L'Agorales synthèses

L'Encyclopédie de L'Agora : une vision organique du monde


Caractère et personne

Caractère

La caractérologie, une science en plein essor au début du XXème siècle, semble être aujourd’hui en voie d’extinction. Ne serait-ce pas parce que le caractère des personnes a disparu ? Certains maîtres en cette discipline, dont Ludwig Klages, en avaient prédit l’extinction pour cette raison. Klages était aussi graphologue. L’écriture manuscrite était à ses yeux une manifestation du caractère. Le caractère de chacun, inscrit dans son écriture, a été remplacé par le caractère d’imprimerie, le manuscrit a ensuite été remplacé par le tapuscrit. Il y a de toute évidence un lien entre ces événements, lien qu’il faut rattacher à un phénomène plus général : le passage de l’objet artisanal unique à l’objet industriel en série. Voici une définition du caractère, de Gustave Thibon qui fonde cette hypothèse :

«Klages définit le caractère comme ‘’la particularité distinctive d'un être. ‘’Le terme est pris ici dans son sens le plus étendu. En précisant un peu cette définition nous pourrons désigner par le mot caractère la synthèse des qualités inséparables (sinon dans l'abstrait) et réciproquement solidaires qui, au-dessus de toute distinction d'ordre spatial ou numérique, confère à chaque créature une charge inaliénable d'irréductible originalité.»  

Le caractère

L a Personnalité n'est pas seulement une unité vitale mais, en outre, un Moi: elle est le Moi individuel; et la science qui s'en occupe est la caractérologie. — Ainsi, dès la délimitation de notre objet, sont placés devant nous deux éléments nettement séparés, sur lesquels nous nous appuierons plus tard pour développer avec méthode le système des mobiles. L'un est la base de lois générales suivant lesquelles des objets de la pensée, indépendants des personnes, proviennent de processus vitaux. A cette activité purement « régulatrice », la matière est fournie par le second élément créateur que, suivant un usage très ancien de la langue, nous appelons l'Ame; en suite de quoi le Moi personnel (= Soi individuel) ressemble à une combinaison chimique : celle de l'Esprit général avec une Ame toujours particulière.


Nous terminons nos réflexions sur la définition de la Personnalité en mentionnant un fait dont la force de persuasion est connue : le nom même de ce concept indique la dualité de ses éléments significatifs ! « Personne » est en latin « persona », qu'on a fait à tort dériver de « personare » = retentir à travers; c'était à l'origine le masque à travers lequel l'acteur antique déclamait, puis le rôle qu'il interprétait, et enfin le « caractère », la « personnalité ». Ainsi la désignation de la nature humaine s'est attachée au nom latin du masque tragique, qui ne vit que lorsque s'élève la voix de l'histrion! Passons sur l'indice utile que peut fournir à la métaphysique de la dualité en question cette dualité particulière, et contentons-nous de retenir que le sens primitif de « personne » comprenait en effet deux choses : un masque inanimé en lui-même, et une voix retentissant au travers et qui dans le drame primitif signifiait la voix d'un dieu.

[…]

Définition d'Alain
"Le caractère est littéralement une marque reçue du dehors. Naturellement l'empreinte dépend aussi de l'être qui la subit. Il est donc vrai de dire que le caractère enferme le tempérament et l'humeur; mais ce n'est pas tout dire. Un homme très vigoureux, très puissant, a souvent plus d'humeur que de caractère. Le caractère c'est l'humeur contrainte. Par exemple un horloger d'humeur impatiente prendra un caractère, par la lutte entre ses mouvements naturels et les actions de son métier. De même un militaire d'humeur inégale prendra du caractère. Le caractère est ainsi la marque du métier sur un tempérament et une humeur qui résistent au métier. Le caractère exprime donc bien la nature, mais par une lutte des circonstances contre la nature; et c'est surtout par la famille, le négoce, la fonction que les circonstances contrarient notre nature. Notre caractère doit donc beaucoup à la société; notre nature explosive, ainsi comprimée, est ce qui porte un caractère. Dans une vie sauvage, il y a plutôt de l'humeur. Un grand esprit comme Beethoven a seulement de l'humeur. En Gœthe, au contraire, le corps sait saluer; aussi la nature ne s'y montre que par ruses et voies détournées.

 

*

Caractérologie de Klages- Le système des mobiles

Mobiles: intellectuels, personnels, sensuels...

