de La Mettrie Juilien Offray, médecin et philosophe matérialiste français, né à Saint-Malo le 12 décembre 1709 et mort le 11 novembre 1751 à Potsdam. Dans son Système d’Épicure, il se prononce avec véhémence contre le suicide en invoquant le recours à la religion pour les simples, et à la sagesse pour les autres :
« Non, je ne serai point le corrupteur du goût inné qu’on a pour la vie […]. Je ferai envisager aux simples les grands biens que la religion promet à qui aura la patience de supporter ce qu’un grand homme a nommé le mal de vivre […]. Les autres, ceux pour qui la religion n’est que ce qu’elle est, une fable, ne pouvant les retenir par des liens rompus, je tâcherai de les séduire par des sentiments généreux. Je ferai paraître une épouse, une maîtresse en pleurs, des enfants désolés […]. Quel est ce monstre qui, par une douleur d’un moment s’arrachant à sa famille, à ses amis, à sa patrie, n’a pour but que de se délivrer des devoirs les plus sacrés?» (Œuvres philosophiques, ii, Hildesheim, G. Olms, 1970, p. 37).
Cependant dans ce même ouvrage, il prône une morale plus nuancée: «Il est violent à la nature de ne pas succomber à la tentation de mourir quand le dégoût de la vie fait le plaisir de la mort», et il s’interroge: «Que risque-t-on à mourir et que ne risque-t-on à vivre?» (p. 35-36). Et dans son Anti-Sénèque ou discours sur le bonheur, il récidive: «Sans doute, c’est violer la nature que de la conserver pour son propre tourment […]. Lorsque la vie est absolument sans aucun bien et qu’au contraire elle est assiégée d’une foule de maux terribles, faut-il attendre une mort ignominieuse? » (p. 186).