Membre de la nation Abénaquis, Alanis Obomsawin, dont le nom signifie « guide », est née au New Hampshire le 31 août 1932 et a grandi dans la réserve d’Odanak au nord-est de Montréal dont sa mère est originaire. Son cousin du côté maternel, Théophile Panadis, l'initia à l'histoire de la nation Abénaquis et lui appris plusieurs chansons et légendes. À l'âge de 10 ans, elle quitta avec sa famille Odanak pour s'installer à Trois-Rivières.
Chanteuse et conteuse, elle a sensibilisé la population à l’histoire et à la culture autochtones en donnant des spectacles partout en Amérique du Nord et en Europe. En 1967 elle reçut l'invitation des producteurs Joe Koenig et Bob Verrall de travailler pour l'ONF. Elle est l’une des documentaristes les plus en vue au Canada et un farouche défenseur de la culture autochtone, de l’éducation et de la justice sociale. Scénariste, réalisatrice et productrice, elle a créé plus de 30 documentaires sur les enjeux auxquels sont confrontés les peuples autochtones au pays.
«Les films d'Alanis Obomsawin ont, à bien des égards, changé les idées reçues au sujet des Autochtones : ils ne dépeignent pas l'Autochtone comme cet «autre» marginalisé par la société. Ils se déroulent au sein de la réalité contemporaine des relations entre les Autochtones et les non-Autochtones. Alanis Obomsawin est une conteuse de récits, une messagère et une créatrice de l'histoire. Elle élabore minutieusement ses scénarios, révélant peu à peu et délibérément les liens qui se sont tissés au-delà des apparences. Ses films franchissent les frontières de la superficialité et de la banalité avec lesquelles les sujets qu'elle choisit sont généralement traités. Elle examine, d'un point de vue critique, éthique et moral, le choc des cultures et ses répercussions sur les Autochtones, en racontant la vie et les histoires de ceux qui souvent n'ont pas droit de parole. Ses films sont sensibles, intimes, poignants. Elle possède un style cinématographique chaleureux, qui confère à ses œuvres une portée plus vaste que celle du simple « documentaire ». La grande compassion avec laquelle elle traite de sujets difficiles, et parfois lugubres, décuple les répercussions émotives, sociales et politiques de ses histoires.» ( Steve Loft, «Souveraineté, subjectivité et action sociale : les films d'Alanis Obomsawin»)
Source: http://www.canadacouncil.ca/prix/
En plus de ses talents de chanteuse, conteuse et cinéaste, elle crée des gravures et lithographies dont le thème important est celui de l'imaginaire «mère et fille» et qui puisent leur inspiration de ses rêves, des esprits d'animal, des événements historiques et la mémoire de ses ancêtres.
Le 3 mai 2008, Alanis Obomsawin obtint le prix du gouverneur général du canada pour les arts de la scène. Elle- même considère l'ensemble de son œuvre: «tant par ses chants, ses récits que ses films – [comme] une lutte pour l'inclusion de notre histoire dans le système éducatif de notre pays. Je voudrais que les écoles offrent à nos enfants un environnement plus accueillant, dans lequel ils seraient reconnus pour ce qu'ils sont et pourraient être fiers de leur identité. »
Et à propos de son combat pour la justice, elle confie: «Peu importe les horreurs que je vois, je n'arrive pas à m'y habituer. Je refuse de m'y habituer. Je me bats pour le changement social dans tout ce que je fais. Je suis tellement occupée à me battre que je suis toujours secouée lorsque la haine me frappe en pleine figure.»
Un des problèmes aigus des Autochtones est celui du suicide. Alanis Obomsawin lui consacre un film Richard Cardinal : le cri d'un enfant métis, 1987.
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cbc.ca