Grands Lacs
En raison des importantes dimensions du bassin-versant, les caractéristiques physiques telles que le climat, les sols et la topographie varient d'un bout à l'autre de ce bassin. Au nord, le climat est froid et le terrain est dominé par le soubassement granitique appelé Bouclier canadien (ou laurentien) et constitué de roches précambriennes, recouvertes d'une couche généralement mince de sols acides. Les conifères sont dominants dans les forêts septentrionales.
Dans les régions sud du bassin, le climat est beaucoup plus chaud. Les sols sont plus profonds, et contiennent des couches ou mélanges d'argiles, de limon, de sables, de graviers et de blocs déposés sous forme de drift glaciaire ou de sédiments glacio-lacustres et fluvio-glaciaires. Les terres sont habituellement fertiles, et peuvent être facilement drainées à des fins agricoles. Les forêts originales de feuillus ont fait place aux zones agricoles et au développement urbain de type tentaculaire.
Bien que faisant partie d'un système unique, chaque lac est différent des autres. Du point de vue volume, le lac Supérieur est le plus vaste et aussi le plus profond et le plus froid des cinq. Le lac Supérieur pourrait contenir l'ensemble des autres Grands Lacs, et trois fois le lac Érié. Le lac Supérieur a de telles dimensions que l'eau y séjourne 191 ans. Le temps de séjour est déterminé à partir du volume d'eau dans le lac et du débit sortant moyen. La majeure partie du lac Supérieur est boisée, et contient peu de zones agricoles, le climat étant froid et les sols pauvres. En raison de la présence des forêts et de son faible degré de peuplement, le lac Supérieur reçoit relativement peu de polluants, sauf des polluants atmosphériques.
Le lac Michigan, qui est le second en dimension, est le seul Grand Lac qui soit entièrement contenu dans le territoire des États-Unis. Sa partie nord se trouve dans la région plus froide et moins développée des Grands Lacs supérieurs. Il est peu peuplé, sauf dans la région de la vallée de la rivière Fox, laquelle se déverse dans la baie Green. Cette baie abrite l'une des pêcheries les plus productives des Grands Lacs, mais reçoit les résidus et déchets de l'une des plus fortes concentrations au monde d'usines de pâtes et papiers. La partie sud plus tempérée du bassin du lac Michigan est l'une des régions les plus urbanisées du réseau des Grands Lacs. Elle englobe les zones métropolitaines de Milwaukee et de Chicago, avec une population d'environ 8 millions, ce qui représente à peu près le cinquième de la population totale du bassin des Grands Lacs.
Le lac Huron, qui comprend la baie Géorgienne, est en volume le troisième plus grand lac. De nombreux Canadiens et Américains possèdent des chalets et maisons de campagne, situés sur les plages sableuses et peu profondes du lac Huron et le long des rives rocheuses de la baie Géorgienne. Le bassin de la rivière Saginaw est cultivé de façon intensive, et englobe les zones métropolitaines de Flint et de Saginaw-Bay City. Saginaw-Bay City, comme Green Bay, abrite une pêcherie très productive.
Le lac Érié a le plus faible volume, et subit le plus profondément les effets de l'urbanisation et de l'agriculture. Étant donné la présence des sols fertiles qui entourent le lac, la région fait l'objet d'une agriculture intensive. Le lac reçoit le ruissellement de la région agricole du sud-ouest de l'Ontario et de parties de l'Ohio, de l'Indiana et du Michigan. Dix-sept régions métropolitaines dont la population dépasse 50 000 se situent à l'intérieur de bassin du lac Érié. Bien que le lac ait une superficie approximative de 26 000 km2 (10 000 mi2), sa profondeur moyenne est de seulement 19 mètres (62 pieds). C'est le moins profond des lacs, et par conséquent, il se réchauffe rapidement au printemps et en été, et gèle souvent complètement en hiver. De tous les lacs, il est aussi celui dont les eaux ont le plus court temps de séjour, soit 2,6 années. Le bassin ouest, qui représente environ un cinquième du lac, est très peu profond; sa profondeur moyenne est de 7,4 mètres (24 pieds), et sa profondeur maximum de 19 mètres (62 pieds). [...]
L'écosystème des Grands Lacs et les formes de vie qu'il contient ont continuellement varié avec le temps. Durant les périodes de variations climatiques et de glaciation, certaines espèces ont migré à l'intérieur ou à l'extérieur de la région, certaines ont péri, et d'autres ont conquis le terrain dans les nouvelles circonstances. Toutefois, aucun changement n'a été aussi rapide que celui produit par l'arrivée des colonisateurs européens.
