Mafia


Notice d'un dictionnaire célèbre de la fin du 19e siècle

La Maffia. Redoutable association de malfaiteurs qui existe depuis longtemps en Sicile et qui s’est répandue un peu par toute l’Italie; des émigrants l’ont importée au Etats-Unis, où on l’a signalé en 1888, et où elle prospère. La Maffia tire, dit-on, son origine d’une bulle pontificale dans laquelle la curie romaine permet aux confesseurs de donner l’absolution aux coupables moyennant une certaine somme d’argent. (ce qu'on désigne comme les Taxes de la Pénitencerie apostolique…) Ces taxes datant du XIVe et du XVe siècle, la Maffia remonterait bien haut dans l’histore. Sous le gouvernement de Ferdinand II, la Maffia était aussi puissante en Sicile que la Camorra dans le royaume de Naples; la révolution de 1860 en purgea momentanément l’île, la plupart de ses adhérents ayant été pris et expulsés; quelques années plus tard, on les laissa rentrer et leurs exploits recommencèrent. Comme les camorristes, les associés de la Maffia se livrent surtout à des extorsions en capturant les riches particuliers, bourgeois ou négociants, qu’ils ne relâchent que moyennant une forte rançon. À diverses reprises, il a été constaté que des agents de l’autorité étaient de connivence avec eux, et c’est ce qui les rend si redoutables. Ainsi, des vols importants ayant été commis à Palerme, l’un des coupables fut pris et dénonça une partie de la bande à laquelle il appartenait : elle avait pour chef un agent de la sûreté, celui-là même qui avait été chargé d’arrêter Mazzini quand il vint en Sicile. À Monreale, on découvrit que le major de la garde nationale, un capitaine, le commandant de la milice à cheval, le chef des gardes forestiers et divers autres fonctionnaires étaient associés à la Maffia. Rien d’étonnant alors si, dans tant de localités italiennes, les carabiniers arrivaient toujours trop tard quand il s’agissait de capturer les voleurs ou les meurtriers. Diverses interpellations ont eu lieu à la Chambre des députés pour que le ministre portât remède à un état de choses si contraire à l’ordre public, mais la Maffia ne paraît pas s’en porter plus mal; elle a pour elle le clergé et les royalistes restés fidèles à la monarchie bourbonnienne.

source : Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique, etc. Tome dix-septième. Deuxième supplément. Paris, administration du grand dictionnaire universel, (1890), p. 1548.

Enjeux

Cerf, Juliette, "Mafias et mondialisation : à qui profite le crime ?", Télérama, no 3298, 30 mars 2013. "La mondialisation est une aubaine pour les mafias. Délaissant les gâchettes, des criminels en col blanc ont infiltré le monde de la finance. Enquête."

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