Caractérologie de René Le Senne

Pour Ludwig Klages, par exemple, le caractère, objet de la caractérologie, s'étend à la personnalité entière. Le Senne en a une conception restreinte: «au cours de cet ouvrage, caractère signifiera l’ensemble des dispositions congénitales qui forme le squelette mental d’un homme.»Les trois propriétés constitutives sont l’émotivité, l’activité et le retentissement (fonction primaire ou secondaire des représenta­tions) ; elles forment en se composant 2³ = 8 types, qui doivent recevoir chacun une formule et un nom, auxquels nous ajouterons une illustration. Les voici :

Nerveux: Émotifs-inactifs-primaires/ EnAP/ex. Byron

Sentimentaux: Émotifs-inactifs-secondaires/ EnAS/Amiel

Caractérologie de William Sheldon

Dans The Varieties of Temperament (New York : Harper ; 1942) le psychologue américain William Sheldon (1898-1977)  propose 3 composantes préfixées endo-, méso- et ecto-, en allusion aux trois feuillets embryonnaires : l’endoderme qui mène aux organes digestifs, le mésoderme qui donne le système locomoteur et l’ectoderme qui forme le système nerveux.
« Le tempérament est le niveau de personnalité qui se situe juste au dessus de la fonction physiologique et au-dessous des attitudes et opinions acquises... La caractérologie est la science du comportement » pp. 4-5
Sheldon a consacré sa carrière à étudier les constitutions physiques et les traits de caractère de milliers d’étudiants et diplômés dans les collèges et universités états-uniens. Il attribuait à chacun une cote de 1 à 7 sur une échelle des trois axes de l’endotonie, de la mésotonie et de l’ectotonie.

 

Le raseur

L’un des caractères de Théophraste

Le comportement du raseur, pour le saisir en une définition, est celui qui provoque un désagrément sans réel dommage, et le raseur est du genre à réveiller celui qui vient juste de s'endormir, en entrant pour lui faire la causette. Des gens sont-ils sur le point de s'embarquer, il les retient, et < ... > * abordant quelqu'un, il lui demande d'attendre jusqu'à ce qu'il ait fait sa promenade

L'égoïste

Jean de La Bruyère

Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard* comme s’ils n’étaient point. Non content de remplir à une table la première place, il occupe lui seul celle de deux autres; il oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie; il se rend maître du plat, et fait son propre de chaque service; il ne s’attache à aucun des mets qu’il n’ait achevé d’essayer de tous; il voudrait pouvoir les savourer tous, tout à la fois.

Personne

« Personne » est en latin « persona », qu'on a fait à tort dériver de « personare » = retentir à travers; c'était à l'origine le masque à travers lequel l'acteur antique déclamait, puis le rôle qu'il interprétait, et enfin le « caractère », la « personnalité »

L'égoïste

Jean de La Bruyère

Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard* comme s’ils n’étaient point. Non content de remplir à une table la première place, il occupe lui seul celle de deux autres; il oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie; il se rend maître du plat, et fait son propre de chaque service; il ne s’attache à aucun des mets qu’il n’ait achevé d’essayer de tous; il voudrait pouvoir les savourer tous, tout à la fois.

Personne

La définition de Max Scheler résume assez bien les diverses définitions du mot au cours de l'histoire. L'idée de personne, conformément à ce que l'étymologie nous apprend, enferme l'idée d'une manifestation, d'un faire paraître. La personne c'est déjà la personnalité. Ce qui se manifeste dans la personne c'est la raison ou l'esprit. Le lieu de cette manifestation n'est pas un simple individu, mais un centre d'actes. Les actes font partie de la manifestation. La personne en droit romain c'est le citoyen qui jouit de la totalité des droits et est pleinement responsable de ses actes.

La personne

La définition de Max Scheler résume assez bien les diverses définitions du mot au cours de l'histoire. L'idée de personne, conformément à ce que l'étymologie nous apprend, enferme l'idée d'une manifestation, d'un faire paraître. La personne c'est déjà la personnalité. Ce qui se manifeste dans la personne c'est la raison ou l'esprit. Le lieu de cette manifestation n'est pas un simple individu, mais un centre d'actes. Les actes font partie de la manifestation. La personne en droit romain c'est le citoyen qui jouit de la totalité des droits et est pleinement responsable de ses actes.

