La vie de Dion - 1re partie

Plutarque
C'est dans cette vie de Dion que sont racontés les voyages de Platon en Sicile et la façon dont il échoua dans ses efforts pour convertir un tyran à la sagesse et en faire un philosophe roi.

I. Services rendus par l'Académie aux Grecs en formant Dion, et aux Romains en formant Brutus. - II. Traits généraux de conformité entre Dion et Brutus. – III. Denys s'empare de la tyrannie de Syracuse. Faveur de Dion auprès de lui. - IV. Caractère de Dion. Avantages qu’il retire de la conversation de Platon. - V. Denys, mécontent des vérités que lui dit Platon, le fait vendre.- VI. Franchise de Dion envers Denys. - VII. Mort de Denys. Offres que Dion fait à son fils, qui lui succède. - VIII. Les courtisans cherchent à corrompre Denys et à lui rendre Dion suspect.- IX. La sévérité du caractère de Dion déplait à Denys. - X. Dion exhorte Denys à l’étude de la philosophie. - XI. Nouvelles instances de Dion auprès du tyran. - XII. Il le détermine à faire venir Platon en Sicile. - XIII. Les ennemis de Dion lui opposent Philistus. - XIV. Changement que la présence de Platon opère sur Denys. - XV. Les courtisans parviennent à rendre Dion suspect au tyran. - XVI. Il l'exile en Italie. - XVII. Passion de Denys pour Platon et pour la philosophie. - XVIII. Platon retourne en Grèce, et travaille à adoucir l'austérité de Dion. - XIX. Honneurs que Dion, reçoit en Grèce. - XX. Denys presse Platon de revenir en Sicile. – XXI. Platon retourne à Syracuse.
    I. Simonide, mon cher Sossius Sénécion, dit que la ville de Troie n'eut aucun ressentiment contre les Corinthiens qui s’étaient unis aux Grecs pour lui faire la guerre, parce que Glaucus, originaire de Corinthe, combattait avec zèle pour sa défense. Les Grecs et les Romains n'ont pas non plus à se plaindre de l'Académie, qui les a également favorisés, comme vous le verrez dans ce volume, qui contient les Vies de Dion et de Brutus. Le premier reçut les leçons de Platon lui-même ; l'autre fut nourri des principes de ce philosophe; et tous deux sortirent, comme d'une même salle d'exercices, pour aller livrer les plus grands combats. La ressemblance et, pour ainsi dire, la fraternité de leurs actions, ont rendu ce témoignage au philosophe qui fut leur guide dans le chemin de la vertu, qu'un homme d'état , pour donner à sa conduite politique toute la grandeur et tout l'éclat dont elle est susceptible, doit, avec la fortune et la puissance , unir dans sa personne la prudence et la justice. Et l'on ne doit pas s'en étonner; car Hippomachus, le maître du gymnase, reconnaissait de loin, à ce qu'il assurait, ceux qui avaient fait leurs exercices dans sa palestre à la manière seule dont ils rapportaient leurs provisions du marché. De même les hommes qui ont été bien élevés ont pour compagne dans toutes leurs actions la raison, qui met dans leur conduite un accord et une harmonie toujours conformes à ce que prescrit la bienséance.

    II. Les accidents de la fortune qu'ils éprouvèrent l'un et l'autre, et qui furent moins l'effet de leur détermination que la suite des événements, mettent dans leur vie une grande conformité. Ils ont péri tous deux avant d'avoir atteint le but de leurs entreprises, et sans avoir retiré aucun fruit de leurs grands et nombreux travaux. Mais des divers traits de ressemblance qu'ils ont entre eux, le plus étonnant sans doute, c'est que les dieux les firent avertir l'un et l'autre de leur mort par l'apparition d'un horrible fantôme. Bien des gens, il est vrai, rejettent ces sortes d'apparitions, et prétendent que jamais ni spectres ni esprits n'ont apparu à un homme sensé, et que les enfants, les femmes, et les hommes dont la tête est affectée par quelque maladie, dont l'esprit est aliéné ou le corps altéré, sont les seuls qui admettent ces imaginations vaines et absurdes, et se frappent de l'idée superstitieuse qu'ils ont en eux un mauvais génie. Mais si des hommes aussi graves, aussi instruits dans la philosophie, que Dion et Brutus, incapables de se laisser surprendre et entraîner par aucune passion, ont été si vivement affectés de l'apparition de ce fantôme qu'ils en ont fait part à leurs amis, je ne sais si nous ne devons pas admettre cette opinion, tout étrange qu'elle est , que l'antiquité nous a transmise: qu'il existe des démons envieux et méchants qui, jaloux des hommes vertueux, s'opposent à leurs bonnes actions, et portent dans leur esprit des troubles et des frayeurs qui agitent et quelquefois même ébranlent leur vertu. Ces mauvais génies craignent que si ces hommes demeuraient fermes et inébranlables dans le bien, ils n'eussent en partage, après leur mort, une meilleure vie que la leur. Mais ce serait là le sujet d'un traité particulier: dans ce douzième livre de nos parallèles, nous allons raconter d'abord les actions du plus ancien des deux.

