Le suicide est un phénomène universel qui touche tous les groupes d’âge. Cependant, selon les études statistiques menées dans divers pays, le taux de suicide augmente avec l’âge. Par exemple, en 1999, en France*, chez les jeunes hommes de 15 à 24 ans, le taux de décès par suicide est de 12,3 sur 100 000. Ce nombre croît régulièrement avec les tranches d’âge. Ainsi, il double (26,1) pour les 25-34 ans et continue sa progression chez les 35-44 ans (35,8). Il se stabilise chez les 45-54 ans (34,3) et de 55-64 ans (31,3), augmente à 39,6 chez les 65-74 ans et grimpe jusqu’à 80,5 chez les hommes de 75 ans et plus. Cette croissance est moins forte chez les femmes, qui accusent un taux relativement bas dans le groupe des 15 à 24 ans (3,4) pour monter progressivement chez les 25-34 ans (7,7), chez les 35-44 ans (14,9), se stabiliser entre 45 et 74 ans (respectivement 14,9, 14,1 et 14,8) et atteindre 17,5 dans le groupe des 75 ans et plus. Aux États-Unis*, en 2000, cette croissance est moins spectaculaire. Le taux de suicide chez les hommes se situe à 17,0 sur 100 000 chez les 15-24 ans et à 19,6 chez les 25-34 ans, pour se stabiliser près de 22 chez les 35-74 ans et doubler chez les 75 ans et plus (42,4). Chez les femmes, le taux est de 3,0 entre 15 et 24 ans et de 4,0 pour les 65 ans et plus. Il est légèrement plus élevé entre 35 et 64 ans et se situe autour de 6,0 et 7,0. Au Canada*, en 2000, le taux de suicide chez les hommes se situe entre 20 et 27 sur 100 000 de 15 à 74 ans et plus, les taux les plus élevés surviennent entre 35 et 44 ans (27,4) et à partir de 75 ans (27,7), et le taux le plus bas se trouve chez les 65-74 ans (16,9), ce qui est une exception par rapport au ratio mondial. Chez les femmes, le taux est de 5,5 entre 15 et 34 ans, 7,3 entre 35 et 44 ans, il monte à 9,2 entre 45 et 54 ans et descend graduellement jusqu’à 2,8 chez les 75 et plus. Au Québec*, dans les années 1999–2001, la distribution des suicides selon le groupe d’âge ne connaît pas cette courbe de croissance contrairement à la plupart des pays de l’Europe* et aux États-Unis. C’est le groupe des 30 à 49 ans qui est le plus touché avec un taux de 48,6 sur 100 000 personnes et, au sein de celui-ci, les femmes (51,7 comparativement à 47,8 chez les hommes). Les jeunes de 15 à 19 ans ainsi que les personnes âgées de 65 et plus ont un taux de suicide inférieur à 10. En Chine*, une sélection, faite en 1999 dans le milieu rural et urbain, montre une progression croissante du taux de suicide selon le groupe d’âge. Le taux croît de 6,9 sur 100 000 personnes pour les 15 à 24 ans à 16,1 pour les 25-34 ans, descend légèrement à 13,2 pour les 35-44 ans, augmente à nouveau jusqu’à 21,9 chez les 55-64 ans, double chez les 65-74 ans (41,3) et triple chez les 75 ans et plus (70,7). La vulnérabilité de certains groupes d’âge dépend, en bonne partie, de la trajectoire historique que chacun a dû emprunter selon la variabilité des contextes sociopolitiques de son pays et de sa région, des événements qui ont jalonné sa vie ainsi que de son tempérament. Il n’est donc pas étonnant que, dans un pays en transition* comme la Lituanie*, ceux qui ont connu l'occupation nazie et soviétique présenteront un taux élevé de suicides, même en changeant de groupe d’âge. Ainsi le taux de suicide élevé (154,6 sur 100 000) que la Lituanie affiche aujourd’hui pour les hommes de 45-54 ans fera probablement grimper dans une décennie le taux actuel des 55-54 ans et ainsi de suite.