Annyck MARTIN, La crypte cassée. Essai sur l'écriture posttraumatique, Montréal, Liber, 2010
parution : 24 août 2010. ISBN : 978-2-89578-234-6.
« Il y a plusieurs années, un médecin m’a fait entrer d’urgence à l’hôpital. À l’annonce du diagnostic, des émotions fortes et contradictoires m’ont envahie. D’une part, j’ai éprouvé du soulagement parce qu’un traitement allait être mis en place — j’allais pouvoir continuer à vivre. D’autre part, la peur me submergeait. Je ne savais pas comment envisager l’avenir, comment composer avec une maladie de type chronique à l’évolution imprévisible. Il s’agissait pour moi d’un moment charnière. Quelque chose, dans mon existence, venait de basculer de manière définitive ».
« Quand j’écris et quand mes textes sont lus, je me sens de nouveau vivante, je me sens redevenir entière. L’écriture est pour moi une terre d’accueil. Un espace de recomposition dans lequel la frontière entre mes fissures et mes forces s’estompe, où les pôles de ma personnalité s’allient, où mes fragilités et mes capacités travaillent de concert. L’écriture recueille les parties blessées en moi, leur insuffle une vie nouvelle, leur accorde un nouveau dynamisme. “Et nous allions écrire dans l’impasse et dans l’échec, et cette écriture serait percée et réussite. L’épreuve douloureuse allait nous faire avancer. C’était le face à face avec l’obstacle qui allait nous permettre de le franchir, de le contourner, de le déplacer" ».