Petite cantate de Noël

Paule R̶ózsavölgyi

Poème tiré d"un recueil publié en édition privée et  intitulé Le temps d'un jour.


Est-ce dans cette vie
Ou une autre... lointaine
Où donc ai-je entendu d'autres voix enfantines
Depuis longtemps perdues

Quelle morte fontaine a de nouveau surgi
Qui me rend à cette heure l'éclat des autres nuits
Je n' entends plus le vent mais des cloches lointaines
Et doux, le crissement des neiges bleues

Sous les bois brillait intermittent l'éclat des falots
Et fraîchement tombées des étoiles de givre
Dans l'ombre nous guidaient

Ô limbes rayonnantes!
Nous étions seuls au monde
Dans nos coeurs éclataient des cantates
Et les génies des lieux nous livraient leurs secrets
Nuit mystérieuse
Nous savions sans apprendre
Le chant des violons n'était encor 'pour nous qu'un ravissement tendre
Les dieux lares et l'enfant dieu

En cette unique nuit se retrouvaient entre eux
Quand l'odeur des encens se mêlait aux épices
Aux parfums orangés
Et que les fées des bois par les vitres rosées
Se glissaient aux offices En cette nuit
Venue du fond des âges et revenant toujours
Comme l'unique nuit et païenne et mystique
Dans un seul flamboiement Le soir en se couchant tient par la main l'aurore

A cette heure
Par quelle grâce inconnue
Je revois l'enfant que tu fus
Et toi, Petite,
Elfe qui sautais les barrières et bravais les fourrés
Je te retrouve enfin dans une aïeule
Prisonnière
Est-ce dans cette vie
Ou une autre...lointaine
Nous avancions petite troupe le souffle suspendu
Lorsque s'ouvraient pour nous
Ces nuits de lazulite .... étranges




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