompagnent la mort libre et volontaire des autres. Il en est ainsi avec les suicides collectifs dans les sectes apocalyptiques.
Rites de passage. L’apocalypse signifie originellement une révélation, portant sur des réalités mystérieuses à venir et s’exprime par des visions dont le symbolisme dévoile le sens caché de l’histoire. L’adjectif apocalyptique qualifie également des genres littéraires, des mouvements, des prophètes qui annoncent la fin du monde, marquée de phénomènes épouvantables et catastrophiques. Le texte fondateur de la littérature apocalyptique est l’Apocalypse de saint Jean, plus particulièrement le chapitre xx, abondamment interprété par les sectes*. On retrouve tout au long de la pensée occidentale, de Jean de Patmos à Soloviev, l’appréhension d’une catastrophe finale imputable aux mauvais choix des hommes. L’avènement d’un «échec final» ou d’un «dernier fiasco» ne signifie pas le retour au néant et l’abolition de tout futur, mais se présente comme une des composantes de l’espérance historique. Les fidèles comptent sur une intervention gratuite de Dieu qui fera toutes choses nouvelles (B. Schumacher, «Espérance», dans M. Canto-Sperber (dir.), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, p. 527). Le «suicide ultime», tel que pratiqué collectivement par certaines sectes, se situe dans le cadre de cette espérance. Les chefs spirituels exhortent leurs membres à fuir le «dernier mal» et à envisager leur mort comme un tremplin vers un royaume de paix et de prospérité.
Voici quelques exemples contemporains de suicide collectif accompli dans certaines sectes: la Branche des davidiens (1993), l’Ordre du temple solaire (1994-1997) et la Porte du Paradis (Heaven’s Gate, 1997). La secte de Waco au Texas s’appelait ranch de l’Apocalypse. Son chef messianique s’était donné le nom de Koresh, nom hébreu du roi Cyrus qui, ayant permis aux Hébreux exilés en Babylone le retour dans leur pays, fut acclamé comme le messie. Le prophète texan réclama comme condition de sa reddition aux autorités américaines la diffusion radiophonique de son commentaire sur l’Apocalypse qu’il était en train de rédiger. Lui-même et plus de quatre-vingts de ses disciples périrent le 26 avril 1993 dans l’incendie de leur camp, sous l’attaque de la police fédérale ordonnée par la Maison-Blanche. Même si leur mort est directement causée par cette intervention, d’ailleurs avec raison fort contestée, elle est considérée comme volontaire de la part de la plupart des victimes, en tenant compte de toutes les limites dont on peut entourer le terme volontaire dans ces circonstances et dans le milieu des sectes où l’autorité du prophète messianique s’impose comme absolue. Le manuscrit de Koresh, demeuré inachevé et sauvé de l’hécatombe, comporte en tout quinze pages. «Même si le commentaire de Koresh a été brusquement interrompu par les événements que l’on sait, et qu’il s’attarde surtout au cinquième sceau (chapitre vi de l’Apocalypse), l’auteur cite et commente (p. 8-9 de son manuscrit) Ap. 19, 1-13, dont les derniers versets sont indispensables […] pour l’interprétation de la section sur le règne de mille ans. On retrouve d’ailleurs, dans l’une des dernières notes écrites de la main de Koresh, le 11 avril, une allusion aux préparatifs requis pour la célébration des noces de l’Agneau: Please listen and show mercy and learn of the marriage of the Lamb. Koresh aura donc jonglé jusqu’à la fin avec l’idée de réactualiser le scénario de l’Apocalypse johannique. Sa lecture du scénario est toutefois demeurée fort incomplète: obnubilé par sa conviction d’être engagé dans une lutte à finir contre les forces du mal, Koresh a complètement laissé dans l’ombre la dimension positive, pleine d’espérance, ouverte par les chapitres xx-xxii de l’Apocalypse, qui annoncent le règne des mille ans avec le Christ et l’avènement de la Jérusalem nouvelle» (J.-P. Prévost, «Vers une résurgence des millénarismes? Les mouvements apocalyptiques contemporains», Religiologiques, no 20, 1999, p. 153-164).
