Tourbière

Les tourbières se forment lorsque le sol est constamment engorgé d'eau, sous un climat frais et humide. Elles se caractérisent par leurs formations végétales où dominent des végétaux hydrophiles (mousses, sphaignes, hypnacces, carex, roseaux, joncs...) dont la croissance engendre une accumulation importante de matière végétale non décomposée, la tourbe.

On distingue les tourbières acides à sphaignes au pH souvent de l'ordre de 3,5 rencontrées essentiellement sous les climats pluvieux, des tourbières alcalines à carex au pH supérieur à 6 localisées en fonds de vallées. De nombreuses catégories sont établies par les spécialistes: tourbières ombrogènes, topogènes, bombées, réticulées...
Ce sont des milieux fragiles dont l'édification se réalise sur une période de 2000 à 5000 ans.

source: Entre terre et eau. Agir pour les zones humides. Dossier d'information (Ministère de l'Écologie et du Développement durable)

Enjeux

Le Bas-Saint-Laurent compterait de moins en moins de tourbières naturelles non perturbées

«Les tourbières ne mériteraient pas l'étiquette de dures à cuire qu'on leur a longtemps accolée. En effet, sous des dehors rudes, austères et inhospitaliers, ces écosystèmes cacheraient une grande vulnérabilité face aux activités humaines. Voilà, sous forme quelque peu romancée, la conclusion qui se dégage des travaux que mène Daniel Lachance, avec Claude Lavoie et André Desrochers, dans les tourbières du Bas-Saint-Laurent. L'étudiant-chercheur a livré les principaux résultats obtenus jusqu'à présent dans le cadre de ses travaux de doctorat, lors du Colloque étudiant du Centre de recherche en aménagement et développement qui avait lieu le 31 janvier sur le campus.

Une étude antérieure, réalisée par Stéphanie Pellerin, avait démontré que près de 60 % de la superficie de 18 tourbières, situées entre Rivière-du-Loup et l'Isle-Verte, avaient subi le contrecoup des activités humaines. Daniel Lachance a voulu savoir dans quelle mesure ces activités ont eu un impact sur la biodiversité des tourbières. Pour y arriver, il a patiemment procédé à l'inventaire de la végétation de 16 tourbières naturelles - plus de 2 000 points d'échantillon abritant 160 espèces - et, à l'aide d'un système d'information géographique, il a évalué l'importance de facteurs physiques (ex.: profondeur de la nappe phréatique) et spatio-historiques (ex.: date du dernier feu) sur la répartition des espèces végétales.

"Les variables spatio-historiques expliquent à elles seules 22 % de la variation observée dans les patrons végétaux, contre 17 % pour les variables abiotiques", souligne Daniel Lachance. Selon ses analyses, les plus importantes variables spatio-temporelles sont l'intensité des perturbations, les pertes de superficie encourues par le passé et la date du dernier feu. Du côté des variables physiques, la profondeur de la nappe phréatique, l'ouverture du milieu et l'épaisseur du dépôt tourbeux avaient le plus fort impact sur la répartition des plantes.

"Nos résultats montrent que les tourbières ne sont pas des écosystèmes aussi résistants qu'on le pensait, observe Daniel Lachance. Il est donc important de considérer l'influence présente et passée de l'homme sur le paysage englobant ces milieux humides avant de prendre des décisions concernant leur conservation ou leur gestion." À la lumière de son étude, l'étudiant-chercheur estime qu'il reste deux sites représentatifs des tourbières naturelles non perturbées dans le Bas-Saint-Laurent, la tourbière de Bois-des-bel à Cacouna et celle de Saint-Arsène ouest. "Leur étendue et le fait qu'elles soient les moins affectées par les variables spatio-historiques leur confèrent une valeur intéressante pour la conservation."»
© Jean Hamann, Au fil des événements, Université Laval.

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