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Je pars à l'entracte
Nicolas d'Estienne d'Orves,
Je pars à l'entracte,
Paris, NiL, 2011, 73 p.
[ Une lettre à un ami décédé ]
Incipit
Nicolas.
Mon gars.
Mon ami.
Mon pote...
À quoi bon chercher, je n'ai jamais su comment t'appeler.
D'ailleurs, on ne s'appelait pas. On ne se touchait même pas jamais. Aucun contact, grands dieux! Surtout aux temps adolescents. Nous avions trop de mépris - de haine? - pour le corps, pour se laisser aller au moindre contact physique. Était-ce de la frustration, de l'embarras, de la sincérité? Étions-nous à ce point honteux de nos propres enveloppes pour nous nier l'un l'autre?
Extraits
Bref, te voilà revenu de Rio et de Buenos Aires. Nous ne nous étions pas vus depuis des mois, nous n'allions plus jamais nous croiser (du moins en actes; les mots je les pianote ici). Ta mine était grise, mais un étrange apaisement flottait dans tes pupilles. Était-ce de la lassitude, du soulagement? Impossible à dire, mais cette tension atroce que tu imposais aux autres comme une prise d'otage semblait apaisée. En sommeil, disons. Étrange sentiment que tu avais fait le tour des choses, qu'une boucle était bouclée. [...] Dans l'escalier, ton vieux sac crasseux juché sur tes épaules fatiguées, tu t'es retourné pour lancer ton inévitable « a-dieu !» qui scandait nos départs. Je ne croyais pas si bien comprendre. Deux mois plus tard: un coup de fil. « Ça y est : Nicolas s'est suicidé. »
Fin
Peut-être aurions-nous dû avoir cette grande conversation que jamais nous n'eûmes et qui fait toujours de toi une énigme. Peu importe. Je n'aurais sans doute pas écrit cette lettre, qui n'est ni un plaisir, ni un soulagement, ni une souffrance. J'y dis des choses qui devaient être dites, c'est tout. Après ça, je passerai à autre chose, comme je fais toujours dans ma vie.
Il ne se passe pas un jour que je ne pense à toi. Sans chagrin mais avec nostalgie. J'aurais aimé entendre tes diatribes sur la vie depuis janvier 2007. Mais franchement, tu ne rates pas grand-chose. Le monde comme il va est une vallée de bassesse. Du haut de ton piton, tu le domines d'un oeil froncé et piquant, le sourire en coin, en attendant de nous revoir, si Dieu veut.
À tout de suite
Nicolas
Queen Mary II, 9-14 avril 2009
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30