Outil

Le premier outil, silex est une roche sédimentaire qui se présente sous la forme de nodules ou de plaquettes. Pour le découvrir, les préhistoriques apprirent à reconnaître les roches qui le contiennent. Au mieux, il leur suffit de le ramasser, mais il leur fallut parfois l'extraire des roches calcaires ou des argiles.
Source et suite

Enjeux

«L'outil dont avait parlé Illich dans La Convivialité était lié à une main qui le guidait. Main ou pied, ou plutôt tout le corps lui imposaient leur propres limites, contenaient son pouvoir. Bien plus tard, Illich verra dans l'adéquation de l'outil aux pouvoirs du corps une manifestation de la proportionnalité, et dans sa rupture, un symptôme de modernisation, voire d'occidentalisation du tiers monde et du développement(3). Ce que nous nommons encore "outil" - que ce soit un avion jet, Internet ou une installation de dialyse rénale - a rompu tout lien proportionnel avec les pouvoirs du corps et avec les sens. Or la liberté que pouvaient concéder l'outil ou la technique n'avait de sens que dans le cadre de cette proportionnalité. Ce n'est qu'à l'intérieur de ses limites que les outils pouvaient être serviteurs de fins personnelles. Au contraire, dans le système technicien, ce que nous appelons encore, à tort je crois, "outil" est porteur d'un triple impératif de désincarnation, de "perte des sens" et de démission des finalités personnelles de nos actes.
Le passage des outils conviviaux de soins de beauté aux technologies de chirurgie esthéthique illustre bien la thèse d'Illich. La pince à épiler, le peigne, les ciseaux, les fards sont des outils dont l'usage des fins personnelles limitées a toujours été possible. Personne n'avait à se ruiner pour se les procurer. On pouvait les fabriquer soi-même. On en avait la maîtrise parfaite. Par comparaison, la panoplie des outils dont disposent les experts en chirurgie esthétique correspond à une région complète du système technicien: ordinateur, logiciel de traitement des images, laser, pompes, instruments microscopiques, etc. La séduction exercée par ce système, surtout lorsque q'elle est renforcée par la télévision (technique de marketing), est irrésistible pour la plupart des personnes qui ne sont pas satisfaites de l'image projetée par leur corps. Au cours d'une seule année, 2003, 8,3 millions de personnes ont eu recours à la chirurgie esthétique. Une lip augmentation coûte entre 1500 et 2500 $ , une brest augmentation entre 5500 et 6500. L'intervention la moins coûteuse, l'injection de Botox coûte en moyenne 400 $ par site traité, mais il faut refaire le traitement tous les 4 mois. Cela veut dire que des millions de personnes se ruinent pour obtenir des satisfactions, qui les auront bientôt décues et dont elles ignorent les effets secondaires. Plusieurs de ces personnes seraient millionnaires aujourd'hui si elles avaient investi leur argent dans la compagnie Allergan, fabricant du Botox, plutôt dans leur apparence. Un Extreme Makeover coûte entre 50 000 $ et 150 000 $



her fees, visit Fees at The Loftus Plastic Surgery Center.



 Blue Peel$500-700
 Botox$200-400 per area
 Breast Augmentation$5500-6500
 Breast Lift$5000-6000
 Chin or Cheek Implants$3000-4500
 Collagen Injection$500-1500
 Deep Chemical Peel$3500-5000
 Dermabrasion$2000-4000
 Eyelid Tuck (upper & lower)$4000-5500
 Face Lift$7000-9000
 Forehead Lift (Brow Lift)$3500-5000
 Hair Removal (Laser)$300-800
 Laser (Erbium)$2500-4000
 Laser (CO2)$4000-5000
 Lip Augmentation$1500-2500
 Liposuction (1 area)$2500-4500
 Liposuction (3 areas)$5500-7000
 Liposuction (5 areas)$8000-10,000
 Medium Peel$1500-2500
 Micro Peel$60-100
 Nose Surgery$5000-6000
 Pectoral Implants$6000-7000
 Permanent Eyeliner$300-1000
 Permanent Lip Liner$300-1000
 Spider Vein Rx (Laser)$400-1000
 Spider Vein Rx (Sclero)$200-500
 Tattoo Removal (Laser)$300-800
 Tummy Tuck$6000-8000





Illich a vu pointer l'obscurité hébétante d'un pseudo-monde dans lequel la raison n'est plus proportionnée aux sens. Toutefois, plutôt que d'induire ses lecteurs au désespoir, il les invite à explorer l'espérance, "au nord du futur". La référence au poète Celan(4), dont il citait des passages entiers par coeur, indique que pour l'auteur de Libérer l'avenir, le futur est un mirage. Il n'y a pas de fatalité historique. Le prophète n'est pas celui qui prévoit ce qui sera mais celui qui voit ce qui est. Il dira encore qu'il ne permit jamais à l'ombre du futur de paralyser son esprit. Illich eut le courage de l'espérance au milieu d'un monde d'expectatives lugubres. Dans ce monde, "...les gens vivent leur vie comme un cauchemar: ils se sentent englués dans une horreur indicible sans parvenir à se réveiller devant la réalité"(5). Dans ce monde, l'"outil" n'est plus disponible, parce qu'une fois pris il ne peut plus être lâché: vous croyez le tenir, mais c'est lui qui vous tient. C'est en cela que consiste le cauchemar et l'engluement dans l'horreur.
Ellul pour sa part mit une date sur un changement unique dans l'histoire: 1950, à quelques années de moins ou de plus est l'époque en laquelle Turing, puis les conférences Macy, forts des acquis de la logistique guerrière, établirent les bases de la science de l'organisation, de la cybernétique et de l'informatique. C'est le moment aussi où la Technique subit une mutation unique et devint le système technicien(6).
Si la technique est devenue un système, que devient l'outil? Je suis tenté d'introduire ici le terme de pseudo-outil systémique, parce que je crois que ce que nous appelons encore techno-logie est devenu une simulation de ce qui, dans le Système, n'est plus: une relation proportionnelle, une adéquation mutuelle entre des moyens et des fins personnelles. De la disponibilité de l'outil classique, le pseudo-outil systémique n'a que le côté "peut être pris" qui devient rapidement "doit être pris". Si l'outil ne "peut être laissé", il n'offre qu'une pseudo-liberté. Theodore Kaszynski, lecteur avoué d'Ellul, l'a bien dit:
«Un progrès technique qui paraît d'abord ne pas menacer la liberté peut la menacer très gravement ensuite. Voyez par exemple les transports motorisés. (...) Au début, ils parurent augmenter la liberté personnelle. (...) Mais bientôt, ils transformèrent la société d'une manière qui réduisit considérablement la liberté de locomotion. Quand les véhicules dépassèrent un certain seuil numérique, il devint nécessaire de soumettre leur usage à des règles de plus en plus strictes. À partir d'une certaine densité, les mouvements des véhicules sont gouvernés par la logique des flux de trafic et par diverses lois ad hoc.»(7)

Articles


Dossiers connexes




Articles récents