[…]

Simone Weil: "Le vocabulaire du courant de pensée dit personnaliste est erroné. La personne n'est pas ce qui, en nous, a droit au respect. Ce qui est sacré, bien loin que ce soit la personne, c'est ce qui, dans un être humain, est impersonnel... La vérité, la beauté habitent le domaine des choses impersonnelles et anonymes. La perfection est impersonnelle. La personne en nous, c'est la porte de l'erreur et du péché." (Écrits de Londres). - Ce qui confirme ma répulsion presque viscérale devant toutes les déclamations sur «l'éminente dignité de la personne humaine». Reste la question suivante : si ce qui rend un être sacré, c'est sa participation à ces réalités impersonnelles que sont la vérité, la beauté, l'amour, etc., pourquoi cette participation est-elle accordée à certaines personneset refusée à d'autres? On débouche ainsi sur un personnalisme au second degré: le caractère sacré de la personne humaine tient à sa faculté de s'effacer devant l'impersonnel et, en fonction même de cette transparence, de conférer à l'impersonnel la saveur et le magnétisme qui émanent d'un être unique entre tous. »

Simone Weil commentée par G.Thibon, dans Le voile et masque.

 

La personne exposée

 

La personne exposée…aux lasers des médias

« Si nous semblons de nos jours lamentablement malheureux, tous tant que nous sommes, c’est que les éléments humains grégaires de notre Je suis moi ont chassé de celui-ci les éléments sub-humains et super-humains ». « Ces éléments grégaires, ajoute Powys, sont en passe d’exterminer à petit feu toute forme de bonheur calme et extatique, le seul qui soit réellement digne d’organismes comme les nôtres, avec derrière eux cette longue histoire et devant eux ces amples espérances. […] Une certaine jouissance concentrée des sens et de toutes ces subtiles harmoniques et connotations qui les auréolent – c’est sur ce terrain, mouvant et cependant éternel, que je me place pour défendre mes théories. Je plaide la cause d’un culte de la vie basé sur la contemplation statique, en réaction contre la fièvre d’activité de notre temps ».

Powys a écrit ces lignes en 1930, au moment où l’instinct grégaire était à son sommet, en Allemagne et en Russie. Dans les deux cas, dans le premier surtout, les médias jouaient un rôle crucial comme moyen de rassembler les gens. Le lien entre la rupture du double enracinement (dans la terre et dans le ciel) et l’importance prise par les médias au cours du présent siècle est évident. Seul subsistait dans l’homme la zone intermédiaire entre la réalité sensible et la réalité spirituelle. Tout s’est passé comme si l’homme avait déployé horizontalement ses anciennes racines verticales vers ce qui allait le relier à la masse de ses semblables : les médias, l’écran de télévision. Alors que ses racines dans la terre le mettaient en contact avec des modèles de vitalité, et ses racines dans le ciel en contact avec des modèles de sagesse, les mass médias, tout en lui proposant des vedettes fabriquées, à la place de modèles, allaient pour l’essentiel lui renvoyer une image de lui-même, celui d’un être unidimensionnel.

Un homme en quête d'identité

Dans cette conférence, prononcée devant une assemblée de psychologues, Gaétan Daoust nous rappelle qu'il n'est pas de connaissance de soi indépendante de la vision que l'on a eue de Dieu et du monde dans la culture à laquelle on appartient. La connaissance de la pensée grecque et des origines du christianisme apparaît ainsi comme une condition de la connaissance de soi pour un occidental de l'an 2000.

Une crise profonde d'identité secoue présentement, nous dit-on, l'homme et la femme d'Occident. Mais chacun sait aussi qu'ils n'ont pas attendu de s'allonger sur le divan du psychanalyste pour s'interroger sur l'étrangeté de leur être et de leur destin. Même aux heures les plus lumineuses de son histoire, l'être humain n'a jamais cessé de se demander: qui suis-je? qui me dira jamais qui je suis? Car c'est là la question primordiale, qui le travaille depuis les origines l'aventure humaine, inspirant ses audaces les plus folles et ses oeuvres les plus variées, ses défaillances aussi, et ses désespoirs. Personne n'a jamais échappé à la sollicitation de ce grand questionnement. «Qui suis-je?», se demande déjà, dans l'ancienne Éphèse, Héraclite, en sa vision stupéfiante de cet homme livré à la force invincible de la guerre où s'affrontent toutes choses, ou plongé dans le fleuve inexorable du devenir. «Qui suis-je?», interroge aussi le simple paysan grec, à qui la sagesse populaire avait appris pourtant que la vie de l'homme est semblable à l'ombre imprécise et fugace que projette sur le mur de sa chaumière une fumée inconsistante; ou le moine bouddhiste, qui sait pourtant, de temps immémoriaux, que l'homme est une boule évanescente d'écume à la surface du Gange. «Qui me dira qui je suis?», demande encore l'adolescent de nos rencontres quotidiennes, souvent hanté par une angoisse sans visage et à qui l'on a appris peut-être que ses aînés lui auront laissé en héritage un monde culturellement et physiquement délabré. «Qui suis-je?», se demande aussi le collègue qui participera au colloque qui s'ouvre ce soir, bien qu'il sache sur l'homme tant de choses déjà. Je voudrais vous soumettre, ce soir, non pas un essai de réponse à cette question, mais quelques considérations sur son histoire et, peut-être, sur une manière actuelle de la poser.

