L'Encyclopédie sur la mort


Une perdrix

Hector de Saint-Denys-Garneau

«Même s'il affirme ne pas craindre la mort, Garneau l'accepte avec inquiétude. La vérité de ce mal est le point aveugle de son savoir. Encore en 1938, à partir de l'image d'une perdrix qu'il vient d'abattre, le poète ne cesse de s'interroger sur la mort [...] , le travail de la pulsion de mort est ressentie telle une béance dans sa poitrine; une béance, condition de toute intériorité, une béance où le destin émerge comme l'énergie au sein du vacuum, une béance qui le met en contact avec l'idée insoutenable de l'effacement de soi, du monde et de Dieu.» (François Charron)
Elle est sur la table, encore tiède. Ses beaux yeux bleus sont recouverts de leur paupière blanche, tapissée de minuscules plumes blanches. Et c'est vide, vide de vie. Comment se fait-il que ça a été et c'est fini? C'est une chose qui attend la décomposition. La vie est venue, elle était avec l'oiseau, l'oiseau et la vie étaient un ensemble, puis la vie tout à coup s'est retirée. Il ne reste plus que l'oiseau, l'apparence de l'oiseau. Où est allée la vie? Pour un homme, c'est différent. L'idée de vie chez lui est toujours associée à l'idée de l'âme, on croit que c'est l'âme la vie et qu'elle est partie avec, gardant sa forme et son identité (quoique ce soit inexact, car il paraît que c'est un mystère comment l'âme peut vivre séparée du corps). Mais la vie de l'oiseau où est-elle allée? (Lettre de Saint-Denys-Garneau à Le Moyne)
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30