Fils d’Hamilcar Barca, il reçoit son éducation en Espagne par des précepteurs grecs. Chef de l’armée carthaginoise, il déclenche en 219 la deuxième guerre punique en attaquant Sagonte, alliée de Rome. D’Espagne, il traverse les Alpes et bat les Romains à Trasimène en 217. Vaincu à Zama en 202, il s’exile en Syrie où il se met au service d’Antiochos iii. Après la paix d’Apamée en 183, il se réfugie auprès du roi Prusias en Bithynie. Celui-ci ne pouvant plus assurer sa protection contre les envoyés de Rome qui viennent le réclamer, le Barcide se donne la mort en buvant une coupe de poison à Libyssa, près de l’actuelle ville turque de Brousse. Selon la typologie* de Baechler*, on peut inscrire cette mort volontaire dans la catégorie escapiste de la fuite* devant l’infamie de la défaite. La fuite est aussi une recherche de salut afin que l’honneur soit sauf. Elle épargne ou met à l’abri le moi menacé.
Voici comment Tite-Live décrit la mort d'Hannibal:
[39,51] (1) T. Quinctius Flamininus se rendit en ambassade à la cour de Prusias, qui était devenu suspect aux Romains pour avoir accueilli Hannibal depuis la défaite d'Antiochus et entrepris la guerre contre Eumène. (2) Là sans doute l'ambassadeur reprocha entre autres griefs à Prusias d'avoir donné asile à l'ennemi le plus acharné du peuple romain, à un homme qui avait soulevé sa patrie contre Rome et qui après l'avoir ruinée, avait fait prendre les armes au roi Antiochus. (3) Peut-être aussi que Prusias lui-même, voulant faire sa cour aux Romains et à leur représentant, résolut de mettre à mort un hôte si dangereux ou de le livrer aux ennemis. Du moins aussitôt après l'entrevue du prince et de Flamininus, des soldats eurent ordre d'aller investir la maison d'Hannibal.
(4) Ce général avait toujours pensé qu'il finirait ainsi, quand il songeait à la haine implacable que lui portaient les Romains et au peu de sûreté qu'offre la parole des rois. D'ailleurs il avait éprouvé déjà l'inconstance de Prusias et il avait appris avec horreur l'arrivée de Flamininus, qu'il croyait devoir lui être fatale. (5) Au milieu des périls dont il était ainsi entouré, il avait voulu se ménager toujours un moyen de fuir, et il avait pratiqué sept issues dans sa maison; quelques-unes étaient secrètes, afin qu'on ne pût y mettre des gardes. (6) Mais la tyrannie soupçonneuse des rois perce tous les mystères qu'il lui importe de connaître. Les soldats enveloppèrent et cernèrent si étroitement toute la maison, qu'il était impossible de s'en évader.
(7) À la nouvelle que les satellites du roi étaient parvenus dans le vestibule, Hannibal essaya de fuir par une porte dérobée, qu'il croyait avoir cachée à tous les yeux. (8) Mais voyant qu'elle était aussi gardée et que toute la maison était entourée de gens armés, il se fit donner le poison qu'il tenait depuis longtemps en réserve pour s'en servir au besoin. (9) "Délivrons, dit-il, le peuple romain de ses longues inquiétudes, puisqu'il n'a pas la patience d'attendre la mort d'un vieillard. (10) Flamininus n'aura guère à s'applaudir et à s'honorer de la victoire qu'il remporte sur un ennemi trahi et désarmé. Ce jour seul suffira pour prouver combien les moeurs des Romains ont changé. (11) Leurs pères, menacés par Pyrrhus, qui avait les armes à la main, qui était à la tête d'une armée en Italie, lui ont fait dire de se mettre en garde contre le poison; eux, ils ont envoyé un consulaire en ambassade pour conseiller à Prusias d'assassiner traîtreusement son hôte."
(12) Puis, après avoir maudit la personne et le trône de Prusias, et appelé sur sa tête le courroux des dieux vengeurs de l'hospitalité trahie, il but le poison. Telle fut la fin d'Hannibal.
Source: Tite-Live, Histoire Romaine, Livre XXXIX : Les événements des années 187 à 183 av. J.C.
(http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXXIX.html#50)
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