Poète et humaniste militant né le 31 août 1749 et mort le 24 septembre 1802. Fils d’un riche hobereau de la région de Saratov, en Russie, il étudie l’histoire, la philosophie, les sciences naturelles, le droit, la médecine et la littérature étrangère à l’université de Leipzig en Allemagne de 1766 à 1771. De retour à Moscou, il devient rédacteur au Sénat, il traduit et commente les Considérations sur l’histoire de Mably. En 1790, il écrit le Voyage de Pétersbourg à Moscou, où il dénonce le servage et la tyrannie. Catherine II le considère comme «un rebelle pire que Pougatchev». Arrêté et condamné à mort, le poète est déporté en Sibérie jusqu’en 1796. Après la mort de l’impératrice, il est rétabli dans ses droits et nommé à la commission législative. Physiquement diminué et déçu dans ses espoirs de réformes libérales, il se suicide en 1802.
Son lyrisme civique fait de lui un chantre de la liberté* «Je suis né libre et le demeure/Je veux qu’ainsi l’on vive et meure/Et je puis d’une main libre/Sans quémander prendre mon pain.» Il s’imagine, sur sa tombe délaissée, un enfant célébrer sa mémoire: «Celui-là est né dans ces temps noirs/Chargé de fers, fut le premier/Prophète de la liberté» (E. Triolet, La poésie russe, Paris, Seghers, 1971, p. 40-43).