La vraie charité
Il ne s'agit point d'épuiser sa bourse et de verser l'argent à pleines mains : je n'ai jamais vu que l'argent fit aimer personne… Il ne faut point être avare et dur, ni plaindre la misère qu'on peut soulager; mais vous aurez beau ouvrir vos coffres, si vous n'ouvrez aussi votre coeur, celui des autres vous restera toujours fermé. C'est votre temps, ce sont vos soins, votre affection, c'est vous-même qu'il faut donner : car, quoi que vous puissiez faire, on sent toujours que votre argent n'est point vous.
Il y a des témoignages d'intérêt et de bienveillance qui font plus d'effet et sont plus utiles que tous les dons. Combien de malheureux, de malades, ont plus besoin de consolations que d'aumônes! combien d'opprimés à qui la protection sert plus que l'argent!
Raccommodez les gens qui se brouillent, prévenez les procès, portez les enfants au devoir, les pères à l'indulgence, empêchez les vexations, employez, prodiguez le crédit en faveur du faible à qui on refuse justice et que le puissant accable; déclarez-vous hautement le protecteur des malheureux; soyez juste, humain, bienfaisant. Ne faites pas seulement l'aumône, faites la charité; les oeuvres de miséricorde soulagent plus de maux que l'argent : aimez les autres, et ils vous aimeront; servez-les, et ils vous serviront. Soyez leur père, et ils seront vos enfants.