Au total, soixante-quatorze membres de l’Ordre du temple solaire sont morts entre 1994 et 1997. Un des thèmes centraux de cet ordre était la mutation par le feu, appelée la «calcination», ce qui expliquerait les scénarios particuliers de ces disparitions violentes. Parmi les disparus figurent les deux responsables de la secte Joseph di Mambro et Luc Jouret, dont les corps ont été retrouvés parmi les quarante-huit cadavres calcinés découverts le 5 octobre 1994 à Salvan et à Cheiry en Suisse. Le même jour cinq autres adeptes furent trouvés morts dans un incendie à Morin Heights au Québec. En décembre 1995, seize membres se sont suicidés dans le Vercors en France (deux membres auraient tué les quatorze autres avec le consentement de ceux-ci et se seraient, par la suite, enlevé la vie). Un autre suicide collectif parmi les adeptes a fait cinq victimes, le 23 mars 1997, à Saint-Casimir au Québec où la secte exploitait une ferme. Dans le cas de ce genre de suicides collectifs, il est difficile de distinguer entre les actes meurtriers et les suicides, entre les morts volontaires et les morts imposées par les gourous de la secte. La référence apocalyptique est, elle aussi, présente dans le suicide collectif de la secte de l’Ordre du temple solaire. Le Testament de l’O.T.S. (reproduit dans C. Leleu, La secte du Temple solaire. Explications autour d’un massacre, Clamecy, Claire Vigne, 1995, p. 163-182), qui propose le transit final vers Sirius, annonce «des terribles épreuves de l’Apocalypse» et emprunte quelques symboles au texte de saint Jean. Ainsi nous y retrouvons des similarités de vocabulaire: Sodome, les sept branches et l’arche de l’alliance, cette terre, règne, créature et créateur, demeure. L’imaginaire de Sirius est nettement paradisiaque, mais les références à l’Apocalypse demeurent, somme toute, superficielles et marginales (J.-P. Prévost, art. cité, p. 159-160). Selon R. J. Campiche, le Testament «s’inscrit dans la mouvance Rose-Croix, mais la mention de transit, empruntée vraisemblablement à l’astrologie, montre encore une fois le caractère composite de la doctrine. […] À relever encore que le transit est qualifié dans ce même texte de passage heureux dans la joie, avec à l’arrière-plan, selon toute vraisemblance, l’idée d’un passage à un ordre surhumain, un stade supérieur qui n’appartient pas à la tradition chrétienne apocalyptique» (Quand les sectes s’affolent. Ordre du Temple solaire, médias et fin de millénaire, Genève, Labor et Fides, 1995, p. 94). À Grenoble, en avril 2001, lors du procès de Michel Tabachnik, chef d’orchestre franco-suisse, en lien avec la tuerie de Vercors, le psychiatre Jean-Marie Abgrali estime que le Temple solaire est, à l’instar de tous les ordres templiers, à la recherche du Saint-Graal qui ouvre à la connaissance suprême. Jacques Brayer, décédé en 1995, aurait été le véritable maître à penser de l’ordre, mais il ne se serait jamais adressé directement aux adeptes. Les textes de Tabachnik, portant comme titre Les archets, reprennent les propos de Brayer, mais d’une façon quelque peu atténuée. Il convient de noter que leur auteur a été acquitté de l’accusation qui pesait sur lui.
Le plus grand massacre a été commis à Jonestown, en Guyane, où neuf cent douze membres de la secte californienne du Temple du peuple ont péri le 18 novembre 1978 sous la direction de James Jones. Suicide révolutionnaire ou tuerie? Baechler* écrit: «Dans le suicide Jones, à côté du crime et de l’explosion, il est clair qu’il faut retenir une dimension de fuite hors d’une situation jugée insupportable; il n’est pas exclu qu’il ait cherché à se punir de son échec. En ne mourant pas seul, il n’a pas seulement voulu mourir tout entier. Il est possible qu’il ait aussi succombé au vertige d’Érostrate et ait voulu perpétuer sa mémoire par un crime énorme, faute de réussir un exploit mémorable. Dans le deuil des fidèles, il faudrait pouvoir sonder les reins et les cœurs, montrer l’état de chacun, ses relations avec les autres, sa perception du monde extérieur, etc., pour décider du sens exact que le geste a revêtu pour telle personne. La documentation nous manque et nous manquera à jamais» (Les suicides, p. 609-649). L’auteur fait allusion à la figure d’Érostrate, Éphésien qui, voulant immortaliser sa mémoire, a incendié le temple d’Artémis à Éphèse en 356 avant notre ère.
John Judge, membre de la Coalition sur les assassinats politiques et expert de Jonestown, apporte des arguments en faveur de sa thèse qui traite ce massacre collectif comme une opération menée par la CIA. Il applique cette thèse, officiellement peu contestée, également à l’affaire de Heaven’s Gate (la Porte du Paradis). Le 27 mars 1997, dans une résidence huppée de la banlieue de San Diego (Californie) qui appartenait auparavant à un riche Iranien, Bo Apllewithe et trente-huit de ses disciples, ont été trouvés morts, couchés sur leur lit, habillés en blanc et portant des baskets. Ce furent, pour la plupart, les corps de jeunes informaticiens appartenant tous à un mouvement appelé Human Individual Metamorphose (HIM). Le quarantième cadavre fut découvert dans une caravane près de Marysville en Californie, accompagné d’un message: «Je m’en vais sur le vaisseau spatial avec Hale-Bopp pour être avec ceux qui sont partis avant moi.» Si l’on se fie aux documents qui exposent l’idéologie de ce mouvement, toutes ces personnes sont censées, ayant quitté vivantes leur corps, rejoindre, par ovni, la comète de Haley. Dans la mesure où il y a eu suicide, ce geste collectif se présente comme le passage volontaire d’une communauté qui considère l’intelligence virtuelle comme une voie tout indiquée vers la dématérialisation d’une humanité en quête de salut spirituel. Ses membres se sont métamorphosés en extraterrestres et vivront une vie interplanétaire ou céleste, se délivrant ainsi des vicissitudes du monde de la chair pour déployer leurs potentialités dans un univers technique ou technicisé. Victoire de la technologie sur la science? Ou sagesse technologique postmoderne?
