L'Encyclopédie sur la mort


Gueran Paloma

 

 

Je suis bretonne, îlienne de surcroit, professeur d'espagnol quasi en retraite! Je dis à cette langue mon amour de la poésie, de l'écrit en général et de la peinture! J'aime à jeter, de temps à autre mes cris, mes bonheurs ou déchirures sur l'aéroport «papier», ceci sans autre prétention que de rencontrer une oreille, un coeur à l'écoute. Ceci me sauve de l'indifférence d'un monde trop matérialiste, qui ne voit plus l'autre! Je suis une Don Quchotte des mots et mon amour de la langue espagnole n'a d'égal que celui de la langue française et de mon île Groix où se terrent mes racines.

 

 

 

 

SILENCE


Mon piano s'est tu


Les doigts agiles ont déserté le clavier


Il s'est tu et sa mélodie


S'est faite plainte, douleur, absence.


Il attend que d'autres doigts


Viennent le faire pleurer, gémir


Chanter la joie et le bonheur


Qui l'ont déserté.


Il est devenu respectable, respecté


Presque tenu à distance


Pourtant il s'est fait écho


De toutes les joies, les douleurs.


PIANO, ami, compagnon


Tu redeviendras son


Bémols, dièses, pause,


Lento, moderato briseront ton silence.


Ce jour là , tu chanteras 


L'ami parti et l'absence


Aura le visage de sa présence.


Paloma GUERAN

© tous droits réservés, 1 janvier 2013.

******

Hors d'atteinte


L'océan lui tend les bras

Elle y plonge sans hésiter


Le bien-être du flux


La saisit avec délice.


Elle a choisit le couchant


Et nage dans le rayon


Qui s'étale et l'appelle


Vers ce lointain incertain.


Son corps s'est évanouit


Seul le bonheur


Glisse sur lui


Comme en apesanteur .

Soleil couchant , TURNER
Sa silhouette devient


Invisible et n'existe


Plus que le but


A atteindre!


Disparaître, se fondre


Dans ce soleil qui se noie.


Rejoindre l'immensité 


S'affranchir des limites.


Temps, espace, limites
Rien de tout cela!


Abolies les contraintes


Être enfin hors d'atteinte!


Paloma GUERAN



© tous droit réservés, 1 janvier 2013

*****

Froid

Ma chair

Tremble.

Mon âme

Vacille

J'ai si mal

De Toi

Ton absence

Déchire

Mon coeur.

Je n'ai plus

De larmes.

J'ai si froid.

Paloma GUERAN

© tous droits réservés, 1 janvier 2013

*****

Le chemin


Abrupts, 


Champs Elysées!


Sur une pierre,


Mon frère, une petite fille


Dans les bras.


Deux ombres se penchent


Sur son épaule


Une femme, la sienne


Une autre plus jeune


Sa fille.
Des pierres, des oasis


Des mains se tendent


Des bras m'appellent.
Je chemine


Et retrouve tant


D'êtres aimés


Qui m'ont abandonnée.


Au bout, deux silhouettes
Immobiles


Figés dans un amour


Sans faille


M'espèrent:


Mes Parents!


Paloma GUERAN


© tous droits réserves, 1 janvier 2013.

*****

Ne demande pas ....


Ne demande pas à mon visage


Un sourire
Il est absence, tristesse


Qu'il s'efforce à masquer.


Ne demande pas à ma main


De se tendre


Elle se crispe et se ferme


Lasse de ne rien recevoir.


Ne demande pas à ma bouche


De s'ouvrir
Les mots ne sont que douleur


Et elle se préfère muette.


Ne demande pas à mon cœur


De t'héberger
Il est trop rempli d'absences


Qui font chavirer ma vie.


Ne demande pas à mes yeux


De s'ouvrir
Ils sont tournés à l'intérieur 


Sont devenus aveugles.
Ne demande pas à mon corps


De se donner


Il est une plaie béante


Une désespérance.


PALOMA GUERAN

© tous droits résevés, 1 jnvier 2013.

*****

Le cœur à marée basse. À Sylviane, mon amie.
        La mère s'est retirée loin du rivage,


Oublieuse de l'enfant, son ouvrage.


Elle a tout emporté dans son sillage,


L'enfant reste seul sans son bagage.
        Longitude, latitude n'ont plus de sens,


Qui est-il ayant perdu son innocence,


Béance, enfance, non-sens, absence,


Il reste là, égaré dans le silence.
        Le bateau a largué ses amarres,

Laissant à quai son équipage hagard.


La brume s'élève sans personne à la barre,


Il te faudra, enfant, naviguer vers le hasard.
        La pluie recouvre ton visage,


Tes yeux voilés se noient dans la vase,


L'horizon s'éloigne dans le lointain,


Te laissant à jamais l'orphelin.
        

Jeanine GUERAN 29 février, 2012

© tous droirs réservés

*****

Déposer les armes


Je n'ai plus de force


Lutter toujours lutter


Que ne puis-je


Reposer, couler

.
La vague me submerger


Se laisser engloutir


S'anéantir


Mourir.


Pourquoi malgré mo

i
Le corps se défend


La main s'affole

Remonte à la surface.


J'aspire au néant


À l'inconscient 


À l'inconsistance


Au repos.

L'âme est volatile


Et le corps fragile


Il continuent 


Malgré leur mésentente.


