Vitesse

Les 5 types de vitesse dans les transports (Jean Robert)

«Il convient de distinguer cinq types de vitesse: la vitesse technique, la vitesse de circulation, la vitesse porte à porte, la vitesse porte à porte à vol d'oiseau, la vitesse généralisée.

— Par vitesse technique d'un véhicule, j'entends celle pour laquelle il a été dessiné à performance moyenne: pour l'automobile, elle est d'environ 80km/h;

— la vitesse de circulation est la vitesse des flux de véhicules mesurée sur routes ou sur voie; elle dépend de l'état du trafic, c'est-à-dire de la composition des comportements de tous les conducteurs;

— la vitesse porte à porte d'un déplacement s'obtient en divisant la distance en ligne (ou mesurée sur route) entre l'origine et la destination par le temps écoulé entre le départ et l'arrivée; elle tient compte des temps de non-transport (marche et attente) annexés par les transports;

— la vitesse porte à porte à vol d'oiseau est le quotient de la distance à vol d'oiseau (ou en ligne droite) entre l'origine et la destination par le temps de déplacement d'une porte à l'autre; elle ne fait pas apparaître comme un « gain de vitesse » le nécessaire rallongement des distances sur routes imposé par les véhicules rapides et permet donc de confronter - pour des vitesses apparemment dissemblables - la valeur de déplacement d'un mode de transport donné à celle de la marche ou de la bicyclette dans un espace non déformé par la géométrie des transports;

— la vitesse généralisée d'un mode de transport tient compte de la quantité de travail nécessaire à celui qui s'en sert pour acquérir le moyen d'être transporté; pour l'obtenir, il faut diviser le kilométrage annuel effectué par ce mode, par le temps passé en un an dans ce mode de transport et à l'extérieur, par exemple à gagner de quoi le payer; Jean-Pierre Dupuy a calculé que, pour toutes les classes de revenus « moyennes » - de salarié agricole à cadre supérieur, à l'exclusion des millionnaires-, la vitesse généralisée de la bicyclette est égale ou supérieure à celle de l'automobile ; seuls les très riches gagnent vraiment du temps en auto. Les autres ne font qu'effectuer des transferts entre temps de travail et temps de transport.

Les sociétés industrielles consacrent entre le quart et le tiers de leur budget-temps social à la production des conditions d'existence de la vitesse.»

JEAN ROBERT, Le temps qu'on nous vole, Paris, Seuil, 1980, p. 64 (Reproduit avec l'autorisation de l'auteur)

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Propos recueillis par Julie Calvé, Affaires Plus, octobre 1999.

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«Rome, il y a deux mille ans, avait près d'un million d'habitants. La société romaine consacrait moins de 7 % de son budget en temps social au transport et à la production de ses outils. Transformant ce temps en voyages, les Romains se hâtaient lentement à 4 kilomètres à l'heure, ou cavalaient à 20, comme Gengis Khân.

En ces deux mille ans qui nous séparent d'eux, quel progrès technique, quantifiable, de la célérité des hommes a été rendu possible par l'augmentation du temps consacré aux transports?

La vitesse technique des véhicules terrestres a été multipliée par dix ou vingt.

La vitesse de circulation moyenne du trafic urbain a triplé: dans les métropoles, elle oscille autour de 15 km/h, tous véhicules compris, et est inférieure dans les petites villes. Les ingénieurs tentent en vain d'accroître, au-delà de ce seuil, les vitesses de circulation : lorsqu'ils parviennent à le faire sur une voie, ils ralentissent la circulation sur les autres.

La vitesse porte à porte moyenne des transports est, à Paris, de 10 km/h pour les transports collectifs et de 14,5 km/h pour les véhicules privés. Elle est en baisse régulière pour les autobus. Dans les villes plus petites, les vitesses porte à porte moyennes sont bien inférieures à ce qu'elles sont dans les métropoles: une enquête du SETRA portant sur les villes de province de plus de 100 000 habitants donne : 5,5 km/h pour les transports collectifs, et 9,5 km/h en moyenne pour les véhicules privés.

La vitesse porte à porte à vol d'oiseau des déplacements Paris-Paris est, en moyenne journalière, de 6,9 km/h pour les transports collectifs et de 9 km/h pour l'automobile; durant les heures de pointe, elle baisse à 6,8 km/h pour les transports collectifs et à 7,5 km/h pour les autos. Dans certains secteurs, et à certainesheures, elle est inférieure — pour les deux types de modes de transport — à celle de la marche.

La vitesse généralisée de la voiture individuelle est, pour les catégories socioprofessionnelles moyennes, de l'ordre de 10 km/h; un contremaître motorisé typique passe entre le quart et le tiers de sa journée de travail à payer sa voiture.»

JEAN ROBERT, Le temps qu'on nous vole, Paris, Seuil, 1980, p. 64 (Reproduit avec l'autorisation de l'auteur)

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