Saignée

On la définit couramment comme "l'écoulement provoqué d'une certaine quantité de sang" (Petit Robert).

Un dictionnaire du 19e siècle nous en propose la définition et la description suivante:

"évacuation du sang provoquée par l'art. On distingue la saignée artérielle (artériotomie) et la s. veineuse (phlébotomie), qui toutes deux se font avec une lancette, et la s. capillaire, qui se fait au moyen des sangsues ou des ventouses. On appelle aussi cette dernière s. locale, parce qu'elle dégorge spécialement la partie du système capillaire où on la pratique; de même qu'on donne le nom de s. générale à la phlébotomie, parce qu'elle dégorge, pour ainsi dire, immédiatement tout le système sanguin. La saignée veineuse est celle que l'on pratique le plus souvent: l'artériotomie ne peut guère être pratiquée que sur de petites branches qui présentent un point d'appui solide, telles que l'artère temporale.

Saignée veineuse. C'est le plus ordinairement au pli du bras ou au pied qu'on la pratique: au bras, on peut tirer le sang de la veine céphalique, de la basilique, des médianes céphalique ou basilique, ou de la cubitale antérieure; au pied, on ouvre la grande ou la petite saphène. Quelquefois on ouvre au cou la veine jugulaire externe; à la main, la céphalique ou la salvatelle; au front, la veine frontale.

Pour pratiquer une saignée au bras, on commence, au moyen d'une ligature, par comprimer le membre circulairement au-dessus de la veine que l'on veut ouvrir, afin que le sang la rende plus apparente en s'y accumulant. Le chirurgien, ayant reconnu la position de la veine, tend la peau bien régulièrement, et enfonce dans le vaisseau la pointe de l'instrument; puis, par un léger mouvement de bascule, il en relève le tranchant de manière à agrandir l'ouverture en le retirant. Le sang est reçu dans des vases d'une capacité déterminée, afin que l'on puisse juger de la quantité évacuée. On accélère l'écoulement en déterminant des contractions musculaires de l'avant-bras, par exemple en recommandant au malade de faire rouler entre ses doigts un corps quelconque. Lorsqu'on juge la saignée suffisante, on détache la ligature, on rapproche les lèvres de la plaie, et on applique une compresse et un bandage en 8 de chiffre. C'est ordinairement sur la médiane céphalique qu'on pratique la saignée du bras; mais, si l'on n'a pas l'habitude de saigner, il vaut mieux ouvrir celle des veines du dos de la main ou de l'avant-bras qui présenterait le plus de volume. -- Pour la saignée du pied, on ouvre le plus souvent la saphène interne, au devant de la malléole. Après avoir fait gonfler les vaisseaux au moyen d'un bain de pied bien chaud, le chirurgien fait une ligature à la jambe sur laquelle il veut opérer, puis il place le pied sur genou, et ouvre la veine. On replace ensuite le pied dans l'eau pour activer l'écoulement du sang; enfin, on applique le bandage dit étrier. -- La saignée, tout en paraissant une opération très facile, ne doit cependant être pratiquée que par des personnes exercées. La lancette peut piquer un des nerfs qui se rendent aux doigts et entraîner leur paralysie; d'autres fois elle atteint l'artère brachiale, accident très grave qui peut produire un anévrisme de cette artère, et quelquefois nécessiter l'amputation du bras.

Quelques auteurs, se fondant sur le grand nombre de faits qui prouvent la sympathie qui existe entre tous les organes situés d'un même côté de la ligne médiane, on recommandé de pratiquer la saignée du côté correspondant au siège du mal: c'est ce qu'on appelle saignées latérales. -- La saignée est dite révulsive lorsqu'on la pratique loin de la partie où le sang se porte en trop grande abondance, dans le but de détourner ce fluide, d'en changer le cours. -- On dit que l'on a fait une saignée blanche lorsqu'on a manqué la veine, qu'on ne l'a point ouverte.

On sait l'importance exclusive qu'attribuaient à la saignée certains systèmes médicaux: aujourd'hui les médecins, tout en reconnaissant les heureux effets qu'elle doit produire dans un grand nombre de cas (apoplexie, phlegmasies aiguës, pléthore, etc.), sont loin de la considérer comme le remède universel, et se mettent en garde contre les dangers que peut offrir l'abus d'un moyen si puissant."

source: M.-N. Bouillet, Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts..., Paris, Librairie de L. Hachette et Cie, 1857

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