Essentiel
«Le Budo est la voie du guerrier; il regroupe l’ensemble des arts martiaux japonais. Le Budo a approfondi de manière directe les relations entre l’éthique, la religion et la philosophie. Sa relation avec le sport est toute récente. Les textes anciens qui lui sont consacrés concernent essentiellement la culture mentale et la réflexion sur la nature du soi: qui suis-je?
En japonais, Do signifie la voie. Comment pratiquer cette Voie? Par quelle méthode peut-on l’obtenir? Ce n’est pas seulement l’apprentissage d’une technique, un
waza, et encore moins une compétition sportive. Le Budo inclut des arts comme le Kendo, le Judo, l’Aikido et le Kyudo (tir à l’arc). Pourtant, le kanji Bu signifie stopper, arrêter la lutte. Car, dans le Budo, il ne s’agit pas seulement de concourir, mais de trouver paix et maîtrise de soi.
Car Do est la Voie, la méthode, l’enseignement pour comprendre parfaitement la nature de son propre esprit et de son Moi. C’est la voie du Bouddha, la Butsu Do, qui permet de découvrir réellement sa propre nature originelle, de s’éveiller du sommeil de l’ego endormi (notre moi étriqué), et d’atteindre la plus haute et la plus totale des personnalités. En Asie, cette Voie est devenue la morale la plus élevée et l’essence de toutes les religions et de toutes les philosophies. Le Yin et le Yang du
Yi-King ou "l’existence n'est rien" de Lao-Tseu, y trouvent leurs racines.»
La lutte du noble guerrier, par maître Taisen Deshimaru (recueil de Françoise Cardon).
Enjeux
«Si le "physique" et la "technique" sont de même niveau entre deux protagonistes, c’est le "spirituel" qui intervient. Dans la pratique, il n’existe pas en général de disparité physique ou technique capitale entre des champions confirmés. Dans une lutte entre deux adversaires de force sensiblement égale, ce qui fait la différence entre le ciel et la terre ne peut provenir que de leur énergie morale, de leur combativité et de leur soif insatiable de se dépasser. Quand l’énergie est à son paroxysme, le corps de l’adversaire paraît tout petit. La durée du
shikiri, ce rituel de préparation au combat, semble étrangement courte. Si, pendant ces préparatifs, on a conscience en fixant l’autre de vouloir le dominer ou que l’on se sente troublé par son regard, l’état spirituel ne peut pas être qualifié de satisfaisant. Quand on se trouve au summum de sa force spirituelle, on ne fait que contempler l’adversaire en enveloppant du regard l’ensemble de son corps. À celui qui parvient à l’absorber en soi globalement, dans tout son être, comme faisant partie de soi-même, la victoire est acquise d’avance à cet instant précis.»
Kirishima, lutteur sûmo