L' ancestrale et exigeante question : «qui suis-je?» se pose d'une manière bien différente à l'homme occidental et au moine bouddhiste. Non seulement surgit-elle à la conscience de l'un et de l'autre dans des langues différentes, mais elle y débouche, cette question, au terme de cheminements millénaires, au cours desquels elle s'est chargée des trophées glorieux ou encombrants de la religion, de l'éthique, de l'esthétique, de la philosophie, de la théologie ou de la science. Par la réflexion et l'effort, par la lucidité et le courage, mais de nulle autre manière, l'homme peut secouer certaines de ces dépouilles, mais c'est en vain et à son grand dam qu'il prétend les ignorer, pour se retrouver lui-même, originel et sans masque. Il est interdit à l'homme de se voir nu. La question la plus irréductible, la plus simple, lui arrive déjà toute maquillée. Il n'est pas de nature sans culture, enseignent les anthropologues et, à la veille de manipuler notre patrimoine génétique, les biologistes savent fort bien que tout, chez les êtres vivants, et «jusqu'à leurs expériences les plus individuelles et les plus concrètes, vient de l'expérience innombrable accumulée par l'ascendance entière de l'espèce au cours de l'évolution 1». Si unique que soit chaque individu, il n'en est pas moins affecté, jusque dans ses fibres les plus intimes et les plus secrètes de ses pensées, par un passé collectif. La question «qui suis-je?», qui est le moteur principal de la recherche et de l'intervention psychologiques, est inséparable de cette autre question: «qui avons-nous été?», qui laisse en panne toutes les psychologies. Le présent individuel ne se comprend qu'en raison du passé collectif, de même que, sans la lumière du passé, l'avenir tout entier nous demeure opaque et imprévisible.

Synthèses

L'Encyclopédie de l’Agora n’est pas une somme des connaissances établie par une myriade de spécialistes sans grandes affinités entre eux. Elle est une œuvre, celle d’un auteur principal entouré d’amis ayant des affinités intellectuelles avec lui et ébauchant séparément leur propre synthèse. [En savoir davantage]


Appartenance

Plus nous avançons sur le chemin de la paix intérieure et de l'intégrité, plus le sens de l'appartenance croît et s'approfondit. Ce n'est pas seulement l'appartenance [...] à une communauté qui est en cause, mais aussi l'appartenance à l'univers, à la terre, à l'eau, à tout ce qui vit, à toute l'humanité. 

Univers

À l’heure où les astrophysiciens décrivent la farandole des galaxies et la valse des étoiles, la conception dominante de l’univers se réduit au mot Big Bang, évoquant une explosion, comme celle d'Hiroshima. La tradition, et une certaine science depuis peu, nous invitent à lui préférer, métaphore pour métaphore, celle de l'éclosion, associée à celle de l'oeuf cosmique. S'il est incontestable qu'il y eut violence à l'origine, faut-il en conclure que cette violence doit être absurde comme dans une explosion, faut-il exclure qu'il puisse s'agir d'une violence ayant un sens, comme celle de l'éclosion?

Vie

«Seule la vie peut donner la vie. L’intelligence peut façonner, mais étant morte, elle ne peut donner une âme. De la vie seulement peut jaillir le vivant.» Goethe, Zahme Xenien

Mort

«Est dit éternel ce qui par soi ne peut changer ni vieillir ni périr. Une sublime amitié est éternelle en ce sens qu'elle ne peut être atteinte qu'obliquement et par des événements qui lui sont tout à fait étrangers. L'amour prétend être éternel. Les pensées les plus assurées, comme d'arithmétique et de géométrie, sont éternelles aussi. La durée, au contraire, est essentielle à tout ce qui change et vieillit par soi. L'idée de rassembler tout l'éternel en Dieu est raisonnable, quoique sans preuve à la rigueur, comme au reste tout éternel, amitié, amour, arithmétique.» (Alain, Les dieux et les arts)

Dieu

«On va à Dieu par des commencements sans fin», écrit un Père de L’Église. Cette page est notre premier commencement… Une parfaite définition de Dieu par le plus grand des théologiens serait moins à sa place ici que nos balbutiements. Étant les auteurs d’une oeuvre qui comporte déjà mille allusions à Dieu, c’est à nous, cohérence oblige, qu’il appartient d’évoquer le foyer vers lequel convergent ces allusions.