    III. Denys l'ancien, s'étant emparé de la tyrannie de Syracuse, épousa la fille d'Hermocrate, un des habitants de cette ville. Comme sa puissance n'était pas encore bien affermie, les Syracusains se révoltèrent contre lui, et exercèrent sur sa femme tant d'indignités et tant d'outrages, que, de désespoir, elle se donna la mort. Denys, ayant recouvré et mieux établi sa domination, épousa en même temps deux femmes : l'une du pays des Locriens, nommée Doris; l'autre de Syracuse, appelée Aristomaque, fille d'Hipparinus, un des principaux Syracusains, et qui avait partagé le commandement la première fois que Denys avait été nommé général des troupes syracusaines. Il épousa ces deux femmes le même jour, et jamais on n'a su laquelle des deux avait été mariée la première. Tout le reste de sa vie, il témoigna constamment à l'une et à l'autre la même affection; elles mangeaient toutes deux ensemble à sa table, et passaient la nuit avec lui chacune à son tour. Le peuple de Syracuse voulait que celle de son pays eût la préférence sur l'étrangère; mais l'avantage que la Locrienne eut de donner la première un fils à son mari la soutint contre la prévention qu’avait fait naître son origine. Aristomaque fut longtemps sans devenir mère, quoique Denys désirât si fort d'en avoir des enfants, qu'il fit mourir la mère de Doris, l'accusant d'empêcher, par des sortilèges, Aristomaque de devenir grosse. Dion était frère d'Aristomaque, et cette parenté lui attira d'abord de la considération de la part de Denys; dans la suite, le grand sens dont il donna des preuves le fit aimer et rechercher du tyran pour son propre mérite. Outre les autres témoignages que Denys lui donna de son estime, il ordonna à ses trésoriers de remettre à Dion tout l'argent qu'il leur demanderait, à condition seulement de venir lui dire, le jour même, ce qu'ils lui auraient donné.

    IV. Dion était d'un naturel fier, magnanime et courageux. Ces qualités s'accrurent encore en lui dans un voyage que Platon fit en Sicile, par un bonheur vraiment divin, et auquel la prudence humaine n'eut aucune part. Il faut plutôt croire qu'un dieu, qui jetait de loin le fondement de la liberté des Syracusains, et préparait la ruine de la tyrannie, amena Platon d'Italie à Syracuse, et ménagea à Dion le bonheur de l'entendre. Sa grande jeunesse le rendait plus propre à s'instruire, et plus prompt à saisir les préceptes de vertu donnés par Platon, qu'aucun des disciples de ce philosophe. C'est le témoignage que lui rend Platon lui-même, et ses actions en sont encore une meilleure preuve. Élevé dans le palais d'un tyran, formé à des mœurs serviles, à une vie lâche et timide, toujours entouré d'un faste insolent, nourri dans un luxe effréné , rassasié de ces délices et de ces voluptés dans lesquelles on place le souverain bien, il n'eut pas plus tôt goûté les discours de Platon et les leçons de sa sublime philosophie, que son âme fut enflammée d'amour pour la vertu. La facilité avec laquelle Platon lui avait inspiré l'amour du bien lui faisant croire, par une suite de cette simplicité naturelle à son âge, que les discours de ce philosophe auraient le même pouvoir sur le cœur du tyran, il pressa si vivement Denys, il lui fit tant d'instances, qu'il lui persuada enfin d'entendre Platon, et d'avoir à loisir des entretiens particuliers avec lui.

    V. Dans leur première entrevue, la conversation eut pour objet la vertu, et l'on disputa longtemps sur le courage. Platon prouva qu'il n'y avait pas d'hommes moins courageux que les tyrans. Ensuite, traitant de la justice, il fit voir que la vie de l'homme juste était la seule heureuse, et qu'il n'y en avait point de plus misérable que celle de l'homme injuste. Le tyran, qui se sentait convaincu par les raisonnements du philosophe, souffrait impatiemment cet entretien, et voyait avec chagrin que tous ceux qui étaient présents, remplis d'admiration pour Platon, étaient entraînés par le charme de ses discours. N'étant plus maître enfin de sa colère, il demande à Platon ce qu'il est venu faire en Sicile. « Y chercher un homme, lui répondit le philosophe. - Comment ! répliqua Denys, tu ne l'as donc pas encore trouvé ? » Dion crut que la colère de Denys n'irait pas plus loin; et voyant que Platon désirait de s'en retourner, il le fit embarquer sur une galère à trois rangs de rames, qui transportait en Grèce le Spartiate Pollis. Mais le tyran pria Pollis en secret de faire périr ce philosophe dans le cours de la navigation, ou du moins de le vendre : Car, lui dit Denys, il ne perdra rien à ce changement d'état : comme c'est un homme juste, il sera heureux, même dans l'esclavage. », Pollis, dit-on, mena Platon à Égine et l'y vendit; les Éginètes, qui étaient en guerre avec les Athéniens , avaient ordonné par un décret que tout citoyen d'Athènes pris dans leur île serait vendu.

