Directeur général de l’hôpital Saint-Charles-Borromée de Montréal, province du Québec, Canada. Le 25 novembre 2003, il s’est enlevé la vie dans une chambre d’hôtel à Mont-Saint-Hilaire à la suite d'accusations portées contre le personnel de son institution pour sa violence verbale à l’égard des patients handicapés. Il a transmis au journal Le Devoir une lettre d’adieu*, adressée au ministre de la Santé du Québec et à ses collègues directrices et directeurs généraux, où il exprime à la fois son zèle et sa détresse ainsi que son horreur des animateurs de radio qui, de cœur joie, ont sali son image. À ses collègues, il dira: « Combien de fois m’avez-vous entendu dire combien j’aimais mon travail, toute la fierté que je vivais à contribuer à cette tâche énorme et complexe de diriger une partie de ce réseau, d’aider et de protéger les personnes en perte d’autonomie? Combien de fois vous ai-je parlé de notre solitude? De l’importance de nous soutenir les uns les autres? Je vous invite à résister aux [… l’auteur de la lettre cite ici les noms de tribunes radiophoniques qui ont attaqué sa réputation] ». Puis, il s’adresse au ministre: « J’aurais apprécié un coup de fil. Qui sommes-nous pour vous les directeurs généraux, ces gens que vous vous apprêtez à tasser pour brasser les structures, pour laisser votre marque ».
Et faisant allusion à son proche suicide: « J’ai fait une grosse erreur, je l’aurai, et les miens, payée très cher. J’espère qu’au moins on aura su en tirer des leçons pour l’avenir ». Et il conclut: «À la grande communauté du CHSDL, Centre-ville de Montréal, aux personnes qui y résident comme à celles qui y travaillent, merci et pardonnez-moi de vous avoir emmenés dans cette tempête. Gardez la tête haute, vous savez que ce que l’on dit de votre milieu de vie ne correspond pas vraiment à la réalité.» Il invite ses collègues à «garder la tête haute» et à ne pas suivre son exemple. Le sentiment de culpabilité*, qu’on lit constamment entre les lignes, ne concerne pas tant ses erreurs de gestion, mais «sa grosse erreur» de sacrifier sa vie. Léon Lafleur a été reconnu par ses collègues et les membres de son personnel comme un être d’écoute et de compassion*.
Ébranlé par la lettre posthume de Léon Lafleur publiée dans Le Devoir, le ministre de la Santé du Québec, Philippe Couillard, a promis d'apporter un soutien personnel aux gestionnaires du réseau aux prises avec des problèmes.
Du côté de Loto-Québec, on confirme que le nom de M. Lafleur figure parmi les 3000 noms inscrits au programme d'auto-exclusion des trois casinos du Québec.