Vicki Laforce est née à Montréal en 1974. Elle a fait ses premières études en philosophie. Poussée par le goût du voyage et de la Bohème, elle s'est arrêtée d'étudier pendant un moment en quête d'expériences de vie, d'un autre savoir et de « vérités ».
Après une rentrée scolaire où elle a terminé une maîtrise en histoire, elle poursuit une maîtrise en études du religieux contemporain.
Sa quête de sens et la recherche du Beau, de même qu'une certaine nostalgie imprégnée de romantisme, et un goût de la convivialité et du partage orientent sa poésie (quatrième page de la couverture de Vicki Laforce, Anémone des nuits, Saint-Alexis des Monts, Éditions Première Chance, 2012).
Ombres et lumières
Ce poème parle non seulement de la mort comme étant cette fin inéluctable ; la mort, ce mal, cette injustice, ce mystère, la mort comme étant cette énigme insurmontable à la raison humaine et ainsi telle que l’on perçu de tous temps les philosophes, poètes, écrivains, religieux est fondamentalement au centre d’un questionnement métaphysique dont on retrouve les traces dès les premiers écrits de l’Histoire. Que cela se révèle par et à travers les arts, les grands mythes, ou autres formes d’expression humaines ; la question de la mort fait ressortir le tragique de l’existence, mais aussi la beauté, l’amour de la vie, le goût de l’éternel, etc. Face à cette figure dépeinte comme celle de l’ombre, grande figure noire, d’autres lumières, grandeurs éclosent et prennent forme exprimant combien la vie est toutefois fragile, grande, complexe, mystérieuse. Ainsi, ce poème veut célébrer cette tension «tragique», ce sentiment de notre étrange destinée, pour nous, êtres de finitude qui sommes pourtant si fortement portés par ce sentiment et ce goût d’infini. De fait, vibre au cœur des hommes et des femmes des sentiments contraires... De cette rive, mon poème lève les voiles et se laisse bercer au creux de chacune des vagues journées où foisonnent de vertigineuses émotions qui marquent nos existences, nos histoires, nos cœurs entre douceur et folie, entre ce goût de vivre et ce désir d’apprivoiser la fin...Voici le poème:
Des sentiments contraires lacèrent mes voiles,
Des lambeaux de jours fanés embaument d'effroi.
Au dieu du ciel tombent et trépassent tes étoiles,
L'aube avare resserre son emprise sur moi
Que n'ai-je ces ficelles pour me retenir
D'explorer mes soupirs, mes désirs les plus fous.
Tendre vers l'éphémère, n'est-ce point mourir
D'un seul trait, d'un coup, détruire, noyer la proue...
Lorsqu'elle gravit son zénith, chaude est la nuit
Et, mon âme se meut en louve, jouant affamée
À l'affût des sols humides, bouches vernies,
Tu cherches l'horizon sous les corps affamés.
Fille de joie est la mort ombragée, voleuse
Couchant, çà et là, ses noirceurs, maux et fragments;
Qui va là? Geindre aux pourtours des cimes poreuses
Cracher à la terre sa sécheresse et ses tourments!
Détrompez-vous... Seule la beauté est ma maîtresse!
Feue ou vive, gaie ou vieille, elle est douce.
Corps et âmes lui rendent hommages, prouesses
Fidèles; sommes-nous les fous de cette farouche?
L'absolu est l'un et l'autre versant du beau
Dévoilant son image à qui le demande.
Charitable tyran, appose donc ton sceau;
Je suis tienne, sur mes lèvres reposent tes cendres.
o.c., p. 32.