Les suicides collectifs sont des mises en scène spectaculaires qui exposent une éthique de l’impersonnalité et de la transcendance. La réalité crue du malheur vécu est théâtralisée dans une tragédie rituelle de grande envergure où la liberté des individus est occultée par la puissance évocatrice d’une libération collective. Les dramaturges de ce spectacle sont les chefs de la communauté, les gourous ou les prophètes, qui revendiquent l’autorité de Dieu ou d’un ordre supérieur. Dans les suicides collectifs à saveur messianique et nationaliste, la vie des individus est sacrifiée à la survie du peuple. L’identité et la liberté nationales sont les critères par excellence du choix effectué par les sujets. Le malheur qui frappe la nation doit être expié ou vengé par le sacrifice* d’un nombre significatif de membres consentants. Leur geste héroïque deviendra «lieu de mémoire» et aura pour fonction la réactualisation du passé, garantie de l’avenir. Au sein de la communauté éprouvée et désespérée, prête à l’immolation, jaillit l’espérance eschatologique d’une résurrection de tout le peuple. Dans les sectes, le suicide collectif est un geste spectaculaire et communautaire d’initiation et de transition. La liberté des individus est soumise à la volonté des gourous qui possèdent le savoir des choses secrètes et sacrées. Séduits et exaltés par la perspective d’un avenir radieux, les membres consentants sont heureux de quitter la terre menacée par une fin catastrophique. Ce geste extatique donnera accès à un ordre supérieur où des nouveaux savoirs ouvrent à des pouvoirs nouveaux.
Exemples historiques de suicides collectifs dans l'Antiquité
219 av. J.-C. : Suicide de Cléomène*, roi de Sparte, avec ses compagnons à Alexandrie, suivide Hyppias, finissant par Panteus, après s'être assuré qu'aucun ne survivrait (Plutarque*, Cléoménes, 37).
218 av. J.-C.: Les principaux des Sagontins* se précipitent dans le brasier de leurs richesses incendiées (Tite-Live, Histoire romaine, 21, 14,1).
211 av. J.-C.: 27 sénateurs de Capoue* s'empoisonnent en même temps que Vibius Virrius qui en a pris l'initiative (Tite-Live, op. cit., 26, 13, 17-19 et 14, 3-5).
206 av. J.-C.: Les habitants d'Astapa*, en Bétique, se jettent dans les flammes où ils ont précipité les corps des femmes et des enfants massacrés (Tite-Live, op. cit., 28, 22-23)
86-81 av. J.-C.: Suicide mutuel par couple de «partisans» antimarianistes proscrits ou près de l'être. Quand Norba* fut livrée aux partisans de Sylla, les habitants se tuent individuellement ou en groupe (Appien, Histoire des guerres civiles, I, 10, 94).
81 av. J.-C.: Après la prose de Préneste, suicide mutuel des deux chefs opposés à Sylla: Marius* le Jeune et le frère cadet de Pontius Telesinus (Tite-Live, Periochae (Abrgégés, 88).
54 av. J.-C.: En Gaule, suicide mutuel des soldats de Corta et Sabinus, cernés par le Gaulois Ambiorix pendant la nuit dans leur camp ( César, Guerre des Gaules, 5, 37, 4-6)
49 av. J.-C.: Suicide en groupe, en pleine mer Adriatique, d'une cohorte auxiliaire de Gaulois Transpadans cernée par une troupe de Pompée (Lucain, Pharsale, 4, 448-581; Florus, 4,2, 33; Dion Cassius, 41, 40,2).
46 av. J.-C.: Juba*, roi de Maurétanie, et M. Pétreius*, tous deux vaincus par César à Thapsus, s'entre-tuent volontairement (César, Guerre d'Afrique, 94; Tite-Live, Periochae, 114; Florus, 2, 13).
42 av. J.-C.: Une flotte de transport de triumvirs est surprise en pleine mer par les républicains «le jour même de la bataille de Philippes». De nombreux légionnaires de la legio Martia se tuent mutuellement, tandis que d'autres se suicident en cherchant le combat de façon démesurée avec l'ennemi (Appien, Histoire des guerres civiles , 4, 116).
28 apr. J.-C.: en Frise, sous Tibère, 400 Romains, cernées dans une maison et craignant d'être trahis, se suicident collectivement (Tacite, Annales, IV, 72-73).
Source: Philippe Charlier, Male mort, Morts violentes dans l'Antiquité, Paris, Fayard, 2009, p. 110.