Phidias
Athénien de naissance, fils de Charmidès, il fut l'élève d'Hégias ou Hégésias, sculpteur dont le style traditionnel, rude et sévère, rappelait l'art étrusque. Il se rendit ensuite à Argos, où se trouvait alors une des écoles les plus florissantes de sculpture; il y apprit entre autres, auprès de l'illustre Ageladas, la technique du bronze. Il revint dans sa ville natale, alors gouvernée par Cimon, et y exécuta un groupe de bronze consacré à Delphes en mémoire de la bataille de Marathon, une Athéna en bois doré et en marbre blanc, de même que la célèbre Athéna Promachos en bronze qui fut placée sur l'Acropole (456) et dont les navigateurs pouvaient voir la lance et l'aigrette depuis le Pirée.
Les frises du Parthénon
La renommée de Phidias était bien établie lorsque Périclès prit le pouvoir en 449 et entreprit des grands travaux d'embellissement d'Athènes. Il confia à Phidias la surintendance de la décoration du Parthénon et des Propylées, érigés sur l'Acropole entre 447 et 438, et dont les architectes furent Ictinos et Callicratès. Pour le Parthénon, Phidias supervisa la production d'un vaste programme décoratif réparti sur les deux frontons, dont l'un est consacré à la naissance d'Athéna (fronton oriental) et l'autre à la lutte de Poséidon et d'Athéna pour la domination de l'attique (fronton occidental). La décoration recouvrait également les frises à l'extérieur du temple où étaient célébrées les victoires militaires attribuées par les Grecs à la protection d'Athéna, de même qu'une longue frise ininterrompue à l'intérieur du temple où était représenté le cortège des Panathénées, fête donnée en l'honneur de la déesse. Plusieurs fragments de ces ouvrages en bas-reliefs subsistent, dans lesquels on reconnaît d'autres mains que celles du maître mais qui portent néanmoins l'empreinte immanente de Phidias. Ils sont aujourd'hui conservés au British Museum, au Louvre, à Naples et à Athènes.
Chefs-d'œuvre absolu de la sculpture grecque, ces bas-reliefs sont animés d'un mouvement plein de vie, majestueux; les dieux affichent cette dignité ordonnée chère à l'art grec; au vocabulaire du statuaire s'ajoute la ligne fluide – on sait que les sculpteurs grecs habillaient leurs modèles de tuniques imprégnées d'eaux pour mieux marquer le mouvement des plis – des drapés, la richesse des expressions et des attitudes, le rendu naturaliste des animaux, des chevaux cabrés, montés par de jeunes cavaliers athéniens aux silhouettes gracieuses et musclées. Phidias qui maîtrisait parfaitement l'anatomie, confère aux corps qu'il sculpte une grâce et un dynamisme admirablement contenus, exempt de tout souci de virtuosité.
L'Athéna Parthénos
Phidias sculpta pour l'intérieur du temple une statue colossale d'Athéna Parthénos (qui veut dire "jeune vierge") en or et en ivoire, haute de près de 12 mètres, dont le général et écrivain grec Pausanias nous a livré cette description: «La statue d'Athéna est faite d'ivoire et d'or. Au milieu de son casque est la figure d'un sphinx, et de chaque côté des griffons. La statue est debout, vêtue d'une tunique talaire, et sur la poitrine elle porte la tête de la Méduse en ivoire. La Victoire a environ 4 coudées de-haut. D'une de ses mains, la déesse tient la lance; à ses pieds est son bouclier, et près de la lance un serpent que l'on dit représenter Erichtonios; sur le piédestal de la statue est figurée la naissance de Pandore». Le musée national d'archéologie d'Athènes possède une copie de l'Athéna Parthenos réalisée au IIe siècle et qui fut retrouvée lors de fouilles en 1881 sur la place du Varvakéïon. Selon Pline, Phidias s'était dépassé en sculptant sur le revers et l'envers du bouclier, un combat des Amazones ainsi que qu'une Centauromachie, morceaux de bravoure qu'appréciaient particulièrement les Athéniens.
Le Zeus d'Olympe
Livré à la cabale de ses ennemis et des artistes envieux, il fut condamné à l'exil après qu'on l'ait accusé d'avoir fait preuve d'impiété en sculptant sa propre image sur le bouclier de la grande Athéna et d'avoir détourné des fonds et de l'or destiné à cette sculpture – accusation apparemment sans fondement. Il fut accueilli par les Éléens qui l'invitèrent à exécuter une statue chryséléphantine pour le temple d'Olympe. Rien n'aurait pu surpasser l'Athéna Parthénos, si ce n'est le Zeus Olympien de Phidias, une statue colossale en or et en ivoire, richement émaillée de métaux précieux. Cette statue allait définir à jamais l'image du dieu grec, trônant, la tête ceinte d'une couronne d'olivier, avec dans la main droite une Victoire et tenant de la main gauche un sceptre incrusté de pierres précieuses et surmonté d'un aigle. Ses chaussures étaient recouvertes d'or, de même que son manteau; ses pieds reposaient sur un tabouret supporté par des lions d'or; le tout était placé sur une large base décorée de bas-reliefs où étaient representés les dieux de l'Olympe. Nulle autre œuvre d'art ne fut aussi admirée dans l'Antiquité: elle figurait au nombre des Sept merveilles du monde. Pour Quintillien, la majesté de l'ouvrage de Phidias égalait celle-même de Zeus. «C'est la gloire de Phidias de compter parmi les rares esprits qui, dans le domaine de l'art, ont entrevu le divin, et l'ont réalisé dans la mesure des forces humaines.» (M. Collignon). Le Zeus d'Olympie ne nous est connu que par des témoignages d'auteurs de l'Antiquité et des pièces de monnaie élésiennes.
Les historiens font mention également de quelques autres œuvres dont l'Athéna Lemnienne (Bologne et Dresde), un Apollon Parnopien (Musée de Cassel), une Vénus Diadumène (Vénus Farnésienne, British Museum), ainsi qu'une Amazone dont Pline assure qu'elle fut le résultat d'une compétition entre Phidias, Polyclète et plusieurs sculpteurs, concours qui fut remporté par Polyclète. La copie la plus fidèle serait celle de la villa Hadrien.
Ses élèves les plus connus furent Alcamènes de Lemnos, Agoracrite de Paras ainsi que Colotès.