    VI. Cependant Dion ne perdit rien de l'estime et de la confiance que Denys avait pour lui; il fut chargé de plusieurs ambassades importantes, et en particulier de celle de Carthage. Dion s'y fit singulièrement admirer; et à son retour il fut le seul qui osât dire sans crainte ce qu'il pensait sans que le tyran fût blessé de sa franchise. La remontrance qu'il lui fit au sujet de Gélon en est une preuve. Denys raillait ce prince sur la manière dont il avait gouverné; il disait que Gélon avait été la risée de la Sicile. Tous les courtisans s'étant récriés sur la finesse de cette plaisanterie, Dion en fut indigné, et, adressant la parole à Denys : « Ignorez-vous donc, lui dit-il, que si vous régnez, c'est parce que la conduite de Gélon a fait prendre confiance en vous, et que vous serez cause qu'à l'avenir on ne se fiera plus à personne? » En effet, Gélon avait fait voir qu'il n'est pas de plus beau spectacle qu'une ville gouvernée par un bon prince; et Denys prouvait qu'il n'en est pas de plus odieux que le gouvernement d'un tyran. Denys avait trois enfants de Doris et quatre d'Aristomaque ; entre ces derniers il y avait deux filles, dont l'une, nommée Sophrosine , fut mariée à Denys , fils aîné du tyran ; la seconde , qui s'appelait Arété, épousa Théoridès, frère du jeune Denys. Arété, ayant perdu son mari, devint l'épouse de Dion , dont elle était nièce.

    VII. Denys tomba malade; et sa fin paraissant prochaine, Dion voulut lui parler en faveur des enfants qu'il avait eus d'Aristomaque, mais les médecins, pour faire leur cour au jeune Denys, qui devait lui succéder, n'en laissèrent pas le temps à Dion. Le tyran, au rapport de Timée, ayant demandé un remède soporatif, ils lui en donnèrent un qui engourdit tous ses sens, et le fit passer promptement du sommeil à la mort. Cependant, la première fois que le jeune Denys assembla ses amis, Dion exposait si bien ce qu'exigeait la conjoncture présente, que tous les autres ne parurent auprès de lui en prudence que des enfants, et en franchise que des esclaves de la tyrannie, qui , par une crainte lâche, n'avaient cherché dans leur avis qu'à complaire à ce jeune prince : mais ce qui les étonna le plus, ce fut de voir que pendant qu'ils redoutaient l'orage qui se formait du côté de Carthage et menaçait la puissance de Denys , Dion osa promettre que si le prince voulait la paix, il s'embarquerait sur-le-champ pour l'Afrique, et la ferait conclure aux conditions les plus avantageuses; que s'il préférait la guerre, il lui fournirait cinquante trirèmes qu'il équiperait à ses dépens. Le jeune Denys, plein d'admiration pour des offres si généreuses, lui témoigna combien il était sensible à sa bonne volonté.

    VIII. Mais les courtisans, qui regardèrent la générosité de Dion comme la censure de leur avarice, et la puissance qu'il allait acquérir comme l'affaiblissement de leur crédit, saisirent sur-le-champ cette occasion de lui nuire, et n'oublièrent rien de ce qui pouvait aigrir l'esprit du jeune prince. Ils lui insinuèrent que des forces maritimes aussi considérables que celles de Dion étaient pour lui un moyen facile d'envahir la tyrannie, et de transporter aux fils d'Aristomaque, ses neveux, la puissance souveraine. Mais le motif le plus fort et le plus sensible de leur envie et de leur haine contre lui , c'était la différence qu'il y avait entre leur vie et la sienne, et le peu de société qu'il faisait avec eux. Ils s'étaient emparés de bonne heure de l'esprit du jeune prince, qui avait été très mal élevé; et, toujours assidus auprès sa personne, ils lui prodiguaient les flatteries, ils l'enivraient de plaisirs, ils lui ménageaient chaque jour de nouvelles voluptés, et, le plongeant dans la débauche de la table et dans l'amour des femmes, ils le livraient tout entier à la dissolution la plus honteuse. Une vie si voluptueuse, en amollissant la tyrannie comme 1e fer est amolli par le feu, la fit paraître plus douce aux sujets de Denys; émoussée, non par la bonté du prince mais par sa paresse, elle perdit à leurs yeux ce qu'elle avait de dur et de farouche. Ce relâchement des ressorts de l'autorité s'augmentant de jour en jour, et affaiblissant peu à peu sa puissance, délia et fondit, pour ainsi dire, ces chaînes de diamant dont l'ancien Denys avait dit qu'il laisserait la tyrannie liée. Une fois enfoncé dans ces désordres, le jeune Denys passa, dit-on, trois mois de suite dans une débauche continuelle; et pendant tout ce temps son palais, fermé aux hommes vertueux et aux entretiens honnêtes, ne retentissait que des chants de l'ivresse, que du bruit des danses, du son des instruments, et des bouffonneries les plus obscènes.

