Alexandre Bande, Le coeur du roi. Les Capétiens et les sépultures multiples XIII°-XV° siècles, Paris, Tallandier, 2009, 255 p.
Incipit
«Depuis la parution de l'ouvrage d'Ernst Kantorowicz The King's two Bodies, 1957 (Les deux corps du roi, Paris, 1989), la mort royale a inspiré un grand nombre de chercheurs. Ralph Giesy (Le Roi ne meurt jamais, Paris, 1987) et Colette Beaune, «Mourir noblement à la fin du Moyen Âge» dans La Mort au Moyen Âge, Strasbourg, 1977, p. 125-143) soulignèrent en leur temps l'importance du cérémonial des funérailles royales et en firent un objet d'étude à part entière. D'Alain Boureau (Le Simple Corps du roi, l'impossible sacralité des souverains français, XV°-VIII° siècles, Paris, 1988) à Arlain Erlande Brandenburg (Le Roi est mort. Étude sur les funérailles, les sépultures et les tombeaux des rois de France jusqu'à la fin du XIII° siècle, Paris, 1975), d'Elisabeth Brown à Muriel Gaude-Ferragu (D'or et de cendres. La mort et les funérailles des princes dans le Royaume de France au bas Moyen Âge, Villeneuve-d'Ascq, 2005), nombreux furent les ouvrages inspirés par l'analyse des pratiques funéraires royales et princières françaises. Néanmoins aucun d'entre eux ne présentait une analyse approfondie de la pratique des sépultures de coeur chez les rois et les princes de France à la fin du Moyen Âge. C'est pourquoi le présent ouvrage s'efforce de répondre aux nombreuses questions qui ne manquent pas de se poser lorsque l'on tente d'étudier, sur plusieurs siècles, les évolutions des pratiques funéraires des souverains français. »(op. cit., p. 14-15)
Quatrième page de la couverture
«Si la pratique de l'inhumation séparée du coeur est ancienne en Angleterre et dans l'Empire, elle n'est attestée dans le royaume de France que dans la première moitié du XIII° siècle. Ce rituel se diffuse ensuite, au XIV° siècle, au sein du domaine égyptien et se mue en un véritable privilège dynastique grâce à une exceptionnelle autorisation pontificale. À partir de 1380, à la mort de Charles V, le coeur du roi est l'objet de tous les égards. Inhumé lors d'une cérémonie spécifique, il est placé dans une urne richement décorée ou repose sous un somptueux gisant. L'objectif est multiple: les tombeaux de coeur attirent les prières et valorisent le sanctuaire qui l'accueille tout en enracinant le mémoire du lignage capétien sur le territoire de France, des couvents mendiants parisiens à Saint-Louis de Poissy, de la cathédrale de Rouen à la nécropole dionysienne.
Alexandre Bande livre ainsi la singulière histoire des sépultures de coeur du XIII° siècle au XV° siècle et narre la naissance d'un coeur personnifié, déifié et hypostasié.»