Le fardeau est si lourd


Et les épaules fragile

s
L' échine ploie


Et s'étend sur la terre. 


Paloma GUERAN

© tous droits réservés, 1 janvier 2013

*****

Fille de la haute mer


Comme elle, je souffre des marées


J'ai des hauts et des bas


Qui me laissent exsangue 


Sur la laisse, le coeur à marée basse


Inerte, je reste là, attendant la main


Qui verra mes larmes salées


Et me rendra à la mère


Avec laquelle peut-être


Je me remettrai à flots.


Paloma GUERAN

.


 © tous droits réservés, 1 janvier 2013

*****

Le cri que nul n'entend!


Chaque jour, je pousse un cri.


Celui d'une souffrance jamais apaisée.


Pourtant nul ne le perçoit 


Le monde est- il sourd?


Le silence à cette douleur inouïe


Est-il le prix qu'il faut payer


Dans ce monde, où l'on vit a côté


Les uns des autres, dans la peur.


Peur, que l'autre ne perturbe mon confort


Peur, qui nous rend sourd à l'autre.


Peur de ce cri qui m'assourdit


Et que je ne veux entendre.

Égoïsme ou indifférence


Il est impossible de ré-enchanter le monde


Mieux vaut être tambour que harpe


Le son étouffe le silence.


Il faut pour survivre, se déprendre


De soi, se défaire du moi.


Faire semblant de vivre


Dans le même jour que les autres

.
Le suicide n'est pas au goût du jour


Vivons dans le paraître


Et acceptons de ne pas re- naître.


Tel est le prix du cri étouffé.

Mujer llorando, P. PICASSO


Car mon cri muet
Ne trouble, ni ne ride,


La surface du miroir


De la tranquillité .


PALOMA GUERAN



© tous droits réservés.1 janvier 2013.

*****

Qui


Qui pourrait


Me dire


Si je suis,si j'existe


Et pour qui.


Je regarde


Dans les yeux


De ceux qui l'évoquent


Leurs mots ne dessine


Aucune image.


Celle dont on parle


M'est étrangère


Elle n'est qu'un masque


Sans personnalité.


Comédie du monde


Art du paraître


Non à l'intérieur


"Je" souffre


Et pourtant


Il me faut taire


Celle douleur


D'une nature morte.


Paloma GUERAN

© tous droits réservés, 1 janvier 2013.

*****

Copie non conforme


Elle ne se différenciait de personne,


Son physique, sa voix n'étonnaient,


Aucune attitude qui ne détonne,


Mais bien peu qui l'aimait.


La solitude était sa compagne,


Les livres et le silence, ses amis,


La musique chantait son vague à l'âme,


Et ses doigts couraient sur sa mélancolie.


Parfois, quand l'étau de l'angoisse l' étreignait,


Elle écrivait livrant à la page son néant,


Pourtant que d' émois la tenaillaient,


Mais en elle tout restait béant .


Elle ignorait encore, malgré son âge,


Qu'elle était autre et heurtait la bienséance,


Qui aurait pu lui dire qu'elle n'était que mirage,


Et qu'à sa présence, on préférait son absence.


Elle apprit à s'effacer, se soustraire,


Elle sut qu'à la parole, mieux valait le silence,


Ses émotions, son essence s'envolèrent,


A sa vie, elle préféra l'oubli et l'enfance.


Elle vit, croit-on dans la supériorité,


Que lui confère, des autres l'indifférence,


Alors elle pose le masque de la fierté,


Sur son visage qui n'est qu'apparence.


Par des chemins, détournés,


Elle feint, de la vie l'existence,


Et s'en va peu à peu effacée,


Vers le tombeau de l' Absence.


Paloma GUERAN





      

© tous droits réservés,1 janvier 2013.

*****

Brisée, rompue


Une aile cassée


Et l'envol devient


Impossible.


Conscience des limites


Je deviens modeste


Et apprends ma finitude.

Le corps trop lourd
L'esprit reste


À terre.


Fait connaissance


Avec la fragilité


De son devenir

.
Fracture


De la vie


Retour aux confins


Avant-goût


De l'éphémère.


Paloma GUERAN


© tous drots réservés, 1 janvier 2013.

*****

L'épave

Elle gît sur le sable, solitaire et éventrée.

Ses flancs déent et gémissent sous le vent.

Les lames meurtrières battant son côté.

Da douleur est muette et nul ne l'entend.

Elle a perdu son gouvernail.

Son équipage l'a désertée,

Elle a connu l'écueil.

Elle reste inanimée.

Pourtant, elle avaot fière allure.

Gréée de sa robiste mature.

Elle bondissait sur la crête des vagues.

Aujourd'hui, elle a du vague à l'âme.

Paloma GUERAN

© tous droits réservés, 1 janvier 2013.

*****

Silence
Ne pas réveiller


La conscience


L'inconscience 


L'innocence.


Ne pas éveiller


La méfiance.


Rester dans la 


Décence


Le silence


Et l'absence.


Se fondre 
Et feindre


L'indifférence.


Tel est le prix


Pour éviter


Le mépris


Et rester en vie.

Paloma GUERAN

© tous droits réservés, 1 janvier 2013.

 

Date de création:2013-01-07 | Date de modification:2013-01-08

Notes

Ces poèmes sont publiés avec la bienveillante autorisation de Jeanine Gueran.

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