    IX. On sent combien devait être odieuse aux courtisans la présence de Dion, lui, qui ne se permettait même aucun des plaisirs et des amusements de son âge. Aussi, donnant à ses vertus les noms des vices qui semblaient y avoir quelque rapport, faisant de ces vertus l'objet de leurs calomnies, ils appelaient sa gravité arrogance, et sa franchise opiniâtreté. Donnait-il un avis sage, c'était une censure de la conduite des autres; refusait-il de participer à leur débauche, c'était mépris de sa part. Il est vrai qu'il avait naturellement une fierté, une austérité de mœurs , qui le rendaient d'un accès difficile et presque insociable. Ce n'était pas seulement à un jeune prince dont les oreilles étaient corrompues par la flatterie que son commerce paraissait désagréable et dur; ceux même qui étaient le plus intimement liés avec lui, en admirant la noble simplicité de son caractère, lui reprochaient que son ton et ses manières avaient quelque chose d'austère et de sauvage qui ne convenait pas aux affaires politiques. C'était par rapport à ce défaut que, dans la suite, Platon, par une sorte de prophétie de ce qui devait lui arriver, lui écrivait de se défendre de la fierté, compagne ordinaire de la solitude. Cela n'empêchait pas qu'il ne fût traité avec la plus grande distinction; et l'état même des affaires en faisait une loi au prince, parce qu'il était le seul, ou du moins celui qui pouvait défendre le plus sûrement la tyrannie contre les orages qui la menaçaient. Il reconnut bientôt lui-même qu'il devait les honneurs et la puissance dont il jouissait, non à l'affection du prince, mais au besoin qu'il avait de lui , besoin qui lui arrachait ces hommages forcés.

    X. Persuadé que les vices de Denys ne venaient que de son ignorance, Dion fit tous ses efforts pour lui donner le goût des occupations honnêtes, pour lui inspirer l'amour des sciences et des arts propres à former les mœurs, afin que, cessant de craindre la vertu, il s'accoutumât à trouver du plaisir dans la pratique du bien. Ce jeune prince n'était pas, de son naturel, un des plus mauvais tyrans; mais son père, craignant que si son esprit se développait, et qu'il vint à goûter les entretiens des personnes sensées, il ne conspirât contre lui et ne lui enlevât le pouvoir suprême, l'avait tenu renfermé dans son palais, où, séparé de tout commerce, absolument étranger aux affaires, il n'avait, à ce qu'on assure, d'autre occupation que de faire de petits chariots, des chandeliers, des siéges et des tables de bois. La crainte avait rendu cet ancien Denys si méfiant et si timide, que, suspectant et redoutant tout le monde, il ne souffrait pas qu'on lui fit les cheveux avec des ciseaux ; il se servait pour cela d'un garçon sculpteur, qui, avec un charbon ardent, lui brûlait sa chevelure. Il n’admettait dans son appartement, ni son frère, ni son fils, avec les habits qu'ils portaient en s'y présentant; il fallait que chacun d'eux, avant d'entrer, quittât sa robe, et qu'après avoir été visité par les gardes, il en prit une autre. Un jour son frère Leptines, voulant lui faire le tableau d'une terre , prit la pique d'un des gardes de Denys, et en traça le plan sur le sable. Le tyran s’emporta contre lui avec beaucoup de violence, et fit mourir le garde qui avait donné sa pique. Il suspectait ses amis mêmes, parce qu’il les connaissait, disait-il, pour des hommes de sens, qui aimeraient mieux être tyrans eux-mêmes que d'obéir à un tyran. Il tua Marsyas, un de ses officiers, qu’il avait promu lui-même à un commandement dans ses armées, parce qu’il avait vu en songe cet officier qui prétendit qu’il n’avait eu ce songe dans la nuit que parce que Marsyas en avait fait le complot pendant le jour, et l'avait communiqué à d’autres. Cependant cet homme si timide et si lâche, dont l’âme était remplie de tant d’indignes faiblesses, s'emportait contre Platon, qui ne voulait pas le déclarer le plus courageux des mortels.