Lorsque les premiers Européens sont arrivés dans le bassin il y a environ 400 ans, celui-ci était une région verdoyante, couverte d'une végétation dense. De vastes peuplements d'arbres, en particulier de chênes, d'érables et d'autres feuillus, dominaient les régions du sud. De nos jours, il ne reste de la forêt originale que de très peu de vestiges, de faible étendue. Entre les zones boisées existaient de riches prairies, dans lesquelles les plantes atteignaient deux à trois mètres (7 à 10 pieds). Au nord, des forêts de conifères occupaient les sols sableux, peu profonds, parsemés de marécages, de tourbières et autres terres humides.
Les forêts et prairies abritaient une grande variété d'animaux, par exemple l'orignal dans les terres humides et les forêts de conifères, et le cerf dans les prairies et les forêts arbustives du sud. Dans les nombreux chenaux et terres humides vivaient le castor et le rat musqué, et dans les forêts matures, le renard, le loup et autres espèces d'animaux à fourrure. Les peuples indigènes et les Européens les capturaient et en faisaient le commerce. D'abondantes populations d'oiseaux prospéraient sur les divers terrains, certains migraient vers le sud en hiver, d'autres s'y établissaient de façon permanente.
On estime qu'il existait jusqu'à 180 espèces de poissons endémiques des Grands Lacs. Parmi ceux vivant dans les eaux littorales, il y avait l'achigan à petite bouche, l'achigan à grande bouche, le maskinongé, le grand brochet et la barbue. Au large, vivaient le cisco de lac, le doré bleu, le grand corégone, le doré jaune, le doré noir, le malachigan, la truite fardée et le bar blanc. En raison des différences de caractères des lacs, la composition des espèces variait dans chacun des Grands Lacs. Le lac Érié, plus chaud et peu profond, était le plus productif, et le lac Supérieur, plus profond, le moins productif.
Les variations survenues dans la composition des espèces peuplant les Grands Lacs, depuis 200 ans, sont le résultat des activités humaines. De nombreuses espèces endémiques de poissons ont disparu par suite de prises excessives, de la destruction de leur habitat ou de l'introduction d'espèces exotiques ou non indigènes, telles que la lamproie et le gaspareau. La pollution, principalement sous forme de charges excessives d'éléments nutritifs et de contaminants toxiques, a soumis les populations de poissons à des contraintes supplémentaires. D'autres conditions défavorables créées par l'homme ont altéré les conditions autrefois propices à la reproduction, ainsi que les habitats, et ont obligé quelques variétés à migrer ou bien ont causé leur disparition. Parmi d'autres effets sur la vie dans les lacs, citons la construction de barrages et de canaux, la modification ou la pollution de tributaires aboutissant dans les lacs, tributaires dans lesquels a lieu le frai et des écosystèmes distincts étaient autrefois florissants et s'intégraient à l'écosystème plus vaste du bassin."
"Malgré leurs grandes dimensions, les Grands Lacs sont sensibles aux effets d'un grand nombre de polluants. Parmi les sources de pollution, citons le ruissellement superficiel et l'entraînement par les eaux de ruissellement des produits chimiques d'usage agricole, les produits résiduaires provenant des villes, les rejets des zones industrielles, et les lixiviats provenant des dépotoirs. La vaste superficie des lacs les rend aussi vulnérables aux polluants provenant directement de l'atmosphère, qui tombent avec la pluie ou la neige, ou sous forme de poussières, à la surface des lacs.
Le débit sortant des Grands Lacs est relativement faible (moins d'un pour cent par an) par rapport au volume total d'eau. Les polluants qui pénètrent dans les lacs - à la suite de déversements directs le long des rives, de leur entraînement par des tributaires, ou à la suite du travail du sol, ou sous forme de retombées atmosphériques - sont retenus dans le réseau hydrographique, et leurs concentrations augmentent avec le passage du temps. Par ailleurs, les polluants persistent dans le réseau hydrographique, en raison de la remise en suspension des sédiments (ou de leur réintroduction dans l'eau par agitation des sédiments), et de leur recyclage dans les chaînes trophiques."
Source: Les Grands Lacs: Atlas écologique et manuel des ressources (Environnement Canada)
Bassin de drainage des Grands Lacs
Source: Nos Grands Lacs (Environnement Canada)
Image satellite de la région des Grands Lacs
Source : NASA; modifié par Visipix. com
Carte des Grands Lacs de Coronelli, 1688; Archives nationales du Canada, NMC-6411
Source: exposition «Aux sources de la Nouvelle-France», Archives nationales du Canada
Il s'agit de la première carte de l'ensemble des Grands Lacs et de l'illustration générale la plus exacte des lacs et des affluents au XVIIe siècle.