«Les Trois Lumières» (Der müde Tod) est un film muet, avec intertitres, de Fritz Lang sorti en Allemagne en 1921.
Acteurs: Lil Dagover, Walter Janssen, Bernhard Goetzke, Rudolf Klein-Rogge, Hans Sternberg, Erich Pabst.
Scénario: Fritz Lang, Thea von Harbou.
Musique: Giuseppe Becce, Karl-Ernst Sasse, Peter Schirmann.
Photographie: Bruno Mondi, Erich Nitzschmann, Herrmann Saalfrank, Bruno Timm, Fritz Arno Wagner.
Montage: Fritz Lang
Producteurs: Erich Pommer, Decla Bioscop.
Durée: 100 minutes
Aux abords d'une petite ville, la mort, sous les apparences d'un étranger au visage grave et triste, monte dans une diligence où se trouve déjà un couple d'amoureux. Arrivés dans le bourg, tous les trois entrent dans une auberge sous l'enseigne de « Licorne d’or » où des notables se délectent goulûment autour de la table du repas. La jeune fille s'inquiète sur le sort de son fiancé qui a disparu soudainement pendant qu'elle visitait la cuisine. Les notables se méfient de l’étranger, mais acceptent son argent. qu'il leur offre pour acheter le terrain longeant le cimetière. Voyant le spectre de son amoureux pénétrer dans la muraille que l'étranger a fait construire autour du cimetière, la jeune fille parvient à trouver l'entrée de ce lieu interdit où l'ancien compagnon de route l'accueille. La jeune fille le supplie de lui rendre son bien-aimé. L'homme en noir lui montre alors trois lumières dont chacune représente une vie. Si elle peut sauver au moins une de ses vies, le jeune homme lui sera rendu.
À Bagdad au IXe siècle, l'infidèle, prisonnier dans la Cité de la Foi, périt des mains du jardinier, la Mort, qui exécute l'ordre du Calife. Malgré l'aide de sa bien-aimée, qui est la sœur du Calife, il n'a pu échapper à la vindicte de ce dernier. Au XVIIe siècle à Venise, durant le carnaval, complots et intrigues se nouent dans la demeure du riche Girolamo. Désirant la belle Mona Fianetta, il fait assassiner son amant, Giovanfrancesco, par son serviteur Maure, qui n'est autre que la Mort. À la cour de l'Empereur de Chine le magicien A Hi offre au monarque une armée miniature et un cheval volant, mais l'Empereur est surtout intéressé par la fille du magicien, Tsiao Tsien Lieng. Fuyant avec son fiancé, elle ne peut empêcher l'Archer impérial, la Mort, de tuer son amoureux.
Malgré ces trois échecs la Mort donne à la jeune fille une dernière chance : qu'elle lui amène, dans l'heure, une autre vie en échange de celle du jeune homme. Dans l'incendie d'un hospice, elle préfère pourtant sauver des flammes la vie d'un nouveau-né plutôt que de se sauver elle-même. Devant «l’éternel invincible», la jeune fille avoue son échec et accepte l'invitation de ce dernier de rejoindre son bien-aimé au royaume situé au-delà de la vie.
Aimant la vie et refusant la mort, la femme, courageuse et patiente, se montre plus apte que l'homme à mener la lutte contre la mort. Se rappelant le verset du Cantique des cantiques, qu'elle a lu chez l'apothicaire, elle croit que « l’amour est plus fort que la mort ».
Ce film est un hymne au courage des femmes dans un monde cruel, voire tyrannique, des hommes. La lutte pour la vie et pour la libération de l'humanité est l'oeuvre de la femme. Voilà le message, que lance Fritz Lang, peu de temps après une première guerre mondiale sanglante et qui anticipe les horreurs à venir de la seconde guerre, aussi catastrophique que la première en Allemagne et en Europe.
(Source: «Les trois lumières», Wikipedia .fr.wikipedia.org.)
Cependant, c'est surtout la figure de la mort qui attire notre attention. Fritz Lang réussit, dans ce film, une personnification sublime de la mort comme exécutante de sales besognes. Or, la mort est fatiguée de semer tant de destruction et de désolation parmi les humains. Rappelons-nous que le titre original du film est « La mort fatiguée».
La mort prend la figure d'un homme tout de noir vêtu. Sa silhouette longiligne, sa démarche grave, son regard tantôt glacial tantôt éteint effraient. Imperturbable et invincible, ce mâle étranger se sait pourtant soumis à un pouvoir supérieur. Il est écoeuré de ce mandat aveugle et absurde qui alourdit, à chacune de ses interventions, le destin mortel de l'humanité. Il offre à la femme, représentante de tous les vivants, une chance de se libérer de son sort. Or, sa lutte sera vaine et vouée à l'échec. L'adage de l'amour plus fort que la mort paraît infirmé. La seule ruse, encore disponible à la femme, est de se jeter dans les bras de la mort. Cet ultime abandon donnera lieu à des retrouvailles de l'homme et de la femme dans un au-delà paisible, voilé de mystère.