    XI. Dion, comme je viens de le dire, voyant le fils de ce tyran mutilé, s'il est permis de parler ainsi , par son ignorance; et dépravé dans ses mœurs, l'exhortait à se tourner vers l'étude : il le pressait d’employer auprès du premier des philosophes les instances les plus vives pour l'attirer en Sicile, et dès qu'il y serait venu, de s'abandonner entièrement à lui, afin que par ses discours il réformât ses mœurs et les dirigeât vers le bien; que, formé sur le modèle divin, le plus parfait de tous, celui qui conduit seul l'univers, et par qui tous le êtres tirés du sein du chaos constituent cet ordre de choses qu'on appelle le monde, il s'assurât à lui et à ses sujets une véritable félicité, Il verrait alors ses peuples, qui, n'obéissaient qu'à la crainte et à la nécessité, s'attacher à un gouvernement paternel , fondé sur la tempérance et la justice, et, au lieu d'avoir à détester un tyran, aimer en lui un véritable roi. « Sachez, lui disait-il que les chaînes de diamant ne sont pas, comme le croyait votre père, la crainte, la force, le grand nombre de vaisseaux, et ces milliers de Barbares qui composent votre garde; mais l'affection, le zèle et la reconnaissance qu'inspirent aux sujets la justice et la vertu de leurs rois. Ces derniers liens, quoique moins raides et bien plus doux que ces autres chaînes, ont beaucoup plus de force pour maintenir les empires: et sans cela un prince peut-il obtenir l'estime et l'affection des peuples, lorsque, couvrant son corps d'habits magnifiques, ornant sa maison avec la somptuosité la plus recherchée, il n'a, dans sa raison et dans ses discours, aucune supériorité sur le dernier de ses sujets, et qu'il ne daigne pas orner le palais de son âme avec la décence et la richesse qui conviennent à une reine ? »

    XII. Ces représentations souvent répétées, et appuyées encore de quelques maximes de Platon que Dion avait soin d'y semer de temps en temps, excitèrent dans l'âme de Denys un désir violent, une sorte de fureur de voir et d'entendre ce philosophe. Il partit aussitôt pour Athènes plusieurs lettres de Denys, auxquelles Dion joignit ses propres sollicitations; il en vint aussi de l'Italie, de la part des philosophes pythagoriciens, qui pressaient Platon d'aller s'emparer de l’âme d’un jeune prince qui, aveuglé par sa puissance, se laissait entraîner à une vie licencieuse, et de l’en retirer par la force de ses raisonnements. Platon, cédant à ce qu'il se devait à lui-même, comme il le témoigne dans ses écrits, et ne voulant pas qu'on pût lui reprocher que, philosophe seulement de paroles, il ne justifiait pas ce titre par ses actions; espérant d'ailleurs qu'en guérissant un seul homme qui était comme la partie dominante du corps politique, il procurerait la guérison de toute la Sicile, travaillée de maladies dangereuses, il se détermina à partir pour Syracuse.

    XIII. Les ennemis de Dion, qui redoutaient le changement de Denys, lui persuadèrent de rappeler de son exil Philistus, homme très instruit dans les lettres, et qui avait une grande habitude des mœurs des tyrans; ils voulaient avoir en lui un contre-poids qui pût balancer Platon et sa philosophie. Philistus, lors de l'établissement de la tyrannie, s'en était montré le plus zélé partisan, et avait longtemps commandé la garnison de la citadelle; on disait même qu'il avait vécu avec la mère de l'ancien Denys, et que le tyran ne l'avait pas ignoré. Mais après que Leptines, qui avait eu deux filles d'une femme déjà mariée à un autre, eut donné à Philistus une de ses filles en mariage sans en parler à Denys, le tyran irrité fit mettre en prison et charger de fers cette femme, et chassa de la Sicile Philistus, qui se retira chez des amis et des hôtes qu'il avait dans la ville d'Adria. Ce fut là que, jouissant d'un grand loisir; il composa la plus grande partie de son histoire: car il ne revint pas en Sicile tant que le vieux Denys vécut; ce ne fut qu'après sa mort, comme je viens de le dire, que l'envie des courtisans contre Dion le ramena dans sa patrie, parce qu'ils le crurent un instrument très propre à leur dessein, et un des plus fermes appuis de la tyrannie. En effet, il fut à peine arrivé qu'il se déclara pour le parti du tyran, et que tous les autres courtisans renouvelèrent leurs calomnies contre Dion; ils lui imputèrent d'avoir cherché, de concert avec Théodote et Héraclide, les moyens de détruire la tyrannie. Il paraît que Dion avait espéré que le séjour de Platon à Syracuse ferait perdre à la tyrannie ce qu'elle avait de despotique et d'arbitraire, et qu'il ferait de Denys un prince modéré, dont le gouvernement serait réglé par la justice. Si, le tyran s'y refusait, et qu'il ne se laissât pas adoucir par les préceptes de la philosophie, il avait résolu de renverser sa domination, et de remettre l'autorité entre les mains des habitants de Syracuse: non qu'il approuvât la démocratie, mais il la croyait meilleure que la tyrannie quand on ne pouvait pas établir une saine aristocratie.

