Philosophe présocratique de l’école de Pythagore* et médecin. Personnage excentrique, figure politique et ardent défenseur de la démocratie, il fut banni d’Agrigente, sa ville natale. Il termina sa vie dans le Péloponnèse. Selon la légende, il aurait remporté une victoire aux jeux olympiques et se serait jeté dans les cratères de l’Etna laissant au bord une de ses chaussures comme preuve de sa mort. D’après une autre version, il erra une nuit aux alentours de l’Etna et disparut à jamais. À l’aube, le volcan vomit ses sandales de bronze. Ainsi, selon Lacan, il «laisse à jamais présent dans la mémoire des hommes cet acte symbolique de son être pour la mort.» (Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 320).
Empédocle s'est montré capable dune action «unique et formidable» (Deleuze), «trop grande pour lui»: il se précipite dans le chaos pour que de son moi se dissolvant naisse un monde nouveau. «Car c'est mourir que je veux. C'est mon droit.», fait dire Höldelin à Empédocle dont la chute volontaire dans l'Etna , telle qu'en elle : «La pesanteur tombe, tombe, et la vie, Ether limpide, s'épanouit par dessus.» (Hölderlin, Empédocle, troisième version, dans Oeuvres, trad. fr. R. Rovini, Paris Gallimard, 1967, p. 573, cité par J.-C. Goddard, Violence et subjectivité. Derrida, Deleuze et Maldimey, Paris, J. Vrin, «Moments philosophiques», 2008, p.14)
L'obsession d'Empédocle pour le feu de l'Etna a donné naissance en psychanalyse au «complexe d'Empédocle». Bachelard met cette attirance du feu en rapport avec la rêverie éveillée devant le feu, phénomène observé universellement chez les humains: «elle amplifie le destin humain; elle relie le petit au grand, le foyer au volcan, la vie d’une bûche et la vie d’un monde. L’être fasciné entend l’appel du bûcher. Pour lui la destruction est plus qu’un changement, c’est un renouvellement. Cette rêverie très spéciale et pourtant très générale détermine un véritable complexe où s’unissent l’amour et le respect du feu, l’instinct de vivre et l’instinct de mourir». (Gaston Bachelard, La psychanalyse du feu, Paris, Gallimard, 1949)
«Mais les jours de ma gentillesse, on apportait le gaufrier. Il écrasait de son rectangle le feu d'épines, rouge comme le dard des glaïeuls. Et déjà la gaufre était dans mon tablier, plus chaude aux doigts qu'aux lèvres. Alors oui, je mangeais du feu, je mangeais son or, son odeur et jusqu'à son pétillement tandis que la gaufre brûlante craquait sous mes dents. Et c'est toujours ainsi, par une sorte de plaisir de luxe, comme dessert, que le feu prouve son humanité. Il ne se borne pas à cuire, il croustille. Il dore la galette. Il matérialise la fête des hommes. Aussi haut qu'on puisse remonter, la valeur gastronomique prime la valeur alimentaire et c'est dans la joie et non pas dans la peine que l'homme a trouvé son esprit. La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.»(op. cit. p. 37-38).
Empédocle semble avoir cru dans la métempsycose permettant aux âmes l'expiation des «Si jamais l'une des âmes a souillé criminellement ses mains de sang, ou a suivi la haine et s'est parjurée, elle doit errer trois fois dix mille ans loin des demeures des bienheureux, naissant dans le cours du temps sous toutes sortes de formes mortelles, et changeant un pénible sentier de vie contre un autre.»
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