Tabac
«Le Tabac, qui fait partie des infundibuliformes de Tournefort et de la pentandrie monogynie de Linné, est de la famille des solanées de Jussieu; famille dont toutes les plantes ont l'aspect triste, ce qui doit en faire suspecter l'emploi; et, en effet, il peut être dangereux. (Voir le commentaire sur l'aspect triste du tabac)
A part les résultats qu'a obtenus M. Koelreuter, pour se procurer des hybrides, le genre nicotiana, qui se prête du reste extrêmement à ces essais, offre une grande quantité d'espèces ; on pourrait, à la rigueur, en compter une vingtaine de remarquables, chaque pays peut en offrir. Nous ne citerons que la N. major, du Mexique ; la N. paniculata, du Pérou ; la N. pusilla ou minima, du Chili ; la N. glu. tinosa, du Pérou ; la N. rustica, d'Europe peut-être, pour sûr de toute l'Amérique ; la N. fructicola, de la Chine; la N. quadrivalvis, du Missouri ; la N. ures, ou tabac brûlant, plante vivace de l'Amérique méridionale, qui porte des feuilles hérissées de poils très. fins et piquants, causant de vives démangeaisons lorsqu'on y touche ; la N, undulata, de la Malmaison ; la N. latifolia, etc. Nous ne distinguerons point toutes ces espèces, mais nous croyons indispensable de donner les caractères du genre :
Racine annuelle , d'où s'élève une tige dressée, rameuse, cylindrique, haute de 60 centim. à 1 m. 50, pubescente et visqueuse. Les feuilles sont alternes, très grandes, ovales, aiguës, rétrécies à la base, sessiles, pubescentes et légèrement visqueuses sur les deux faces, exhalant, ainsi que les autres parties de la plante, une odeur vireuse très désagréable (elles ne prennent une odeur forte, piquante et agréable, pour les personnes accoutumées, qu'après avoir subi la fermentation); elles sont longues de 30 centim. et plus, larges de 8 à 16 centim. Les fleurs sont grandes, roses (celles du rustique sont vertes ; du quadrivalve, blanc-bleuâtre), disposées en une sorte de panicule aux extrémités des rameaux. Le calice est tubuleux, ventru, quinquefide, à divisions aiguës au sommet; la corolle est infundibuliforme, pubescente en dehors; son tube est cylindrique, deux fois plus long que le calice, évasé à son sommet ; le limbe est étalé, comme étoilé, à cinq divisions peu profondes, larges et aiguës ; les étamines sont au nombre de cinq, de la longueur du tube, insérées vers le milieu de sa hauteur ; les filets sont tubulés, velus à leur partie inférieure ; les anthères sont ovoïdes, obtuses, bifides inférieurement, à deux loges opposées, s'ouvrant par un sillon longitudinal. Le pistil se compose d'un ovaire ovoïde, aigu, tronqué à sa base, appliqué sur un disque hypogyne jaune, peu distinct, sinon par la couleur, de la partie inférieure de l'ovaire : celui-ci est à deux loges, renfermant chacune un très grand nombre de petites ovules, recouvrant toute la surface de deux trophospermes très saillants, convexes, attachés vers l'axe par un pédicule étroit. Le style est à peu près de la longueur des étamines; il est glabre et cylindrique, un peu élargi vers son sommet, qui supporte un stigmate aplati convexe, légèrement bilobé. Le fruit est une capsule ovoïde, un peu pointue, s'ouvrant naturellement en deux valves. Les graines sont très petites, irrégulièrement arrondies et rugueuses.
Le tabac, plante annuelle dans nos climats, est vivace dans certaines contrées d'Amérique, entre autres la Floride et le Brésil.
Histoire
Avant de parler de la culture, de la fabrication, du commerce du tabac, faisons connaître l'historique de cette plante.
A l'époque où les Européens découvrirent l'Amérique (1492), les Indiens faisaient déjà usage du tabac, soit pour réveiller leur esprit ou se procurer une sorte d'ivresse , soit pour guérir une foule de maladies, contre lesquelles ils croyaient cette plante souveraine. des prêtres, les devins américains, aspiraient la fumée du tabac à l'aide d'un long tube, lorsqu'ils voulaient prédire les événements ou lire dans l'avenir. C'est, dit-on, à l'Ile de Tabago, dans le golfe du Mexique, que les Espagnols connurent d'abord cette plante. On la désigna longtemps sous le nom de petun. En 1518, le navigateur Cortès envoya des grains de tabac à Charles-Quint. Quarante-deux ans après, en 1560, Jean Nicot, ambassadeur de François Il, roi de Portugal, en fit présent à la reine Catherine de Médicis et au grand prieur, ce qui fit donner au tabac le nom d'herbe à la reine, herbe au grand prieur, nicotiane. Mais le nom de tabac, substitué par les Espagnols à celui de petun, prit la place de toutes les dénominations dont cette plante avait été l'objet.
Ce ne fut gère qu'en 1600 que l'usage du tabac devint général. L'Angleterre l'avait reçu dès 1585 de Francis Drake. Plusieurs souverains tentèrent inutilement d'en proscrire l'usage à leurs sujets, parce qu'on le considérait comme une espèce de poison; la peine de mort fut même prononcée dans quelques contrées, mais tout fut inutile : le tabac triompha de ses ennemis.»
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