    XIV. Telle était la situation des affaires à l'arrivée de Platon en Sicile: il y reçut l'accueil le plus flatteur; on lui prodigua les honneurs les plus distingués , les marques d'affection les plus singulières. A la descente de sa galère, il trouva un char du prince magnifiquement paré, dans lequel il monta, et Denys offrit un sacrifice aux dieux, comme pour l'événement le plus heureux qui pût arriver à son empire. La frugalité qui régna depuis dans les repas, la modestie qui parut dans la cour, la douceur que le tyran lui-même montra dans ses audiences et dans ses jugements, tout fit concevoir aux Syracusains les plus grandes espérances d'un changement heureux. Les courtisans eux-mêmes se portaient tous avec une ardeur incroyable à l'étude des lettres et de la philosophie; le nombre de ceux qui s'appliquaient à la géométrie était si grand, que le palais était semé partout de cette poussière sur laquelle les géomètres tracent leurs figures. Peu de jours après, dans un sacrifice solennel qui se faisait dans le palais, le héraut ayant, selon l'usage, prié les dieux de conserver longtemps la tyrannie à l'abri de tout revers, Denys, qui était présent : « Ne cesseras-tu pas, lui dit-il, de faire des imprécations contre moi? » Cette parole affligea vivement Philistus, qui sentit combien le temps et l’habitude rendraient invincible le pouvoir de Platon, puisqu'en si peu de jours ses conversations avaient produit un tel changement dans l'esprit de ce jeune prince.

    XV. Ce ne fut donc plus séparément ni en secret, mais tous ensemble et ouvertement, qu'ils se déchaînèrent contre Dion. « On ne peut plus douter, disaient-ils, qu'il ne se serve des discours de Platon pour charmer, pour ensorceler l’âme du prince, pour lui persuader d'abdiquer volontairement l'empire, afin de s'en saisir lui-même, et de le transporter aux fils d'Aristomaque, ses neveux. Il est bien douloureux, disaient quelques autres, que les Athéniens, qui, étant venus autrefois en Sicile avec des forces si considérables de terre et de mer, ont tous péri avant d'avoir pu se rendre maîtres de Syracuse, parviennent aujourd'hui, par le moyen d'un seul sophiste; à détruire la tyrannie, en persuadant à Denys de se débarrasser de ses dix mille gardes dont il est environné, de renvoyer les quatre cents galères qu'il a dans ses ports, ses dix mille chevaux et la plus grande partie de ses troupes de pied, pour aller, dans l'Académie, chercher ce souverain bien dont on fait un mystère, mettre son bonheur dans la géométrie, et abandonner à Dion, à ses neveux, la souveraineté bien plus réelle des richesses et des plaisirs. » Tous ces propos jetèrent d'abord des soupçons dans l’âme du tyran; des soupçons il passa à la colère, qui aboutit à une rupture ouverte.

