Stevenson Robert Louis
«J'aime les sabliers, les planisphères, la typographie du XVIIIe, le goût du café et la prose de Stevenson», a dit Borges, grand seigneur des raccourcis et de la perspective. Stevenson, en effet, possède une phrase toujours en route vers le coeur, les sens et l'esprit tout ensemble. Son style, que la traduction ne défait pas à tous coups, imprègne l'oreille et sonne l'âme. Longtemps le clair et naturel écho de sa voix résonne sur les voûtes du souvenir et du ciel intérieur.
D'une complexion fort maladive, qui servit de fondement ou de prétexte à d'incessantes émigrations, Stevenson a payé cher, pourtant, chaque ligne de son oeuvre. À peine a-t-il pu dépasser sa quarante-quatrième année, même aéré par les pleins espaces du Pacifique Sud, avant-dernière étape de sa liberté. «L'histoire de Stevenson, a dit Chesterton, est celle d'un homme hanté par un air, cherchant toujours les notes brisées d'une mélodie perdue, que lui-même appelait le chant du rossignol dévoreur de temps.»