Gorbatchev Mikhail Sergeyevich
"Après Andropov et Tchernenko, Gorbatchev est devenu, en 1985, Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique. Il est apparu au départ convaincu du retard de l’Empire et hanté par sa décadence. Il restera célèbre par deux grandes réformes: Perestroïka et Glasnost qui avaient pour but de sauver l’URSS et son socialisme.
Sans effusion de sang, il a souhaité: - éveiller l’activité créatrice des masses,
- en finir avec la manipulation centrale de l’économie,
- faire disparaître l’arbitraire et rendre sa liberté à la religion orthodoxe,
Lénine avait voulu fusiller le plus grand nombre possible de prêtres : dès 1988, la religion n’était plus interdite.
Ce programme n’a pas été suivi d’effet, les magasins sont restés vides, l’agriculture est demeurée collective tout comme les entreprises d’État. La citadelle du plan a gardé son autorité sur l’immensité russe. On s’est donc trouvé en présence d’un gouvernement sans prise sur les relais du pouvoir. Les réformes voulaient rompre avec l’égalité des citoyens mais, les Russes ont préféré «être pauvres tous ensemble».
L’échec de Gorbatchev ne peut pas être attribué à sa seule méconnaissance de l’économie. L’environnement a été défavorable pour son projet : - l’arrivée du nouveau Pape a suscité un immense espoir en Pologne, entraînant la contestation du mouvement Solidarité dans les années 1980,
- la guerre en Afghanistan à partir de 1979 a démoralisé l’armée, qui a dû se retirer dix ans plus tard,
- le désastre de Tchernobyl a jeté le discrédit sur les technologies soviétiques,
- « la guerre des Étoiles » lancée par le Président Reagan en 1983 a semé la consternation et est apparue impossible à suivre,
- dans un climat permissif les nationalités se sont réveillées dans la «prison des peuples».
Enfin, la rivalité politique avec Boris Eltsine a fait perdre espoir au camp de Gorbatchev.
Le 25 décembre 1991, il démissionnait de la présidence de l’URSS. Le drapeau tricolore russe a alors remplacé sur le Kremlin l’étendard soviétique. En six ans, la Russie n’était plus une superpuissance globale, l’Allemagne s’est réunifiée en 1990 et l’Europe de l’Est s’est tournée vers l’occident.
Tocqueville avait tout prévu: «le régime qu’une révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait précédé. L’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer. Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver un prince qui entreprend de soulager ses sujets après une oppression longue»."
Source: Xavier de Villepin, "La Russie de Poutine", mars 2001 (Sénat de la République française)