    XVI. Dans ce même temps, on apporta secrètement à Denys des lettres que Dion avait écrites aux magistrats de Carthage, pour leur dire de ne pas traiter de la paix avec le tyran sans qu'il fût présent aux conférences, parce qu'il servirait à rendre le traité plus solide. Denys communiqua ces lettres à Philistus, et, après en avoir délibéré avec lui; il amusa Dion, suivant Timée, par une feinte réconciliation. L'ayant trompé par de belles paroles, il le mena seul un jour au-dessous de la citadelle, sur le bord de la mer; là, il lui lut ses lettres, et l'accusa de s'être ligué contre lui avec les Carthaginois. Dion voulut se justifier; mais le tyran, sans l'écouter, le fit monter sur-le-champ tel qu’il était dans un brigantin, et commanda aux matelots d'aller le débarquer sur les côtes d'Italie. Cette violence ne fut pas plus tôt connue du public, que Denys révolta tout le monde par sa cruauté: les femmes firent retentir le palais de leur douleur, et la ville de Syracuse reprit courage, dans l’espoir que le tumulte qui suivrait l'exil de Dion et la défiance qu'il jetterait dans les esprits amèneraient bientôt dans les affaires des changements favorables. Denys, qui craignit les suites de cette disposition des esprits, consola ses amis et les femmes du palais; il les assura que l'absence de Dion n'était pas un exil, mais un simple voyage qu'il lui avait ordonné, dans la crainte que son opiniâtreté ne le forçât à prendre contre lui des mesures plus violentes. Il fournit aux parents de Dion deux vaisseaux, pour y charger ce qu'ils voudraient emmener de ses biens et de ses domestiques, et l'aller joindre dans le Péloponnèse. Dion avait des possessions immenses, et l'état de sa maison différait peu de celui d'un tyran. Ses amis chargèrent ses richesses sur ces deux vaisseaux, et les lui portèrent en Grèce. Les femmes du palais et ses meilleurs amis y avaient ajouté des présents considérables: en sorte que Dion, par sa fortune et par l'éclat de sa dépense, tint le plus grand état dans la Grèce, et que l'opulence d’un banni fit juger de la puissance du tyran.

    XVII. Après le départ de Dion, Denys logea Platon dans la citadelle: c'était, sous prétexte de le traiter avec honneur en l'approchant plus près de sa personne, lui donner une prison honnête, de peur qu'en allant trouver Dion il ne fût auprès des Grecs un témoin de son injustice envers lui. Le temps et l'habitude lui inspirèrent un goût si vif pour les entretiens de ce philosophe, que, comme une bête féroce qui s’apprivoise enfin avec l'homme, son amour pour lui devint tyrannique, il voulait être aimé seul de Platon , ou du moins avoir plus de part que personne à son estime, prêt à le rendre maître de tout ce qu'il possédait, et de l'empire même, s'il voulait ne pas préférer l'amitié de Dion à la sienne. Cette passion, ou plutôt cette manie, était pour Platon un véritable malheur, comme celle d'un amant jaloux en est un pour la personne qu'il aime. C'étaient presque en même temps des emportements subits, et des repentirs accompagnés de prières vives pour obtenir sa réconciliation. Il brûlait d'envie d’entendre Platon et d'être initié aux secrets de la philosophie, et il en rougissait devant ceux qui cherchaient à l'en détourner comme d'une étude capable de le corrompre.

    XVIII. La guerre qui survint dans ce temps-là détermina Denys à renvoyer Platon en Grèce, après lui avoir promis de rappeler Dion au printemps. Mais il ne lui tint point parole, et fit passer seulement à Dion ses revenus, priant Platon d'excuser ce délai, dont la guerre était la cause, et l'assurant qu'il le ferait revenir dès que la paix serait faite, à condition cependant qu'à son retour il vivrait tranquille, sans exciter aucun mouvement, et qu'il ne le décrierait pas auprès des Grecs. Platon fit son possible pour l'obtenir de Dion; il le dirigea vers l'étude de la philosophie, et le retint auprès de lui à l'Académie. Dion logeait à Athènes chez un de ses amis nommé Callippus. Il avait acheté une maison de plaisance, dont, à son départ pour la Sicile, il fit présent à Speusippe, celui de ses amis avec qui il avait vécu davantage. Platon, en les liant ensemble, avait voulu adoucir les mœurs austères de Dion par le commerce d'un homme aimable, qui savait mêler à propos à des conversations sérieuses des plaisanteries honnêtes; et tel était Speusippe, de qui, pour cette raison, le poète Timon a dit dans ses Silles qu'il raillait avec finesse. Pendant le séjour de Dion à Athènes, Platon fut obligé de donner des jeux et de défrayer le chœur des jeunes gens; Dion en fit seul tous les frais : Platon voulut lui fournir ce moyen de montrer devant les Athéniens une magnificence qui devait procurer à Dion plus de bienveillance de la part du peuple que d'honneur à Platon même.

    XIX. Dion parcourut les autres villes de la Grèce; il assista à leurs fêtes solennelles, et s'entretint avec les hommes les plus sages et les plus versés dans la politique. Jamais il ne montra ni affectation, ni arrogance, ni mollesse, ni rien qui se sentît de ses longues habitudes avec un tyran; partout il fit paraître sa tempérance, sa vertu , sa force d'âme, ses grandes connaissances dans la philosophie et dans les lettres. Cette conduite lui concilia tellement l'affection et l'estime générales, que la plupart des villes lui décernèrent, par des décrets publics, des honneurs particuliers, et que les Lacédémoniens eux-mêmes, sans s'inquiéter du ressentiment que pourrait en avoir Denys, qui les secondait puissamment dans leur guerre contre les Thébains, lui donnèrent le titre de citoyen de Sparte. On dit qu'il fut invité par Ptoïodorus de Mégare à venir dans sa maison; c’était un des hommes les plus riches et les plus puissants de la ville. Dion , en arrivant chez lui, trouva une foule de peuple assemblée à sa porte, qui , par la multitude d'affaires dont Ptoïodorus était chargé, ne pouvait aborder facilement. Dion voyant ses amis en murmurer hautement: « Pourquoi nous en plaindre? leur dit-il; ne faisions-nous pas de même à Syracuse? »

