Photographe, journaliste et écrivain. Homosexuel, atteint du sida*, il révèle sa maladie dans À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (Paris, Gallimard, 1990), suivi de Le protocole compassionnel (Paris, Seuil, 1991). «De son mal mortel, il va faire le grand reportage de sa vie. Il se photographie pour des journaux, se raconte roman après roman, se filme à l’état de moribond pour la télévision. Il expose sa dégradation physique, la jette en pâture aux bien-portants pour mieux en mesurer l’effet. Jusqu’à sa mort, tenant au jour le jour la chronique de sa lente agonie, Hervé Guibert devient le best-seller du sida, la star du rétrovirus» (M. de Rabaudy, «Le trompe-la-mort», L’Express livre, 6 décembre 2001). Il meurt, à l’âge de 36 ans, des suites d’une tentative de suicide*, car il ne pouvait plus supporter sa lente agonie. À ce sujet, Michel Thévoz nous apprend que «l’intervention de médecins alertés in extremis, on ne sait pas trop comment, a eu pour résultat qu’il a agonisé encore pendant quatorze jours à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart: en dépit de la résolution qu’il avait prise, on l’a donc contraint à mourir effectivement du sida. Doit-on comprendre que, pour avoir tenté de se soustraire à une fin atroce, Hervé Guibert a été puni, à l’instar de ces condamnés à mort qui font une tentative de suicide et qu’on réanime tant bien que mal pour qu’ils n’échappent pas au supplice?» («Le syndrome de l’infirmière autrichienne», dans A. Kiss (dir.), Suicide et culture, p. 171). Hervé a réclamé dix ans de silence comme condition à la parution de son journal Le mausolée des amants (Paris, Gallimard, 2001), qu’il a rédigé entre 1976 et 1991 et dont il a confié à Christine sa volonté de le faire publier. Il l’avait épousée juste avant de mourir, elle était la mère de deux enfants, dont le père était l’amant de Guibert, contaminé comme lui et décédé peu après lui. La jeune femme a respecté sa volonté. Le mausolée des amants est d’abord «une écriture du corps, cet objet où s’inscrit d’emblée notre mortalité. Le corps désirant et assouvi (c’est souvent assez cru, merci), souffrant, le dégoût de son propre corps malingre. […] “L’idée que dans un art il faut laisser sa peau”, notait-il en citant Van Gogh*. Chez Hervé Guibert, tout était chair à écriture. Une écriture qu’il maniait comme un scalpel dur et tranchant, précis et lumineux, planté dans son propre corps et dans celui des autres, avec la même âpreté amoureuse et douloureuse» (Marie Labrecque, «De chair et de sang»,