Né à Laxenburg le 21 août 1858, archiduc héritier, fils de François-Joseph, empereur d’Autriche, et de l’impératrice Élisabeth. Ornithologue par goût et militaire par carrière, esprit libéral et progressiste, il fut réfractaire au conformisme politique de son père qu’il avait pris en aversion. Malheureux dans son mariage avec la princesse Stéphanie, fille de Léopold II, roi de la Belgique, dont il eut une fille appelée Erzsi, il connut plusieurs aventures amoureuses. Il eut recours à l’alcool et à la drogue afin de combattre non seulement des malaises physiques, mais aussi sa gêne dans les mondanités et les cérémonies officielles. Il déplut à la cour impériale à cause de son tempérament excessif. Constamment traqué par la police impériale qui agissait sur l’ordre d’un père sévère et inquiet de la conduite de son fils, il souffrit d’une sensibilité exacerbée. Il fut compromis dans un jeu politique où il soutint les revendications de l’opposition hongroise en faveur d’une armée indépendante.
La liaison avec Marie Vetsera*, fille de la baronne Hélène Vetsera, date de novembre 1888. Rodolphe est frappé par la ressemblance de Marie, de type oriental, avec la fille du cantor de la synagogue de Prague qui mourut d’amour pour lui et dont il fleurit la tombe au cimetière juif de la même ville. En gage de son amour, Rodolphe offre à Marie un simple anneau de fer à l’intérieur duquel sont gravées les initiales de In Liebe vereint bis in dem Tod («Unis dans l’amour jusqu’à la mort»). Décidé de se tuer, il aurait proposé à la jeune fille de dix-sept ans de l’accompagner dans la mort, ce que celle-ci, dans une grande ferveur d’amour sacrificiel, aurait été heureuse d’accepter. Dans le pavillon de chasse de Mayerling, Rodolphe aurait tué Marie avant de porter l’arme contre lui. Des faits troublants semblent contredire la version officielle de la double mort volontaire. La thèse de l’assassinat politique ne peut pas être écartée. Pris dans un piège, Rodolphe aurait été assassiné et Marie, témoin gênant, aurait été supprimée par la suite. Voir à ce sujet le dossier constitué par Jean Des Cars, «Révélations sur le drame de Mayerling», dans son livre Élisabeth d’Autriche ou la fatalité (Paris, Perrin, 1983, p. 417-424). Cependant, dans un petit secrétaire de son cabinet de travail, on a trouvé des lettres d’adieu* adressées à sa mère, à sa sœur Valérie et à sa femme. À sa mère, il écrit qu’il n’a plus «le droit de vivre». À sa femme, il laisse le message suivant: «Ma chère Stéphanie, Tu es délivrée de ma présence et libérée du fléau que je suis. Sois heureuse comme tu l’entends. Sois bonne pour la petite qui est tout ce qui reste de moi. Dis un dernier adieu à tous ceux que je connais […]. Je vais calmement vers la mort qui seule peut sauver l’honneur de mon nom. Je te serre affectueusement dans mes bras. Ton Rodolphe qui t’aime». À propos de la mort tragique de son fils et de son amante, l’impératrice note: «Quand il se met à détruire, le grand Jéhovah est comme la tempête», et: «Ils n’ont vécu que pour leurs rêves et la tristesse leur a été plus chère que la vie entière» (C. Bertin, Mayerling ou le destin fatal des Wittelsbach, Paris, Perrin, 1967, p. 313-314).