Écologie industrielle

Science qui redonne aux produits utilisés par l'industrie leur statut d'éléments naturels et les étudie en tant que tels, dans leurs interrelations et dans leur rapport avec l'ensemble de la nature. Vu sous cet angle, un parc industriel est un écosystème.

À cette science correspondent des applications visant le déchet zéro, le recyclage complet de restes, désormais appelés résidus ou sous-produits. Rien ne se perd dans la nature, où tout entre dans un cycle, cycle du carbone, cycle de l'azote, etc. Les technologies associées à l'écologie industrielle imitent la nature sur ce plan. La coopération entre les entreprises est une condition de la réussite.

L'écologie industrielle suppose la convergence de plusieurs disciplines: «Au lieu d'envisager le système industriel comme séparé de la Biosphère, il est possible de le voir comme une forme spécifique d'écosystème. C'est aux carrefours du génie civil, de la biologie, de la géographie, de l'écologie et de beaucoup d'autres disciplines, que l'écologie industrielle se penche sur l'évolution à long terme du système industriel dans son ensemble, et non seulement sur les questions d'environnement.»1

1- Suren Erkman, Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, section Chantiers thématiques. (J.D.)

Essentiel


«L'homme commande à la nature en lui obéissant» ( Francis Bacon). Les modernes n'ont pas saisi toute la portée de cette pensée dont ils se sont pourtant ouvertement inspirés. S'ils l'avaient saisie, ils se seraient préoccupés du recyclage dès le début de l'ère industrielle.

Il en fut ainsi parce qu'on considérait le milieu vivant et l'environnement physique comme deux mondes parallèles, ayant chacun leurs propres lois. L'évolution était l'adaptation des êtres vivants à un environnement physique extérieur à eux.

Nous savons maintenant qu'il y a toujours eu interaction entre la vie et l'environnement et que c'est à cette interaction que nous devons, entre autres choses, l'air que nous respirons. La vie se sert de la matière inanimée pour construire sa niche. On peut même soutenir que c'est la cellule vivante qui a créé l'ADN et non l'inverse.
Il s'ensuit que l'on associe désormais l'idée de co-évolution à celle d'évolution et que la coopération paraît plus importante que la compétition comme moteur de cette co-évolution.

Enjeux

L'écologie industrielle est l'un des moyens retenus pour assurer le développement durable. Cette notion de développement durable est cependant de plus en plus contestée. Tous, certes, souhaitent un monde durable, mais le développement, du moins le développement défini par la croissance, est-il compatible avec un tel idéal? On en doute de plus en plus. On économise ici, dans le domaine de l'énergie par exemple, mais cela permet de dépenser davantage ailleurs. «C'est l'effet rebond, un concept apparu récemment dans les revues scientifiques (Energy Policy, Ecological Economics), mais encore mal connu du public français. Cet effet exprime le constat que l'amélioration des procédés industriels en termes d'efficacité écologique se traduit, paradoxalement, par une augmentation de la consommation matérielle: en effet, la baisse du prix de revient permise par cette amélioration dégage un revenu supplémentaire disponible pour de nouvelles consommations, «qui se reportent sur d'autres produits ou services. Par exemple, les gains des économies d'énergie pourront être utilisés pour voyager plus.» 1

Ce phénomène a été en quelque sorte validé par un rapport de l'OCDE, publié en mai dernier, Les Perspectives de l'environnement de l'OCDE (Le Monde, 27-28 mai 2001) qui constatait que «la croissance des pays développés s'accompagnait d'une augmentation guère moins rapide de la pollution et de la consommation.» 2

Halte à la croissance donc! Retour à l'utopie de la décennie 1970! «La clé se trouve donc dans une distribution différente des préférences, afin que les consommateurs choisissent des biens immatériels basés sur les relations humaines plutôt que sur les produits matériels dommageables pour l'environnement. «La décroissance matérielle sera une croissance relationnelle sociale et spirituelle ou ne sera pas.» (J.D.)

Notes
1 et 2: Commentaire du journal Le Monde sur la revue Silence, n° 280, février 2002, 9, rue Dumenge, 69004 Lyon.

Articles


Éco-efficience

Environnement Québec
Éco-efficacité, éco-efficience et développement durable

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