Homme

L’humanisme est une vision du monde où tout gravite autour de l’homme comme tout gravitait autour de Dieu dans la vision antérieure en Occident. Ainsi défini, l’humanisme est le produit d’une révolution copernicienne inversée: l’homme, auparavant satellite de Dieu, devient l’astre central.

Plantes et animaux

La plante est immobile et choyée. Sa nourriture lui est donnée. Il lui suffit pour l’accueillir de laisser croître ses racines dans la terre et dans le ciel. L’animal doit chercher sa nourriture, et pour cela, il est libre dans ses déplacements. Sans doute est-ce la raison pour laquelle on l’a associé étroitement à l’homme, mais ainsi amputé de sa dimension plante, ce dernier n’allait-il pas s’éloigner de ce qui deviendrait un jour un idéal pour les jeunes et pour les vieux une nécessité i : contempler et à cette fin rester immobile.

Amour

Tout dans l’univers, et l’univers lui-même, tend vers le froid uniforme, et un désordre qui n’est rien d’autre que la rupture des liens unissant  les éléments constitutifs du vaste ensemble. Dans ce monde qui se défait, les êtres vivants sont des points d’ordre qui contredisent la loi générale. En eux l’énergie, qui se dégrade tout autour, se concentre pour former tantôt une plante qui grimpe, tantôt un animal qui vole, tantôt un animal qui pense... qui aime, qui aime ô merveille! au-delà de ce que l’espèce exige de lui pour assurer sa propre reproduction.

Vérité

Qu’est-ce que la vérité ? Pourquoi nous donnons-nous tant de mal pour la trouver, la défendre et la répandre ? Tentons d’abord de répondre par le recours le plus simple et le plus spontané à la raison. La vérité c’est la vie, ce qui assure sa persistance et sa croissance : distinguer la plante toxique de la plante nourricière, la vraie beauté, celle qui élève par opposition à celle qui dégrade. La preuve est dans le résultat, dans le degré d’accomplissement des êtres en cause. 



Liberté

En bas de cette échelle, l’élan impétueux de l’animal sauvage bondissant hors de sa cage-piège; en haut un sage ébloui par ses principes, un mystique ravi par son Dieu. Impulsion dans le premier cas, contemplation dans le second. Point de choix en ces extrêmes. «Les instincts des animaux survivent dans l’homme à l’état d’ébauche.» (K.Lorenz). À leur place, un grand vide angoissant. Ce vide est le lieu de naissance de la liberté.

Bien

Le mal dont le bien doit triompher en nous pour nous rendre meilleur n’est pas une simple carie dentaire qu’on peut obturer en quelques secondes, mais une infection centrale résistant aux antibiotiques. La vie de celui qui désire vraiment en guérir ressemblera à un chenin de croix ou à la marche d’un Bouddha à recherche de la voie du milieu.

Beauté

« C'est à coups de tonnerre et de feux d'artifice célestes qu'il faut parler aux sens flasques et endormis. Mais la voix de la beauté parle bas: elle ne s'insinue que dans les âmes les plus éveillées. Doucement mon bouclier a vibré et a ri aujourd'hui : c'était le frisson et le rire sacré de la beauté! » Nietzsche

Société

«Si les citoyens pratiquaient entre eux l'amitié, ils n'auraient nullement besoin de la justice; mais, même en les supposant justes, ils auraient encore besoin de l'amitié.» ARISTOTE, Éthique à Nicomaque

Désengagement

Proche du scepticisme sur le plan intellectuel, la neutralité est aussi proche de l'indifférence sur le plan affectif et de l'indifférentiation sur le plan physiologique. 

Politique

D’abord la justice et bien commun! Il sera souvent question de la démocratie dans cette synthèse. Trop peut-être, car en ce moment, dans les démocraties occidentales du moins, dont certaines sont en voie de désintégration, on a recours au concept de démocratie lui-même comme critère pour juger de la situation concrète dans les démocraties en cause. Funeste tautologie contre laquelle Aristote nous avait mis en garde.

