Né à Königsberg (Allemagne) et père du conte fantastique, Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822), juriste et musicien, exerça la profession de maître de chapelle et composa plusieurs opéras et pièces lyriques. Dès 1813, il publia une série de Contes qui plongent le lecteur dans un monde habité par le surnaturel et le mystère. Jacques Offebach (1819-1880) mettra les Contes en musique. Parmi ces contes figure celui de L'Homme au sable (1817).
«Un jeune homme nommé Nathanaël plonge progressivement dans la folie. Sa descente aux enfers commence lorsqu'il croit reconnaître en la personne d'un marchand de baromètres le mythique « homme au sable » qui l'effrayait dans son enfance, et qu'il rend responsable de la mort de son père. [...] Il se jette du haut d'une tour, en proie à une vision insensée » (Sophie Pujas, « L'Homme au sable d'Hoffmann » dans Le Point .Références. Textes fondamentaux, «Romantisme», juillet-août 2010, p. 34).
C'est en analysant L'Homme au sable que Sigmund Freud* a forgé la notion d' « inquiétante étrangeté » pour désigner une « rupture dans la rationalité ordinaire de la vie courante » (ibid.).
L'Homme au sable (Extraits)
Représente-toi un homme aux larges épaules, surmontées d'une grosse tête informe, un visage terne, des sourcils gris et touffus sous lesquels étincellent deux yeux verts arrondis comme ceux des chats, et un nez gigantesque qui s'abaisse brusquement sur ses lèvres épaisses. Sa bouche contournée se contourne encore davantage pour former un sourire; deux taches livides s'étendent sur ses joues, et des accents à la fois sourds et siffleurs s'échappent d'entre ses dents irrégulières.
[...]
C'était plutôt une horrible et fantasque créature, qui partout où elle paraissait, portait le chagrin, le tourment, le besoin, et qui causait un mal réel, un mal durable. J'étais comme ensorcelé, ma tête restait tendue entre les rideaux, au risque d'être découvert et cruellement puni.
Source: L'Homme au sable dans Contes nocturnes, 1817, traduit par F. A. Loève-Veimars, publié dans Le Point, op. cit., p.35.