"Il importe de préciser la portée et les limites de la notion de réseau d'innovation dont une littérature récente tend à généraliser l'utilisation. Il est d'usage de considérer que la tradition shumpeterienne a longtemps tendu à présenter l'innovateur (ou l'entrepreneur) comme un individu plus ou moins isolé ayant réussi à imposer de haute lutte, dans un environnement hostile, une idée, une méthode, une production ou une façon de produire nouvelle et efficace. Selon cette tradition, l'innovation serait le produit des efforts d'un entrepreneur et de son organisation lorsqu'il s'est montré capable de triompher d'un féroce processus darwinien de sélection. Face à cette vision, en relation avec les diverses évolutions techno-économiques contemporaines, partiellement inspirée par la théorie des coûts de transaction, tend à se construire une présentation de l'innovation comme favorisée par, ou découlant de procédures collectives, d'alliances, d'ententes, de partenariats, de collaborations, d'aides mutuelles et de s
ynergies globalement développées au sein de réseaux d'innovation. Ces réseaux d'innovation sont présentés comme des formes d'organisation reliant plus ou moins explicitement, sans les fusionner, plusieurs organisations hiérarchiques selon des règles et des modalités qui ne sont pas (pas seulement) les règles du marché et conduisant leurs constituants à obtenir des résultats positifs en termes d'innovation."