Justice - droit et droits

C'est dans l'indignation devant l'injustice qu'il faut d'abord chercher la voie de la justice. Il faut toutefois au préalable pouvoir distinguer le sentiment authentique et universel d'injustice de l'insatisfaction personnelle qui est à l'origine des revendications.

Technique

Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?

Nourriture et culture

Sapere : goûter et savoir. Associer ces deux expériences pour mieux comprendre l’une et l’autre et s’habituer ainsi à distinguer la vraie culture, nourricière, de la fausse, réduite au divertissement. Deux sujets vastes.

Éducation

La perspective historique la plus longue possible est la voie royale pour préciser le diagnostic et trouver les meilleurs remèdes au mal qui frappe l’éducation.



Caractère et personne

La caractérologie, une science en plein essor au début du XXème siècle, semble être aujourd’hui en voie d’extinction. Ne serait-ce pas parce que le caractère des personnes a disparu ? Certains maîtres en cette discipline, dont Ludwig Klages, en avaient prédit l’extinction pour cette raison.

Ordinateur

Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]

Sport

Plus un sport est naturel, plus il y a de chances qu'on puisse le pratiquer longtemps, parce qu'on en aura toujours le goût et les moyens. Quel que soit le sport choisi, il ne restera durable que si on le pratique avec mesure, dans le respect de l'ensemble de l'organisme et de chacun des organes et des muscles sollicités, avec en outre le souci de rendre toujours plus harmonieux les rapports de l'âme et du corps.

Art

«C'est par le truchement de l'expression artistique que les valeurs les plus hautes acquièrent une signification éternelle et une force capables d'émouvoir l'humanité. L'art possède la faculté illimitée de transformer l'âme humaine — faculté que les Grecs appelaient psychagogia. Seul, en effet, il dispose des deux éléments essentiels à l'influence éducative: une signification universelle et un appel immédiat. Parce qu'il combine ces deux moyens susceptibles de faire autorité sur l'esprit, il surpasse à la fois la réflexion philosophique et la vie réelle.» Werner Jaeger, Paideia: la formation de l'homme grec

Science

Faire acte de science c’est échapper à la contrainte sous toute ses formes : préjugés personnels, conformisme, tradition, pression sociale, financière, opinion majoritaire, y compris celle des pairs. Serait-ce la raison pour laquelle la science a fleuri dans la Grèce antique puis dans l’Europe moderne. Et n’est-ce pas en raison de  l’oubli de cette règle qu’elle tombée en disgrâce dans la Russie stalinienne et les États-Unis de Donald Trump ?

Philosophie

L'attente active, celle qui consiste à soumettre à la critique les réponses imparfaites, Socrate l'appelait philosophie, mot qui signifie amour (philein ) de la sagesse (sophia). Cet amour s’accomplit à deux conditions : la rigueur dans la pensée et le souci de la purification dans la vie personnelle. 

Technique

Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?

Ordinateur

Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]

Christianisme

Selon Marguerite Yourcenar, Marc Aurèle,le sage Marc-Aurèle, le divin Marc, est le Romain de l’antiquité dont il subsiste le plus de sculptures. Preuve qu’il a été le plus  admiré, aimé. S’il est vrai que la qualité d’un amour se mesure à la beauté, à la variété et au nombre des œuvres d’art qu’il a inspirées, le christianisme est une prodigieuse histoire d’amour.

Notre catholicisme

Ce catholicisme qui nous a faits ! Plusieurs sont d’avis qu'il nous a défaits à la fois politiquement et psychologiquement. Depuis 1960, ils ont eu toutes les tribunes dont ils pouvaient rêver pour exposer leurs regrets et leurs doléances. Dans cette synthèse, nous voulons donner la parole à ceux qui, sans avoir renoncé à leur esprit critique, veulent bien reconnaître que le catholicisme nous a aussi faits… un peu, a contribué à notre épanouissement et à notre accomplissement, en tant que peuple comme en tant qu’individus. Même si elle ne devait être qu’un dernier adieu reconnaissant, cette synthèse est nécessaire [...]

Québec

Le Québec est un microcosme. Se trouve-t-il un seul groupe humain sur la planète auquel il ne ressemble pas par quelque côté?
On y parle les deux langues qui ont le plus contribué à faire le monde tel qu'il est aujourd'hui: le français et l'anglais. La société de ce Québec était traditionnelle, médiévale même, il y a à peine cinquante ans; elle devance aujourd'hui la Californie dans certaines expérimentations.