Il est un mythe célèbre, celui de Niobé et de ses enfants, qui dépeint une fois encore Apollon en archer redoutable. C'est un vieux récit, probablement thébain mais venu d'Asie Mineure - que connaissait le poète de l'Illiade. Niobé avait six fils et autant de filles - d'autres traditions disent sept. Heureuse et confiante, elle se disait la plus heureuse des femmes, mortelles ou immortelles, et se moquait même de Létô, l'amante de Zeus, qui n'avait engendré qu'un seul garçon et une seule fille. Terriblement courroucés, Apollon et Artémis* (Diane) tuèrent les enfants de Niobé qu'ils laissèrent, elle, en proie à un chagrin inapaisable.
Achille rappelle au vieillard Priam la tragique histoire de Niobé qui perdit presque tous ses enfants par les mains d'Apollon et de sa soeur:
«- Ton fils t'est rendu, vieillard, ainsi que tu le demandes. Il est étendu sur le lit. Quand luira l'aube, tu le verras, en l'emmenant. À cette heure, songeons au repas du soir. Niobé elle-même, Niobé aux beaux cheveux a songé à manger, elle qui, en sa maison, avait vu périr douze enfants, six filles, six fils en pleine jeunesse. Les fils, c'est Apollon qui les tua de son arc d'argent, courroucé contre Niobé; les filles, c'est Artémis la Sagitaire, parce que Niobé se prétendait l'égale de Létô,la jolie; Létô, disait-elle, avait eu deux enfants: elle en avait, elle, une multitude! Ces deux-là cependant les tuèrent tous! Et, pendant neuf jours, ils gisaient à terre, sanglants, personne n'étant là pour les ensevelir: le fils de Cronos avait changé les gens en pierre. Ce furent les dieux, fils de Ciel, qui, le dixième jour, les ensevelirent. Et Niobé alors songea à manger: elle en avait assez de pleurer.
Et maintenant, dans les rochers, au milieu des pics solitaires, sur le Sipyle, où l'on dit que gîtent les nymphes divines qui s'ébattent aux bords de l'Achéloos, muée en pierre par le vouloir des dieux, Niobé rumine ses chagrins. (Homère, Illiade, XXIV, 599-617)
«Niobé, victime des archers divins» dans Jacques Désautels, Dieux et mythes de la Grèce ancienne: la mythologie gréco-romaine, Québec, Presses Université Laval, 1988, 532-533.
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