Thomas Mann vient au monde en 1875 à Lübeck dans une famille de marchands aisés depuis plusieurs générations. Il part à Munich après la mort de son père, travaille dans les assurances avant de faire du journalisme. Après un voyage en Italie avec son frère Heinrich, il écrit un roman sur sa famille, Les Buddenbrooks, et des nouvelles comme La mort à Venise, mêlant le monde bourgeois et la sensibilité artistique.
En 1914, il arrête tout travail littéraire pour s'interroger sur la politique et exalte la grandeur de la civilisation prussienne, comme plus tard il soutient par principe la république de Weimar. Il publie La montagne magique et reçoit le prix Nobel en 1929. Il part en Suisse à l'arrivée des nazis au pouvoir, avant d'émigrer aux Etats-Unis en 1938. Il enseigne plusieurs années à Princeton, écrit des essais antifascistes et un roman, Dr Faustus sur l'aveuglement des Allemands.
Il retourne en Suisse en 1954, où il meurt l'année suivante.
http://christelle.astier.free.fr/Allemand/Culture-Generale/Thomas-Mann-Biographie.php
Thomas Mann est le père d'Erika Mann (1905-1969), comédienne et auteur de livres pour enfants, qui a pris en charge l'œuvre de son père après le décès de celui-ci. Avec son frère Klaus Mann* , elle a écrit aussi quatre livres dont deux sont traduits en français : Fuir pour vivre, Paris, Gallimard, «Autrement», 2008 et À travers le vaste monde, Paris, Payot Rivages, 2009.
Thomas Mann, homme marié, père de six enfants, n'avait jamais été « catalogué » comme homosexuel*. Le 20 décembre 1918, il écrit pourtant : « J'ai été accaparé par un jeune homme élégant au visage de garçon gracieux et un peu fou, blond, beau type de l'Allemand, plutôt fragile, qui m'a un peu rappelé Requadt, et dont la vue m'a, sans aucun doute, fait une impression telle que je ne l'avais plus constatée depuis longtemps. Etait-il simplement en tant qu'invité au club, ou vais-je le revoir? Je m'avoue de bon gré que cela pourrait devenir une aventure ». (Journal 1918-1921, 1933-1939, Thomas Mann, Gallimard, «Du Monde Entier», 1985)
Le Journal 1940-1955 (Gallimard, «NRF», 2000 ) « est une espèce d'autobiographie en forme de vagabondage où l'on devine qu'au bout de la ligne menace de s'ouvrir l'abîme de la mort prochaine. Non pas que l'écrivain se dévoile entièrement, mais on le saisit tel qu'il est, tourmenté, à la limite de la névrose parfois, rêveur sans doute. Thomas Mann nous hypnotise par son écriture vertigineuse et saisissante, une écriture proustienne à la tonalité grave sur laquelle s'impriment les soubresauts de l'Histoire. Comme une sonate au piano de Beethoven, le Journal est un monologue musical, aux sonorités pleines. Un monologue en forme de requiem ». (Anthony Dufraisse http://www.fluctuat.net/livres/chroniques/thomasmann.htm)
À consulter
Paul Ricoeur, Temps et récit, vol. II, « les trois grandes fables sur le temps », 2. La montagne magique de Thomas Mann, Paris, Le Seuil, 1984.
L’intention de Ricœur est de montrer comment La Montagne magique est une « fable sur le temps », un Zeitroman, c’est-à-dire : un roman où « c’est l’expérience du temps qui est l’enjeu des transformations structurales ».
Il met en évidence la complexité de l’intrigue qui réunit trois éléments : le roman du temps effacé, le roman de la maladie mortelle,le roman de la culture européenne (Pierre Campion).
htm://pierre.campion2.free.fr/ricoeur.htm
Josette Lanteigne, « Répertoire de sites sur le temps », Paris, Seuil, 1983-1985.
«http://agora.qc.ca/Documents/Temps--Repertoire_de_sites_sur_le_temps_par_Josette_Lanteigne
Extrait des Buddenbrook
À la veille de sa mort, Thomas Buddenbrook, accablé de désespoir, trouve son inspiration dans la pensée d'Arthur Schopenhauer, lorsqu'il s'interroge : « Où serai-je après ma mort? »
J'espérais me survivre dans mon fils : dans une personnalité plus inquiète encore, plus débile, plus falote que la mienne. Folie puérile, égarement. Qu'ai-de besoin d'un fils? Où serai-je après ma mort? Mais c'est d'une clarté si éblouissante, d'une simplicité si lumineuse! Je survivrai en tous ceux qui ont jamais dit, qui disent ou diront je, mais surtout en ceux qui le diront avec plus de plénitude, de vigueur et de joie. [...] Ai-je jamais haï la vie, cette vie pure, cruelle et forte? Folie et malentendu! Je n'ai haï que moi-même, de ne pas savoir la supporter. Mais je vous aime, je vous aime tous, vous, les heureux. et bientôt je cesserai d'être exclu de votre communion par une étroite prison, bientôt ce qui vous aime en moi, mon amour pour vous, sera libéré et ira vivre près de vous, en vous, en vous tous (Thomas Mann, Les Buddenbrook, traduction Geneviève Bianquis, Paris, Le Livre de poche, « Classiques modernes », 1994, p. 841, cité par Irvin Yalom, Apprendre à mourir. La Méthode Schopenhauer, roman, Paris, Galaade, 2005, p. 65).