Né à Munich le 6 mai 1943, fils de Berndt Philipp Baader, historien et archiviste de l’État de la Bavière, qui meurt sur le front russe en 1945. Sa mère Anneliese élève seule son enfant et pourvoit à ses besoins en travaillant comme dactylo. Surprotégé par sa mère et un entourage féminin, Andreas change souvent d’école et devient un petit délinquant qui ne parvient à se faire apprécier ni par ses camarades de classe ni par ses maîtres. Sans diplôme ni emploi, il s’installe à Berlin chez une femme mariée, Ellinor Michel, artiste peintre engagée et généreuse, qui ouvre sa porte à des jeunes sans abri. En 1965, il aura d’elle une fille, Suse. En 1968, il abandonne la mère et l’enfant pour Gudrun Ennslin*, qu’il vient de séduire et dont il assimile le jargon révolutionnaire. C’est avec Gudrun et deux autres copains qu’il organise l’incendie criminel du Kaufhof, grand magasin à Francfort, et qu’il écope une sentence de trois ans de prison. En liberté provisoire, leur cause étant allée en appel, Gudrun, assistante sociale, et Andreas tentent d’abord une expérience d’intervention auprès d’un groupe d’adolescents de quinze à vingt ans, apprentis fugitifs de leurs foyers de réhabilitation et protégés par l’œuvre des diacres. Ils s’enfuient en France. De retour en Allemagne, Andreas est arrêté en avril 1970 pour excès de vitesse une nuit où, avec Horst Mahler et d’autres camarades, il est à la recherche d’armes enfouies dans un cimetière. Grâce à un plan savamment orchestré par Ulrike Meinhof* et Gudrun, il réussit à s’évader le 14 mai de l’institut allemand des affaires sociales de Dahlem où il est autorisé, sous garde, de faire des recherches documentaires sur «les jeunes en marge de la société». Le 2 juin, l’agence allemande de presse reçoit un avis qui annonce la naissance de la Fraction armée rouge (raf). Ce groupe est mieux connu par le grand public comme la bande à Baader. Andreas y joue le rôle de provocateur pour qui, selon ses propres mots, le crime est une forme d’action politique. Arrêté à Francfort avec d’autres membres de la bande en 1972, il reçoit en prison la visite de Jean-Paul Sartre, en décembre 1974. Il est condamné à la détention à perpétuité en 1977. Le 18 octobre de la même année, on le trouve mort par balle dans la prison de Stammheim à Stuttgart. Sa mort, volontaire ou non, est la conséquence prévisible de la répression d’un État qui tente de guérir ses blessures morales de la seconde guerre mondiale et ne peut tolérer ni ce jeu avec la terreur sur son territoire ni la destruction de ses institutions. Elle est l’aboutissement d’une vie, vécue dans l’absence du père, où toute autorité, considérée comme une usurpation du pouvoir, doit donc être défiée. Dans ces conditions extrêmes, l’État se croit légitimé, au nom de la sécurité publique, d’exercer l’autorité du père manquant par un châtiment irréversible, sans compassion ni complaisance.
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