    XX. Denys, dont la jalousie contre Dion augmentait de jour en jour, et qui craignait les effets de la bienveillance que les Grecs lui témoignaient, cessa de lui envoyer ses revenus et les fit administrer par ses propres intendants. Mais en même temps, pour détruire la mauvaise opinion que sa conduite envers Platon avait donnée de lui aux philosophes de la Grèce, il assembla plusieurs hommes des plus savants; et, en voulant se piquer, dans les conférences qu'il avait avec eux, de les surpasser par son savoir, il lui arrivait nécessairement d'appliquer fort mal à propos ce qu'il avait entendu dire à Platon. Se reprochant alors de n'avoir pas su profiter de sa présence, ni suivi assez longtemps les leçons admirables qu'il lui donnait, il désira de le revoir; et, comme un tyran est toujours effréné dans ses désirs, toujours porté avec violence vers les extrêmes, dans l'impatience qu'il avait de le faire revenir en Sicile, il mit tout en oeuvre pour y réussir. II obligea Archytas, philosophe pythagoricien, de lui écrire pour l'engager à partir, et de se rendre caution auprès du philosophe athénien qu'il tiendrait toutes les paroles qu'il lui avait données; c'était Platon qui avait procuré à Archytas la connaissance et l'hospitalité de Denys. Archytas envoya donc de sa part Archidémus à Platon; et Denys fit partir deux trirèmes avec plusieurs de ses amis, qui devaient prier instamment Platon de faire ce second voyage. II lui écrivit même de sa main pour lui déclarer sans détour que s'il ne se laissait pas persuader de revenir auprès de lui, Dion ne devait s'attendre à aucun traitement favorable; mais que, s'il revenait à Syracuse, il n'y avait rien qu'il ne fît pour Dion.

    XXI. Dion, de son côté, reçut plusieurs lettres de sa femme et de sa sœur qui le sollicitaient vivement de déterminer Platon à se rendre aux désirs du tyran, et de ne pas donner des prétextes à ses mauvais desseins. Ce fut ainsi que Platon, comme il le dit lui-même, aborda pour la troisième fois aux ports de Sicile, pour affronter encore cette horrible Charybde.
    Son arrivée combla de joie Denys et donna de grandes espérances à la Sicile, qui, aux vœux les plus ardents, joignait tous ses efforts, afin que Platon l'emportât sur Philistus, et que la philosophie triomphât de la tyrannie. Les femmes du palais lui firent un accueil distingué. Denys lui donna une marque singulière de confiance que personne n'avait encore reçue de lui: ce fut de le laisser approcher de sa personne sans le faire visiter. Aristippe de Cyrène, souvent témoin des présents considérables que Denys offrait à Platon et des refus constants de ce philosophe, disait que Denys ne risquait rien à se montrer généreux; qu'il donnait peu à ceux qui lui demandaient beaucoup, et qu'il donnait beaucoup à Platon, qui n'acceptait jamais rien. Après les premiers témoignages d'amitié, Platon ne tarda pas à lui parler de Dion; mais Denys renvoya d'abord à un autre moment ce sujet d'entretien. Bientôt ce furent des plaintes et des querelles qui n'éclataient pas au-dehors; car Denys les cachait avec soin, et prodiguait en public à Platon tous les honneurs, toutes les complaisances qu'il pouvait imaginer, afin de le détacher de l'amitié qu'il avait pour Dion. Dans les premiers jours, Platon ne lui parla point de sa perfidie et de ses mensonges; il sut les supporter et les dissimuler. Pendant qu'ils étaient dans cette disposition réciproque, qu'ils croyaient ignorée de tout le monde, Hélicon de Cyzique, un des amis de Platon, prédit une éclipse de soleil : elle arriva au jour précis qu'il avait marqué; et le tyran en fut si ravi , qu'il lui donna un talent. Aristippe, badinant à cette occasion avec les autres philosophes, dit qu'il avait aussi à prédire quelque chose d'extraordinaire. Les philosophes l'ayant pressé de dire ce que c'était: « Je vous annonce, leur dit-il, qu'avant peu Denys et Platon seront ennemis. »

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