Le «Livre des Morts », dont le vrai titre en égyptien est « Livre de la Sortie au Jour » est certainement le texte le plus connu que nous ait laissé l'ancienne Égypte.
Comme son titre l'indique « Livre de la Sortie au Jour », décrit le chemin qui mène des ténèbres à la lumière.
Cette phrase, à elle seule, résume tout le contenu du livre, l'Osiris* (le défunt) est plongé dans les ténèbres de la tombe et grâce aux instructions du livre retrouvera ou plutôt trouvera la Lumière. Il s'agit bien évidemment de la vie après la mort, mais s'agit-il seulement de cela?
[...]
La question première qui se pose au chercheur [...] qui étudie ce texte est donc : Ce guide dont on a muni les défunts pour les guider au cours de leur voyage dans l'au-delà était-il seulement destiné aux « morts biologiques »?
De nombreux indices, y compris le texte du livre lui-même, laissent penser qu'il n'en était rien. D'ailleurs, dès le chapitre premier, on apprend que l'Égyptien qui voulait vivre après la mort devait lire le livre durant sa vie ... Et le passage que nous citons ici était écrit à l'encre rouge, ce qui nous laisse penser qu'il revêtait une grande importance.
Si le défunt a appris ce chapitre pendant sa vie sur Terre et s'il a fait écrire ces textes sur les parois de son cercueil, il pourra sortir de sa Demeure ou y pénétrer à volonté, sans qu'on puisse lui opposer la moindre résistance. En outre, des pains, de la bière et de la viande seront à sa disposition sur l'autel de Râ; il habitera les champs de Sekht-Iaru, dont les moissons de froment et d'orge lui seront données en partage; il sera vigoureux et prospère là-bas, comme il l'a été sur Terre... (Kolpatchy, « Livre des morts des anciens Égyptiens », Stock, 1978).
Source: Marie Delclos et Jean-Luc Caradeau, Le Livre des morts égyptien décrypté, Trajectoire, 2007, p.7-8.
Le voyage de l'âme tel qu'il est décrit dans le « Livre des Morts » suppose que, lors de la détérioration de l'intelligence et de la conscience, le défunt développe simultanément une conscience plus haute de l'environnement.
Cette conscience lui permet lors de l'initiation et de sa mort symbolique ou lors des rituels funéraires de comprendre la signification profonde transmise par le rituel afin qu'il s'achemine vers la luminosité.
On peut penser que, à ceux qui avaient reçu l'initiation, il était recommandé (comme c'est le cas dans le Livre des Morts tibétain*) de se souvenir de tous les enseignements reçus de leur vivant.
Il ressort de l'ensemble du Livre des Morts qu'il s'agit pour le défunt de reconnaître la lumière car finalement c'est cela que signifie «monter dans la barque de Rê ».
L'Égyptien initié aura pris la nature tout entière comme symbole et d'ailleurs pour lui l'univers tout entier est une allégorie qui lui permet d'accéder à la connaissance. Le Ciel, la Terre, la faune et la flore sont pour lui des livres, des livres sacrés qui l'initient. La connaissance est le maître mot de l'initié.
Il devient ce qu'il connaît : il naît avec.
(o.c., p.448)